lundi, janvier 6

Le ministre wallon des Pouvoirs locaux, François Desquesnes (Engagés), vient d’annuler, via un arrêté, la décision du CA d’Elicio de vendre pour un dollar symbolique sa filiale kényane Bahari Wind Limited. Cette vente avait été réalisée secrètement par Elicio, en juillet 2022, sans avoir demandé le feu vert de sa maison-mère, l’intercommunale liégeoise Enodia.

Les éoliennes fantômes d’Elicio au Kenya continuent de provoquer des remous dans l’air belge. En septembre dernier, Le Vif révélait que la société ostendaise à capitaux publics, filiale de Nethys, avait perdu 9 millions d’euros, aux frais du contribuable liégeois, dans un mégaprojet de parc éolien sur le littoral kényan. Après dix années de développement, les Belges s’étaient discrètement retirés de ce pays d’Afrique de l’est.

En juillet 2022, Elicio a bradé pour un dollar symbolique l’ensemble de ses parts à son partenaire local, Kenwind Limited. Une manœuvre illégale puisqu’Elicio n’a pas demandé le feu vert préalable de sa maison-mère Enodia, contrairement à ce qu’exige l’article L1532-5 du Code de la démocratie locale et de la décentralisation, renforcé après la commission d’enquête Publifin du Parlement wallon.

Pour rappel, sur les mêmes bases juridiques, en octobre 2019, le gouvernement wallon avait déjà annulé les ventes secrètes de trois filiales de Nethys: Voo (à un fonds américain), Win et… Elicio (à François Fornieri et Stéphane Moreau). Ce scandale avait d’ailleurs provoqué la chute du sulfureux socialiste ansois. L’histoire se répète donc. L’équipe chargée de nettoyer les écuries d’Augias après les multiples secousses judiciaires et médiatiques a répété les mêmes travers.

A la suite des révélations du Vif, le ministre Desquesnes a ouvert une enquête confiée au SPW Intérieur et Action sociale. Questionnés dans ce cadre, les membres du conseil d’administration d’Enodia plaidaient la tolérance à l’égard de leur filiale, indiquant qu’il s’agissait là d’un «oubli» ou d’une «maladresse» tout au plus. Leurs demandes de clémence sont donc restées sans écho.

Les conclusions de l’enquête administrative présentées au ministre fin décembre viennent de pousser ce dernier à annuler, hier jeudi 2 janvier, la décision du CA de vendre. «Cette annulation met en lumière la nécessité de respecter les principes de transparence, d’éthique et de responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Elle rappelle que toutes les décisions ayant un impact sur les finances et les ressources publiques doivent être prises dans un cadre respectueux des normes de gouvernance, afin d’assurer la confiance du public et de veiller à ce que les actionnaires communaux restent les décideurs finaux. Enodia aura donc la possibilité d’examiner en toute connaissance de cause la légitimité ou non de cette vente», déclare François Desquesnes.

L’annulation de la décision de vendre ne signifie pas que le contrat de cession des parts est lui-même est annulé. «Cette question, qui concerne la validité du contrat en tant que telle, reste soumise à l’appréciation des cours et tribunaux compétents qui, le cas échéant, se
prononceront sur la validité juridique de l’acte de vente en question», précise encore le gouvernement wallon.

Partager.
Exit mobile version