Le ministre de la Défense Lloyd Austin, en soins intensifs, est remplacé par la secrétaire adjointe à la Défense Kathleen Hicks.
Le ministre américain de la Défense Lloyd Austin, dont plusieurs hospitalisations gardées secrètes ont suscité la controverse, a été admis dimanche en soins intensifs pour « un problème urgent de la vessie« , avant de déléguer ses fonctions à son adjointe, a annoncé le Pentagone.
Depuis dimanche 17H00 (22H00 GMT), la secrétaire adjointe à la Défense Kathleen Hicks assume les fonctions de chef du Pentagone, a déclaré dans un communiqué un porte-parole du ministère, Pat Ryder.
Quelques heures auparavant, le Pentagone avait cependant indiqué que M. Austin s’était « rendu à l’hôpital avec les systèmes de communications classifiées et non classifiées nécessaires » pour exercer ses fonctions.
Lloyd Austin, auquel un cancer de la prostate a été diagnostiqué et qui a été récemment opéré, a été à nouveau admis à l’hôpital militaire Walter Reed dans la banlieue de Washington pour « un problème urgent de la vessie », a annoncé Pat Ryder, ajoutant que le ministre recevait toujours un traitement et que la Maison Blanche et le Congrès avaient été informés.
Lors d’une conférence de presse le 1er février, le secrétaire à la Défense, 70 ans, s’était excusé d’avoir gardé le secret sur son cancer, une affaire qui a provoqué un tollé dans le pays.
Car en pleine année électorale et alors que les Etats-Unis, première puissance militaire mondiale, suivent de près deux conflits majeurs en Ukraine et dans la bande de Gaza, le septuagénaire a été opéré et deux fois hospitalisé en décembre et en janvier sans que le président Joe Biden n’en sache rien.
« C’était une erreur », avait reconnu le ministre lors de ce point de presse auquel il s’est présenté avec une démarche encore raide.
« J’aurais dû informer le président de mon diagnostic de cancer. J’aurais aussi dû le dire à mon équipe et à la population américaine et j’en assume l’entière responsabilité. Je présente mes excuses à mes collègues et à la population américaine », avait-il ajouté.
Le ministre avait cependant tenu à dire « très clairement qu’il n’y a pas eu de vacance du pouvoir et (qu’il n’y a eu) aucun risque pour le commandement et le contrôle du ministère ».
Il avait indiqué avoir « directement » présenté ses excuses à M. Biden et que ce dernier avait réagi « avec grâce ».
Stupéfaction et appels à la démission
L’affaire avait provoqué la stupéfaction jusque dans le camp démocrate et suscité des appels de républicains à la démission de Lloyd Austin.
Cette fois, son ministère a promptement communiqué sur sa nouvelle hospitalisation: les médias ont été prévenus à peu près deux heures après son départ à l’hôpital.
La controverse sur ses problèmes de santé est aussi survenue au moment où les forces américaines en Irak et en Syrie sont régulièrement visées par des attaques de combattants soutenus par l’Iran, selon Washington.
Le plus haut responsable de la défense américaine est également une figure clé dans les efforts de l’administration Biden de maintenir son soutien à l’Ukraine dans son conflit avec la Russie, alors que les républicains du Congrès refusent d’autoriser de nouveaux financements pour l’aide militaire à Kiev.
Plusieurs parlementaires républicains ont demandé son limogeage, mais M. Biden, tout en déplorant le manque de discernement du chef du Pentagone, a déclaré qu’il lui gardait sa confiance.
M. Austin a acquis la réputation d’un fonctionnaire largement apolitique, très à l’aise avec les troupes américaines. D’une stature imposante, il est d’une grande discrétion et évite les feux de la rampe, ce qui, selon lui, a joué un rôle dans sa décision de garder secret le diagnostic de son cancer.