jeudi, décembre 26

Le Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a validé le décret sur l’éducation affective et sexuelle.

Le projet de décret validant l’accord de coopération entre les gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la Région wallonne et la Commission communautaire française relatif à la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle a été approuvé en séance plénière du parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’unanimité, moins trois abstentions chez Les Engagés (René Collin, Pierre Kompany et Mathilde Vandorpe).

Depuis cette rentrée scolaire, tous les élèves de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 6e primaire et 4e secondaire recevront une animation relative à l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (Evras). Ils recevront une seule animation de deux heures. Cela concerne 85.000 élèves en Wallonie et 25.000 élèves à Bruxelles. Les entités francophones du pays ont convenu de mobiliser un budget annuel de 4,8 millions d’euros à cette fin.

Ce vote est le premier intervenu en plénière dans l’une des trois institutions concernées par cet accord de coopération. Le vote en plénière à la Cocof (Commission communautaire française) est attendu le 20 septembre et celui au parlement wallon le 28 septembre, a-t-on appris à bonne source.
L’accord de coopération a donc été adopté à la quasi-unanimité. René Collin a justifié son abstention par l’ »improvisation » constatée dans l’examen de ce texte. Lors du débat, les réticences se sont surtout exprimées sur le guide inclus en annexe, principalement chez Les Engagés (opposition). Le député André Antoine a personnellement exprimé son désaccord à son propos. Au nom du groupe, Marie-Martine Schyns a demandé des clarifications quant au contenu du guide et son statut, rappelant toutefois être en faveur de la généralisation de l’Evras. L’ex-ministre cdH Marie-Dominique Simonet l’avait elle-même introduit en 2012.
Au MR (majorité), Diana Nikolic a aussi parlé de « contenus inappropriés qui ont semé le trouble », tout en soutenant les principes du décret.
Le projet suscite en effet la controverse. Dans un communiqué diffusé mercredi, plusieurs fédérations islamiques ont exprimé leur opposition à ce décret. Une action par mail visant les députés a aussi été organisée par un groupe de citoyens. Ceux-ci ont aussi manifesté devant le parlement francophone avant l’ouverture de la séance plénière. Des appels à manifester avaient aussi été diffusés sur les réseaux sociaux.
Loin des slogans scandés dans la rue avant la plénière, le débat au sein de l’hémicycle a été mesuré.

« On peut toujours faire mieux en termes de communication. Mais ici, ce n’est pas notre texte qui a été mis en cause, mais une campagne de fake news« , a estimé la ministre de l’Éducation Caroline Désir (PS). « Nos intentions sont nobles. On ne va évidemment pas encourager une hypersexualisation chez les jeunes, on ne va pas susciter une orientation sexuelle ou une identité de genre, on ne va pas donner de cours de pratiques sexuelles », a-t-elle martelé, répétant ses propos tenus le matin même au micro de La Première.
« Les enfants et les adolescents ont bien souvent un smartphone entre les mains et sont confrontés à des contenus qui les dépassent. L’Evras vient précisément proposer un cadre adapté aux jeunes et au milieu scolaire afin de les rassurer et les protéger de situations potentiellement dangereuses. »
Plusieurs institutions, comme les centres de planning familial, le PMS ou le PSE organisent d’ores et déjà des animations. Un arrêté d’exécution est attendu d’ici la fin du mois entre les trois gouvernements pour définir un système de « labellisation » des intervenants.
Le guide, destiné exclusivement aux professionnels, a fait l’objet d’un travail de rédaction commencé dès 2018 et 380 jeunes ont eux-mêmes été intégrés au processus, a indiqué la ministre. Toute modification devra passer par un accord de coopération d’exécution pris par les trois gouvernements.
Le décret a été soutenu sans réserve par le PS et Ecolo. « Nous refusons que ce soit internet qui éduque nos enfants », a lancé la socialiste Delphine Chabbert. « Nous voulons des professionnels formés pour une éducation respectueuse et bienveillante. (…) C’est un mensonge de dire que l’on va montrer des films pornos en classe, enseigner la masturbation ou inciter à changer de sexe. »
L’écologiste Hélène Ryckmans a jugé que deux fois deux heures sur l’ensemble de la scolarité obligatoire était « trop peu ». « L’objectif est d’assurer que tous les enfants aient accès à l’animation » sans pour autant prendre la place des parents. » A ses yeux, le guide propose des réponses à des questions que les enfants peuvent se poser dès 5 ans, mais celui-ci est à usage des enseignants et des professionnels. « Nous resterons attentifs sur la mise en oeuvre concrète », a-t-elle averti.
Le PTB a aussi soutenu le texte. Jean-Pierre Kerckhofs a cependant jugé que « le gouvernement devait « mieux dialoguer et informer. » « Cela aurait permis de faire comprendre ce qu’est l’Evras et de montrer que l’Evras est positif. Le décret va dans le sens d’une meilleure égalité à l’information », a-t-il affirmé.

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