L’Aped liste les travers de la DPC du nouveau gouvernement de FWB et s’inquiète de ses retombées négatives sur le système scolaire belge francophone.
La Déclaration de politique communautaire (DPC) du nouveau gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), constitué par le MR et Les Engagés, est une «déclaration de guerre aux enseignants», fustige lundi l’Appel pour une école démocratique (Aped). L’organisation estime qu’elle constitue «une attaque frontale contre les enseignants, contre les enfants des classes populaires et contre l’idée même d’une École démocratique».
«Pas la moindre mesure pour s’attaquer aux inégalités sociales scolaires»
Pour l’Aped, «s’attaquer aux conditions de travail et à la sécurité d’emploi des professeurs est probablement ce que le gouvernement pouvait faire de mieux pour nuire à la qualité de l’enseignement». Les enseignants sont en effet déjà surchargés de tâches administratives inutiles et auront dès lors «encore moins le temps et l’occasion de se consacrer à leur travail essentiel».
En mars dernier, l’organisation avait dénoncé les systèmes scolaires belges, et francophone en particulier, sur base de la dernière enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves, NDLR). À ses yeux, ceux-ci sont «parmi les plus inégalitaires et ségrégués de l’Union européenne», avec d’importantes «ghettoïsation» et mise en concurrence des écoles qui ne contribuent pas à améliorer les résultats globaux des élèves mais qui favorisent la reproduction des inégalités.
La DPC présentée il y a quelques jours «réussit le tour de force de ne pas proposer la moindre mesure pour s’attaquer à la ségrégation et aux inégalités sociales scolaires», regrette l’Aped lundi. «Pire encore, les modestes dispositions existantes, comme la discrimination positive (encadrement différencié) et la gratuité des fournitures scolaires, sont remises en question.»
L’allongement du tronc commun, tel que prévu par le Pacte d’excellence, est, lui, «virtuellement enterré», constate l’Appel pour une école démocratique. Au lieu d’en améliorer les conditions de mise en œuvre, en réduisant les effectifs en début de scolarité et en organisant la mixité sociale dès la maternelle, «le nouveau gouvernement préfère abandonner l’idée même d’une démocratisation de notre enseignement», déplore-t-il.
Quant au projet de fusion des réseaux officiels, il aurait pu être une bonne idée, reconnait l’organisation, «si le gouvernement ne prévoyait pas, simultanément, d’octroyer davantage de moyens financiers et davantage d’autonomie au réseau libre». Cela va exacerber encore la concurrence entre ces deux grands réseaux et «renforcer les effets ségrégateurs du quasi-marché scolaire».
L’Aped appelle en conséquence les enseignants, les parents et leurs organisations représentatives à se mobiliser dès à présent contre cette annonce de politiques, considérées par l’organisation comme «réactionnaires et anti-sociales dans l’enseignement».