mercredi, décembre 31

Le réveillon de Nouvel An rimera avec affluence aux urgences. Aux malades et blessés du quotidien s’ajouteront les fêtards victimes des feux d’artifice ou des ravages de l’alcool. Une garde particulière pour les services sur le pont, qui s’apprêtent déjà à affronter une longue nuit.

Pas de vacances pour les urgences. La nuit de la Saint-Sylvestre apportera, comme chaque année, son lot de blessés et de malades dans les hôpitaux du pays. Parfois en plein milieu de la nuit, parfois le lendemain, une fois les plats et l’alcool (mal) digérés.

«Ce n’est pas forcément la nuit la plus chargée de l’année aux urgences, mais elle reste particulière. Il y a, comme chaque jour, une patientèle classique qui vient consulter, pour un enfant qui chauffe un peu fort, une grippe ou des blessures diverses. Mais à cela s’ajoutent évidemment certains traumas directement liés aux fêtes», détaille Olivier Clerens, infirmier en chef des urgences à la Clinique Saint-Pierre d’Ottignies.

Le début de nuit sera celui des blessures et des plaies, en s’entaillant par exemple avec le couteau à huître, «un classique», reconnaissent plusieurs professionnels interrogés. Les chutes aussi, notamment avec le verglas bien de saison. Puis un relatif calme devrait s’installer peu avant minuit, avant une seconde vague qui se prolongera probablement jusqu’au matin, plutôt pour des problèmes liés à l’alcool cette fois.

«C’est toujours difficile de prévoir. Le service des urgences reste celui de l’aléatoire, où il faut savoir jongler entre l’affluence et les petits moments de répit, lorsqu’il y en a. Les patients alcoolisés forment effectivement souvent la deuxième vague qui arrivent aux urgences. Avec les accidents liés à l’état d’ébriété mais aussi parfois des bagarres qui dégénèrent. Une année, nous avons vu une fête privée se terminer en coups de couteau…», raconte le docteur Marie Vanhove, médecin-chef de l’Hôpital de Braine-l’Alleud.

L’alcool, un problème à tout âge

Du côté de la route, la nuit de la Saint-Sylvestre reste l’une des pires de l’année. Avec de quatre à cinq décès enregistrés lors des derniers réveillons et au moins trois fois plus de blessés graves. Les blessures plus légères, plus nombreuses encore, peuvent également mener aux urgences. Et l’alcool est encore trop souvent en cause. «Ce qui est inquiétant, c’est parfois au niveau des jeunes. Certains n’ont pas facilement accès financièrement aux boissons au niveau des clubs et boîtes de nuit. Ils boivent alors avant, en allant au night shop, car c’est moins cher, et prennent ensuite le volant. Certains d’entre eux n’arriveront malheureusement jamais à la fête», explique Marie Vanhove.

«C’est une nuit où l’on rencontre un peu tous les publics et tous les âges pour des problèmes liés à l’alcool, dont des mineurs également. Ils ont 15, 16 ans, n’ont pas l’habitude de boire et terminent aux urgences. C’est plus fréquent dans certaines zones, cela va dépendre d’un hôpital à l’autre», complète l’infirmier en chef d’Ottignies.

Afin d’éviter certains problèmes lors de cette nuit particulière, des mesures ont d’ailleurs été prises à Bruxelles pour renforcer la sécurité et protéger la population lors de la Saint-Sylvestre. Un arrêté prévoit notamment l’interdiction de circuler en trottinettes électriques. Les opérateurs des trottinettes partagées doivent ainsi retirer leur flotte dans certaines zones déterminées par les services de police locale. Ce qui devrait limiter les chutes, liées à l’alcool ou non.

Feux d’artifice, l’interdiction bravée

Les départs de feux, volontaires, ont également amené à un renforcement de la vigilance dans la capitale. Les services concernés doivent notamment vider et évacuer les poubelles, afin d’éviter qu’elles ne soient utilisées pour y mettre le feu. Reste aussi la question des feux d’artifice, interdits en de nombreux endroits en Wallonie et à Bruxelles, mais qui illumineront malgré tout le ciel.

«Malgré les interdictions, les feux d’artifice font partie des accidents récurrents. Ils sont souvent très traumatisants, car un pétard qui explose à côté de quelqu’un laisse forcément des séquelles. Quand vous voyez une jeune qui perd deux doigts à cause d’un engin explosif, interdit à la vente chez nous, c’est juste dramatique. La petite plaie qu’on va suturer après une entaille au couteau à huître, ça n’empêche pas de faire la fête après. En revanche, un feu d’artifice qui explose mal, ça va forcément avoir d’autres répercussions», prévient la médecin-chef.

Des produits interdits

La Fondation des Brûlés, association qui vient en aide aux grands brûlés, milite depuis de nombreuses années pour l’interdiction totale de l’utilisation et de la vente de feux d’artifice. Selon ses chiffres, les feux d’artifice causent environ 140 blessures chaque année en Belgique durant les fêtes de fin d’année. Début 2025, la Fondation déplorait 122 victimes dans son bilan d’après-fêtes.

«Les mains, les doigts et le visage restent les parties du corps où les blessures sont le plus souvent diagnostiquées. Il y a eu une forte augmentation des blessures aux mains et aux doigts, ce qui montre que ces blessures deviennent plus graves en raison d’une mauvaise manipulation des feux d’artifice illégaux plus puissants, tels que le Cobra 6 et une combinaison de différents feux d’artifice», selon la Fondation.

Elle rappelle en outre que quatre victimes sur dix sont âgées de moins de 18 ans et proviennent souvent de zones urbaines. Autre fait marquant, 80% des feux d’artifice ont été achetés illégalement. Enfin, l’association déplore la tendance à utiliser des feux d’artifice contre la police, les pompiers et les services d’urgence, demandant que de tels actes soient sévèrement punis.

Quelques chips malgré tout

Les jours suivants le réveillon resteront probablement chargés pour les services d’urgence. L’épidémie de grippe est là et amène son lot de patients plus âgés, notamment. C’est d’ailleurs parfois le 1er janvier, lors des visites auprès des parents et grands-parents, qu’une famille peut s’apercevoir d’un problème.

Avant cela, les équipes d’urgence restent prêtes à intervenir, en espérant évidemment une nuit de la Saint-Sylvestre la moins chargée possible. Si la petite accalmie attendue se produit, certains espèrent bien pouvoir trinquer à la nouvelle année. «La soirée est parfois plus agréable que d’autres, car il y a quand même un esprit un peu plus festif. On avalera quelques chips et on essayera de profiter un peu de l’ambiance des fêtes malgré tout, en se retrouvant entre nous», envisage Olivier Clerens.

«C’est sûr qu’on espère quand même pouvoir passer un petit moment plus sympathique entre collègues. Manger quelques minutes ensemble, quelque part dans la nuit. S’il n’y a pas de drame évidemment. Mon seul conseil à tous ceux qui feront la fête ce soir: restez zen et soyez prudents», ponctue Marie Vanhove.

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