En Belgique, 4 mariages sur 10 finissent par un divorce. Mais quels sont donc les secrets des six autres ? Selon l’auteur américain Stephen Covey, auteur d’un récent ouvrage de développement personnel sur le sujet, ces secrets seraient au nombre de 7 et, appliqués au quotidien, garantiraient la longévité du couple. Du moins sur papier.
21.300 divorces par an. Soit 58 prononcés quotidiennement. Et encore, 2020 – dernières données les plus récentes disponibles sur Statbel – n’avait pas été la pire des années, niveau séparations (5,1% en moins par rapport à l’année précédente, merci le confinement). En Belgique, l’amour marital dure en moyenne 14,9 ans. Quatre mariage sur 10 échouent.
Des couples qui durent ? Quels couples qui durent ? Mais si, ils existent encore, assure Stephen Covey, auteur et conférencier américain. Dans son dernier ouvrage, il en révèle même les secrets : Les 7 habitudes des couples qui durent (Editions Mardaga). Un livre qui ne remportera jamais le prix Goncourt mais qui pourrait, malgré tout, donner quelques pistes à ceux qui rêvent que les histoires d’amour ne se finissent pas mal, en général.
« Quelle est la différence entre une personne réactive et une personne proactive ? », s’interroge Stephen Covey. « La personne réactive agit selon l’instant, selon les circonstances. Elle agit et laisse les éclats retomber là où ils pleuvent. Tandis que le proactif s’arrête, réfléchit et choisit sa réponse en fonction de ses valeurs ».
S’arrêter, réfléchir, choisir sa réponse : selon lui, les trois étapes primordiales pour instaurer cette première habitude, à savoir « être proactif » dans son couple. « Une bonne relation saine et stable ne nécessite pas deux personnes parfaites. Elle demande seulement une volonté d’opérer les ajustements nécessaires […] ». En se concentrant sur ce qu’il nomme « le cercle d’influence », soit ce que l’on peut modifier dans sa vie et qui n’échappe pas à notre influence directe.
Cela peut sembler pessimiste ou précipité. Mais, selon Stephen Covey, la deuxième habitude (« commencer en ayant la fin en tête ») permet simplement de maçonner les fondements d’une relation en lui donnant un objectif commun. « Comment pourriez-vous construire un puzzle sans savoir à quoi il ressemble ? », compare-t-il. « Il s’agit de développer une image claire de celui ou celle que vous êtes, de savoir quelles sont vos valeurs et où vous souhaitez aller en ce qui concerne les engagements de votre relation ».
En d’autres termes, il s’agit de construire un « objectif de relation ». Que veulent les partenaires d’un an, cinq ans, dix ans ? « Si vous ne savez pas ce qui est important pour vous, qui peut le savoir ? » Sous-entendu : certainement pas l’autre.
Concrètement, l’auteur propose de répondre ensemble à plusieurs questions, du genre « les 3 choses importantes pour moi, les mots qui décrivent comment je veux être considéré.e par mon partenaire, une chose que nous voudrions que les gens disent à propos de notre relation, etc. » Puis d’ensuite rédiger une phrase, sorte de mantra de couple. Qu’il propose même d’accrocher dans la chambre à coucher. Niveau déco, chacun appréciera.
« On dit que la première raison de rupture dans une relation aujourd’hui est le même problème qui provoque l’infidélité : les couples n’accordent pas la priorité à leur relation« , affirme Stephen Covey. Qui ne se base sur aucune étude sociologique (pas vraiment le style de son ouvrage), mais sur ses propres observations. « Les gens consacrent du temps à leur carrière, à leurs enfants, à leur secteur d’activités, à leurs loisirs, au sport, mais ils tiennent leur partenaire pour acquis. »
Mais pas de panique ! L’auteur américain apporte une solution pratique ; après tout, c’est pour cette raison que les lecteurs ont déboursé 16,90 euros. Il préconise d’établir un ordre de priorité en identifiant « les gros rochers (ce qui est le plus important) » et les « petits rochers (ce qui l’est le moins) ».
« Pour la plupart des couples, enchaîne-t-il, les deux « gros rochers » sont un moment en tête-à-tête et la construction de coutumes. » Il conseille dès lors des exercices très terre-à-terre, comme remplir une liste expliquant en quoi le moment passé ensemble était spécial et quelles sont les coutumes qui créent du lien dans la relation.
« Les mariages performants se déclinent en termes d’abondance, en relations où chacun peut gagner« , déclare Stephen Covey. « Lorsque vous commencez à penser gagnant-gagnat et cessez de penser gagnant-perdant, que supposez-vous qu’il arrive à votre relation ? Sa culture tout entière change. »
Première étape pour pratiquer cette quatrième habitude : ne plus se demander « qu’est-ce qui est le mieux pour moi », mais bien « qu’est-ce qui est le mieux pour nous ». Soit établir une « relation partenariat » car, « si un choix n’est pas une victoire pour la relation, ce n’est pas une victoire pour vous ».
Deuxième étape : « écouter, partager et parler avec l’autre », « ce qui prend du temps, exige de la patience et de la pratique ».
Résultat final escompté : qu’aucun des deux ne domine l’autre. Stephen Covey n’entre pas dans le détail de genre qui aurait sans doute été pertinent dans ce chapitre, puisque la domination (société patriarcale oblige) est très souvent masculine… Il propose, par contre, un petit exercice : écrire « ce qui est gagnant pour soi » et ce qui l’est pour l’autre. Puis tenter une synthèse. Pour ceux qui n’y auraient jamais pensé…
« Ecouter d’abord, parler ensuite » : voilà qui résume la cinquième habitude évoquée par Stephen Covey. Qui préconise d’éviter « les claquements de portes » mais de privilégier les « ouvertures ». Exemple concret : interrompre, parler de soi = claquement de porte ; rester silencieux, se « servir de ses oreilles, de ses yeux et de son coeur » = ouverture de porte.
Selon l’auteur, il existe trois choses à proscrire absolument dans les « moments de partage des sentiments », à savoir donner des conseils, parler de soi et critiquer. « Je vais vous révéler le plus grand secret qui favorise la communication entre partenaire », écrit-il. « C’est ce que l’on appelle « le bâton de parole ». La personne qui tient bâton prend la parole et personne n’intervient tant que l’autre n’a pas fini de parler. C’est alors au tour de celui ou celle qui a écouté de répéter ce qu’il a entendu dire. Lorsque l’orateur se sent complètement compris, il cède le bâton ». L’ouvrage ne précise pas s’il faut utiliser un bâton réel, ou si une vue de l’esprit suffit…
Il livre toutefois un petit exercice pratique quant à l’exercice de l’écoute empathique, à savoir remplir le scénario suivant avec une réponse empathique :
– Partenaire 1 : « Combien de fois dois-je te demander de vider la poubelle ? »
– Partenaire 2 : « Tu sembles être… au sujet de … »
(Indice : « chiante » et « putain d’ordures » ne constituent pas une réponse empathique, NLDR)
1+1=3. Oui, oui, Stephen Covey sait compter. Mais il compte en synergie, sixième habitude de son ouvrage. « C’est une manière de tabler sur les différences et la solidarité. C’est être ouvert d’esprit et coopérer pour produire davantage que vous ne pourriez le faire seul », détaille-t-il. Ce qui n’existe pas, dans un couple, si l’un des partenaires pense toujours avoir raison.
Aux yeux de l’Américain, deux règles sont primordiales pour que deux personnes forcément différentes parviennent à fonctionner ensemble : s’apprécier sincèrement (dans un couple, c’est mieux) et reconnaître les forces de l’autre (curieusement moins simples à détecter que ses faiblesses).
Il incite à se poser ces deux questions : « quelle est la force que votre partenaire apporte à votre union ? » et « quelle est la force que vous apportez vous-même à votre union ». « Puis découpez les réponses, affichez-les là où vous pouvez les voir chaque jour. Lisez-les, réfléchissez-y et gardez-les à l’esprit ».
Pour ainsi trouver une troisième option. Le fameux « 1+1=3 ».
« Avez-vous déjà été tellement occupé à conduire et progresser que vous hésitiez à vous arrêter pour prendre le temps de faire le plein d’essence ? » Oui ? Alors, dixit Stephen Covey, vous ne maîtrisez pas – encore ! – la septième et dernière habitude, à savoir « affûter son regard ». Car « tout ce qui n’est pas consciemment pris en main et renouvelé se décompose, se désordonne, se dégrade ».
« Affûter son regard », comme cette appellation ne l’indique pas, signifierait prendre soi de soi-même et, par conséquent, de sa relation. Ou encore : « renouveler le corps, l’esprit, le coeur et l’âme ». Via différentes suggestion concrètes : faire du sport ensemble, lire des livres à voix haute pour l’autre, voire « tenir un journal commun ». Tout ça pour mettre en place « des traditions qui nourrissent l’esprit de renouvellement du partenariat ». Tout un programme…