Entamée ce weekend, la mobilisation des agriculteurs continue ce lundi. Au volant de leurs tracteurs, ils bloquent la circulation à plusieurs endroits. La Fédération des Jeunes Agriculteurs (FJA) n’exlut pas un blocage total de la capitale dans les prochains jours.
Les agriculteurs ont pris la direction du ring de Bruxelles, ce qui entraîne de nombreux embarras de circulation, indique le centre flamand de gestion du trafic qui recommande dès lors aux automobilistes « d’éviter ce secteur ». « La manifestation s’étend et provoque désormais des perturbations sur l’A12 entre Londerzeel et Meise« , précise le centre. Les images montrent des dizaines de tracteurs circulant sur l’autoroute. La chaussée est également bloquée sur le ring extérieur près de Wemmel et un convoi a quitté Ternat en direction de ce même ring. Il y a également des perturbations sur le ring intérieur à hauteur de Zellik.
La Fédération des jeunes agriculteurs (FJA) a annoncé à nos confrères de la DH qu’un blocage total de Bruxelles pourrait intervenir « dans les jours qui viennent ». Tant que les agriculteurs n’auront pas obtenu gain de cause, la fédération est déterminée à intensifier le mouvement, et n’exclut pas de bloquer les centres de grande distribution. La FJA n’a pas encore annoncé de date pour le début du blocage total de la capitale, mais indique que « cela pourrait se faire mercredi ou jeudi, déjà ».
Le Premier ministre recevra les associations d’agriculteurs mardi
Les ministres wallons de l’Agriculture Willy Borsus (MR) et de l’Environnement, Céline Tellier (Ecolo), rencontreront les représentants des organisations agricoles, mardi. Après une rencontre entre Céline Tellier et la Fédération des jeunes agriculteurs lundi soir, M. Borsus et la ministre Tellier recevront mardi les représentants de la Fugea et de la Fédération wallonne de l’agriculture (FWA).
Une rencontre entre les représentants du monde agricole et le Premier ministre Alexander De Croo doit également avoir lieu mardi à 17h. Vendredi, une concertation plus large comprenant M. Borsus, son homologue flamand Jo Brouns et le ministre fédéral de l’agriculture David Clarinval est prévue. Ils recevront des représentants de « l’Agrofront élargi » (Boerenbond, ABS, FWA, Fugea et MIG). Dans l’intervalle, le ministre Borsus a dit plancher sur une simplification administrative pour les agriculteurs et le renforcement de ce qui est appelé la « concertation chaîne », soit le dialogue entre les différents intervenants de la chaîne alimentaire (producteurs, transformateurs, commerçants…). Au niveau européen, il s’est engagé à militer pour un assouplissement de certaines mesures environnementales jugées trop drastiques par les agriculteurs.
Emmanuel Macron va s’entretenir avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen jeudi à Bruxelles de la crise du monde agricole et des mesures de soutien que les agriculteurs demandent au niveau de l’UE, a annoncé l’Elysée. L’échange, qui aura lieu en marge d’un Sommet européen extraordinaire sur le budget de l’UE, portera notamment sur l’accord commercial en négociation entre l’UE et le Mercosur, les jachères imposées aux agriculteurs et l’arrivée de produits ukrainiens dans l’Union, a précisé la présidence française.
Le dialogue privilégié par la police
La ministre de l’Intérieur Annelies Verlinden (CD&V) a dit comprendre le mécontentement des agriculteurs, tout appelant à la prudence. La police mise avant tout sur la concertation, a-t-elle souligné. D’après la ministre de l’Intérieur, la police évite d’intervenir « manu militari » et privilégie le dialogue et la concertation avec les agriculteurs mécontents. Difficile de déplacer de force un tracteur ou de le contraindre à avancer, a admis Mme Verlinden. « C’est pour cette raison que nous misons le plus possible sur le dialogue et sur la conclusion de compromis. »
Les automobilistes peuvent se laisser surprendre par une rangée de véhicules agricoles roulant au ralenti sur l’autoroute, met en garde la ministre. Elle rappelle que la police et les services d’urgence doivent pouvoir passer sans encombre sur la chaussée, et invite à ne pas entraver l’approvisionnement des stations-service et des supermarchés. Pour Annelies Verlinden, les agriculteurs ont le droit de faire entendre leur voix, y compris dans des lieux symboliques. Elle appelle toutefois à le faire « dans le respect des uns et des autres » ainsi que des biens d’autrui.
Le point sur les perturbations sur les routes
Plusieurs dizaines d’agriculteurs ont occupé les grands axes routiers de la province du Luxembourg à proximité des frontières française et grand-ducale. Leur action se poursuivra en soirée, voire durant la nuit, ont fait savoir les manifestants. À Bouillon, plus d’une centaine de manifestants et quelque 80 tracteurs étaient encore déployés sur la N89 en fin de journée, à environ un kilomètre de la frontière française. Les manifestants y organisaient des barrages de 10 à 15 minutes dans les deux sens de circulation. Leur action a notamment donné lieu à l’interception de plusieurs camions transportant des produits alimentaires en provenance de l’étranger. « On demande les feuilles de route aux camions, et quand ils n’en ont pas, on ouvre les portes », explique un agriculteur originaire de Paliseul. « Cela nous a permis d’arrêter un camion qui transportait de la viande portugaise, que nous avons bloqué pendant deux heures et demie. Nous avons aussi intercepté un camion qui transportait des œufs ukrainiens vendus par une société française alors qu’ils n’étaient pas conformes aux normes européennes. Nous lui avons fait faire demi-tour pour qu’il reparte en Ukraine. » Présents sur place depuis dimanche soir, les manifestants envisagent la possibilité d’occuper les lieux une partie de la nuit de lundi à mardi. « On a l’autorisation jusqu’à minuit », poursuit l’agriculteur paliseulois.
À Arlon, environ 80 tracteurs ont occupé la E411 lundi avec un barrage filtrant installé à hauteur de Weyler, non loin de la frontière grand-ducale, dans les deux sens de circulation. Le barrage filtrant en direction de Luxembourg a été levé sur le coup de 15h30, informe Corentin Jacques, vice-président de la FJA (Fédération des Jeunes Agriculteurs). La levée du barrage filtrant en direction de Bruxelles est prévue pour 20h00.
Plus au nord, vers Namur, la E411 est rouverte dans les deux sens de circulation à hauteur de l’échangeur de Daussoulx, rapporte la police fédérale de la route. Le tronçon de la E42 est par contre toujours occupé par des tracteurs. La levée du blocage dépendra de la rencontre avec la ministre wallonne de l’Environnement et de la Ruralité, Céline Tellier, prévue à 18h30, a indiqué le président de la FJA, Florian Poncelet, à Belga.
Les embarras de circulation sur le ring intérieur et extérieur à hauteur de Hal perdurent. Les agriculteurs continuent leurs actions de blocage. Le Centre flamand d’information routière (Verkeerscentrum) conseille d’éviter la zone si possible.
Une dizaine de tracteurs sont venus lundi matin au niveau du Square De Meeûs, à proximité de la place du Luxembourg, confirme la zone de police Bruxelles-capitale/Ixelles. La mobilité n’a toutefois pas été perturbée, précise un porte-parole de la zone. La Stib assure de son côté que la présence des tracteurs n’a aucun impact sur le réseau des transports en commun.
Le port de Zeebrugge bientôt bloqué ?
Des agriculteurs de Flandre occidentale veulent bloquer les accès au port de Zeebrugge. « La coupe est pleine pour les jeunes agriculteurs », disent-ils lundi dans un communiqué. Concrètement, les agriculteurs ont choisi le port de Zeebrugge comme lieu de leur manifestation « parce que l’industrie est autorisée à émettre 40 fois plus que nous, agriculteurs ». Les agriculteurs indiquent qu’ils n’appellent pas au vandalisme ni à gêner les citoyens, mais qu’ils veulent juste envoyer un signal fort. Concrètement, ils fermeront les routes d’accès à Zeebrugge au trafic de marchandises à partir de 13h30. L’intention est de poursuivre l’action jusqu’à mercredi soir ou dans la nuit.
Des agriculteurs ont brièvement bloqué lundi soir, pendant 50 minutes, le carrefour très fréquenté du R4 et de la Zeeschipstraat à Wondelgem, dans la commune de Gand, indique le centre flamand du trafic. Le passage y est resté possible, mais seulement sur une voie.