Un chercheur de la VUB a analysé en détail l’effet des mesures anti-immigration. Bilan: elles sont inefficaces et créent de grandes tensions.
Les campagnes européennes de dissuasion migratoire et les pressions exercées sur les pays pour coopérer aux expulsions de migrants en situation illégale sont inefficaces, rapporte une étude de la VUB diffusée lundi. Selon le chercheur Omar Cham, qui a étudié le cas de la Gambie, les pays européens doivent se concentrer sur les causes de la migration plutôt que sur la dissuasion et l’expulsion.
Des politiques anti-immigration vouées à l’échec
Le chercheur à la VUB a examiné les réactions de l’élite politique et des citoyens aux politiques migratoires de l’Union européenne. Partenaire prioritaire de l’UE, la Gambie est souvent la cible de communications de dissuasion migratoire et «de pressions» pour coopérer aux expulsions de migrants en situation illégale.
Ces politiques sont toutefois inefficaces, explique l’auteur de l’étude. Il souligne que les Gambiens sont conscients des dangers de la route migratoire mais que cela n’influence pas leur décision. «Des facteurs tels que les avantages de la migration, le désir d’une meilleure qualité de vie et les pressions familiales pèsent davantage dans leurs choix», remarque-t-il.
La coopération en matière d’expulsion est par ailleurs très impopulaire dans les pays extérieurs à l’UE car de nombreuses familles dépendent de transferts financiers et ont souvent lié leurs espoirs ainsi que leurs investissements à la migration, ajoute l’étude. «Les décideurs politiques de l’UE et de ses États membres promettent souvent d’expulser davantage de sans-papiers, mais ce faisant, ils négligent la souveraineté des pays tiers», poursuit Omar Cham.
Ces expulsions ne peuvent avoir lieu sans la coopération des pays concernés, qui doivent accorder des droits de débarquement et identifier leurs citoyens. Les taux d’expulsion se situent autour de 30% depuis des années, rappelle l’étude. «Il est donc tout à fait irréaliste de promettre pouvoir augmenter ces chiffres de manière significative.» L’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes Frontex a dénombré 1.784 détections de franchissements illégaux de frontières européennes de la part de ressortissants gambiens au premier semestre de 2024.