Les attaques des supplétifs du régime iranien se heurtent aux implacables répliques ciblées d’Israël et des Etats-Unis.
Cela ressemble à une guerre mais cela n’en porte pas le nom, eu égard à celle, tragique et d’ampleur inédite, qui se déroule à Gaza. Depuis le massacre du Hamas, le 7 octobre dernier, et les représailles israéliennes sur la bande de terre palestinienne, Israël a, parallèlement, frappé 3 400 cibles de la milice libanaise pro-iranienne du Hezbollah, détruit quarante sites de stockage d’armes et 120 postes d’observation, et tué deux cents de ses miliciens. Pourtant, c’est bien dans le registre de la retenue qu’est encore inscrite la confrontation entre Israël et le Liban, déclenchée par la multiplication, en solidarité avec le Hamas palestinien, des tirs du Hezbollah sur le nord de l’Etat hébreu.
Quatre mois après l’attaque d’Israël depuis la bande de Gaza, difficile de dire ce qui prend le dessus au plan régional entre l’alimentation de foyers de confrontations contre Israël et les Etats-Unis de la part de groupes supplétifs de l’Iran au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen, et l’affirmation du rôle des Américains et des Israéliens comme gendarmes de la région. C’est en effet presque en toute impunité, jusqu’à aujourd’hui, qu’Israël a assassiné, le 2 janvier au cœur de Beyrouth, le numéro 2 du bureau politique du Hamas, Saleh al-Arouri, six jours plus tard au sud du Liban, un commandant de la force Radwan, corps d’élite du Hezbollah, Wissam Jawad al-Tawil, et auparavant, le 25 décembre, le général Razi Moussavi, un général des Gardiens de la révolution iraniens, au sud de Damas, en Syrie.
Le «ni paix ni guerre» qui a suivi la résurgence du conflit entre Israël et le Hamas sur les autres fronts servait objectivement les intérêts de l’Iran: il bénéficiait des retombées de l’affichage de son soutien à la cause palestinienne tout en évitant d’en subir les conséquences négatives qu’une confrontation directe avec les Etats-Unis aurait provoquées. Mais plus l’Iran et ses proxis sont contraints d’encaisser les coups portés par leurs adversaires sans pouvoir y répliquer (hors l’attaque meurtrière contre la base américaine en Jordanie, le 28 janvier), plus le pouvoir de Téhéran paraît fragilisé.
Enumérant les figures du Hamas, du Hezbollah, des Gardiens de la révolution iraniens et du groupe irakien pro-iranien Hachd al-Chaabi, assassinées depuis octobre, le spécialiste de l’Iran au centre de réflexion International Crisis Group, Ali Vaez, constatait dans Le Figaro que «chaque ligne rouge tracée par l’Iran a été allègrement bafouée. […] Or, la riposte de “l’axe de résistance” est imperceptible, ce qui va inciter Israël à poursuivre cette campagne d’assassinats ciblés. Ni l’Iran ni le Hezbollah n’affichent la moindre appétence pour une confrontation directe avec Israël et les Etats-Unis.» Le même diagnostic peut être dressé à propos des frappes américaines et britanniques contre les rebelles houthis du Yémen, auteurs d’attaques contre des navires en mer Rouge depuis novembre dernier. L’Iran fait preuve de retenue. Tout juste a-t-il procédé, le 16 janvier, à d’étonnants bombardements contre un centre supposé du Mossad au Kurdistan irakien et contre une base présumée de djihadistes au nord-ouest de la Syrie. Cette attaque a été menée à une distance équivalente à celle qui sépare l’Iran de Tel-Aviv…