Les traitements médicaux ne sont pas les seuls à avoir des effets sur la santé physique et mentale. On peut également attribuer de multiples bienfaits à l’art.
Présent dans les cultures sous diverses formes depuis toujours, « l’art est ce que l’Homme a créé de plus puissant, beau et sincère. L’art parle de l’humain, permet d’imprimer son intimité », expose Muriel Damien, historienne de l’art. L’art a connu des enjeux différents et des fonctions variées selon les époques. Mais sa nécessité dans la société reste intacte : aujourd’hui « il relie l’individu à lui-même, aux autres, au patrimoine, au monde et au vivant ». Et les bienfaits de l’art sur la santé mentale et physique sont de plus en plus avérés.
Recherche scientifique
L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) s’est penchée sur l’impact des activités artistiques et culturelles sur la santé. Sur base de l’analyse de 900 publications dont 200 examens couvrant plus de3000 études, l’OMS conclut que l’art donne « une clé supplémentaire pour améliorer la santé
physique et mentale ».
Les avantages de l’art pour la santé physique
Selon l’OMS, toute personne qui intègre l’art dans sa vie a tendance à vivre sainement (adopter une alimentation saine et être physiquement actif). L’art pourrait donc aider à gérer des problèmes tels que le diabète, l’obésité voire la consommation de tabac, d’alcool et de drogues. Il peut également avoir des effets sur des personnes atteintes de cancer, de maladies cardiovasculaires et respiratoires, et aide les personnes en fin de vie. Il aide à réguler la pression du sang, par exemple en diminuant l’hypertension. Par ailleurs, se consacrer à un loisir (que ce soit réaliser une visite culturelle, jardiner, aller au cinéma, etc.) participe en partie à diminuer le risque de mort prématurée. Plus spécifiquement et de façon non-exhaustive :
La musique
La musique stimule les fonctions cognitives chez les personnes souffrant de démence.
Selon l’OMS, en écouter diminuerait également les effets secondaires du traitement contre le cancer tels que le manque d’appétit, les nausées et les somnolences. Pour finir, jouer d’un instrument renforcerait les connexions cérébrales des patients.
Le chant
Le chant serait un moyen de soigner les maladies pulmonaires obstructives chroniques (aussi paradoxal cela puisse paraître).
Il améliore aussi l’attention, la mémoire épisodique et certaines fonctions exécutives chez les patients souffrant de démences comme ceux atteints de la maladie d’Alzheimer.
La danse
La danse jouerait un rôle dans l’amélioration de la motricité, particulièrement chez les personnes atteintes de la maladie de Parkinson.
La pratique du tango argentin, par exemple, est un moyen de travailler l’équilibre, la mobilité, le rythme, la mémoire et l’attention. Cela peut donc représenter une solution potentielle pour soulager certains symptômes de la maladie de Parkinson.
Sensibilisation aux problèmes
L’art (sous forme de musique, de bande dessinée, de pièce de théâtre, de film) est également pertinent pour sensibiliser à des thématiques telles que la violence domestique, les maladies comme la malaria ou le VIH, le suicide, l’hygiène et la santé sexuelles…
Avantages pour la santé mentale
L’un des bienfaits de l’art les plus courants est son effet sur le stress. Il le diminue considérablement. Et qui dit moins de stress, dit amélioration de la qualité de vie (physique et mentale). « La pratique d’une activité artistique permet de focaliser son attention, de se concentrer sur une activité qui peut être satisfaisante et, dès lors, amener de la détente« , explique Dorothée Hanin, docteure en sciences psychologiques, psychothérapeute et art-thérapeute. Cette pratique offre entre autres la possibilité d’exprimer des ressentis voire de les transformer. « L’utilisation de médias artistiques (peinture, écriture, argile, collage… ) permet aussi d’accompagner les vécus traumatiques. Outre la parole, leur emploi laisse place à d’autres modes d’expression du vécu et peut amener, petit à petit, à l’apaisement de la souffrance », poursuit la psychothérapeute.
Plus généralement, le processus créatif permet de plonger au coeur des émotions, de les explorer, voire de les appréhender, selon Dorothée Hanin. Et Muriel Damien de compléter : « Depuis longtemps, on intellectualise l’art : on essaie de l’analyser, de l’interpréter et de le comprendre. Pourtant, on peut aussi avoir une approche plus sensorielle et sensible de l’art où l’on se reconnecte à son corps. On observe et on qualifie ses émotions et son ressenti. » Une approche qui se retrouve autant dans la création que dans la réception de l’art.
L’art est aussi une façon d’entrer en introspection, de découvrir de nouvelles facettes de soi-même et peut-être, in fine, de développer l’empathie. « Faire un travail de compréhension de soi à travers les médias artistiques, c’est aussi une possibilité de rencontrer l’autre là où il est et d’être plus en empathie », explique Dorothée Hanin.
Si, devant une oeuvre, la réaction est d’abord corporelle selon Muriel Damien, il n’en demeure pas moins que dans un deuxième temps, le cerveau ressort stimulé de l’expérience. Réflexion, introspection, créativité, les réactions sont multiples.
En s’adonnant à l’art, n’importe qui peut en retirer une certaine satisfaction voire l’amélioration de la confiance en soi : « La création peut faire émerger des capacités ou des ressources, enfouies voire insoupçonnées », raconte la psychothérapeute.
L’art comme outil thérapeutique
« En art-thérapie, il est proposé aux patients de partir d’un vécu, d’une émotion, d’une sensation voire d’une pensée et de l’exprimer par le biais d’un média artistique », raconte Dorothée Hanin, aussi art-thérapeute. Le processus créatif peut débuter par un médium (par exemple, l’argile) et se poursuivre via un autre (le collage, la peinture, l’écriture et bien d’autres). Le vécu est progressivement exploré, approfondi et le patient apprend à se connaître. « Durant les séances, le but est d’accompagner le processus. Il n’est absolument pas question de juger la production artistique. On suggère d’ailleurs au patient de se détacher de la dimension esthétique et des critiques internes qui peuvent émerger », précise-t-elle.
Prescriptions muséales
Dans une autre dimension thérapeutique, les prescriptions muséales sont actuellement testées à Bruxelles. Le but : profiter des bienfaits de l’art grâce à un accès gratuit au musée et « mettre à disposition un outil supplémentaire dans le suivi thérapeutique ». « Tout comme l’approche sensorielle, les prescriptions muséales permettent le décloisonnement d’un art réservé à une élite intellectuelle. Tout le monde peut éprouver l’art », complète Muriel Damien.
« La pure délectation, au même titre que l’étude et l’éducation, constitue l’une des fins vers laquelle doit tendre chaque institution muséale », rappelle-t-elle. L’historienne de l’art a créé un outil de médiation muséale centré sur une approche sensible et sensorielle. « Dans un musée, on ne prend pas toujours le temps d’observer les oeuvres, de se poser et d’entrer en relation avec elles. Tout va très vite dans notre société et pourtant, l’art peut aussi émerger en nous quand on entre en résonance avec une œuvre« , développe-t-elle. Notamment, des émotions : des visites plus en conscience permettent d’explorer ce qui habite à l’intérieur de l’être.
Quel que ce soit le médium artistique adopté, l’art a fait ses preuves et participe certainement à une vie plus apaisée et plus consciente.
Retrouvez l’ensemble des bienfaits de l’art sur la santé ici.