Depuis plusieurs années, la France est en pénurie de vétérinaires. Elle est donc venue puiser dans les forces vives belges, conditions de vie à l’appui.
Où partent les vétérinaires belges? S’il n’y a pas de chiffres officiels, l’Union professionnelle vétérinaire réalise régulièrement des coups de sonde auprès de ceux qui terminent leurs études en Belgique francophone pour savoir combien d’entre eux comptent s’installer à l’étranger. Il y a, d’une part, énormément d’étudiants français qui rentrent au bercail. D’autre part, des Belges qui partent travailler ailleurs. «Une partie non négligeable», selon Bernard Gauthier, co-président de l’UPV.
La plupart d’entre eux optent pour la France. Ce choix est multifactoriel: la langue commune, une similitude dans la manière d’exercer le métier, mais aussi l’aspect financier. «La France connaît un marché en pénurie depuis plus longtemps que nous. Il y a eu une très grosse demande et ils venaient notamment les chercher en Belgique. Aujourd’hui, ceux qui sont installés viennent à leur tour chercher des remplaçants, chez nous. Il y a des aides à l’installation, notamment dans les régions rurales où le manque est criant. Des départements subventionnent les études de ceux qui s’engagent à y travailler.»
Aides et salaire
«En Belgique, il y a beaucoup de demandes et peu d’offres. Et la rémunération n’est donc pas très avantageuse», confirme Céline, vétérinaire belge installée dans le sud de la France depuis quelques années. Trouver un travail de salarié en Belgique est d’ailleurs compliqué: «C’était du salariat déguisé, un statut d’indépendant avec tous les désavantages et sans les avantages.»
Son choix, elle l’a fait pour la langue, pour la météo, pour des raisons personnelles mais pas seulement. «La France est en pénurie, donc les patrons essayent d’attirer avec des salaires attractifs. La grande différence avec la Belgique, c’est la convention collective qui assure un salaire minimum légal en fonction des diplômes et années d’expériences.» Avec aussi plus de choix sur le statut, salarié ou libéral.
Style de vie
Bernard Gauthier pointe aussi la présence d’entreprises vétérinaires qui «font ce qu’elles peuvent pour séduire les jeunes. Avant les offres d’emplois faisaient trois lignes, aujourd’hui c’est une page complète avec aussi des qualités hors professionnel, comme le cadre de vie, le fait de vivre à la mer ou à la montagne, des gardes adaptées.»
Le cadre de vie, c’est aussi ce qui explique le succès des îles françaises. Avec néanmoins un certain un turnover: «Il y a des offres d’emplois pour La Réunion tous les six mois, mais après quelques années, beaucoup rentrent en Belgique ou s’installent en France. Quelques-uns partent au Canada ou au Royaume-Uni, mais cela reste marginal.» Cette fuite des talents, il la trouve «dramatique. Surtout que la Belgique connaît aussi des pénuries aujourd’hui.»