Les pharmaciens pourront continuer à vacciner contre la grippe tout au long de l’année civile 2024, en vertu d’un nouvel arrêté royal qui prolonge cette autorisation.
Alors que la circulation du virus de la grippe saisonnière devrait s’intensifier d’ici la fin du mois de janvier, les pharmaciens recommandent vivement aux personnes à risque de se protéger en se faisant vacciner.
En octobre dernier, la Chambre avait adopté un projet de loi autorisant les pharmaciens à administrer le sérum contre la grippe jusqu’au 31 décembre 2023. Cette autorisation a ensuite été prolongée d’un an en décembre dernier.
Depuis l’automne passé, ce ne sont pas moins de 288.562 vaccins antigrippaux et 636.810 sérums contre la Covid-19 qui ont été inoculés en officine. Plus de 70% des patients vaccinés en pharmacie ont plus de 60 ans, observe l’Association pharmaceutique belge dans un communiqué.
La Belgique se trouve actuellement en code jaune pour les infections respiratoires, ce qui signifie qu’il y a une hausse de la circulation des agents pathogènes mais que la pression sur les établissements de santé reste encore maîtrisée.
Pour le moment, la circulation du virus de la grippe est encore timide – les experts s’attendent à ce que sa circulation augmente fin janvier ou début février-, la vaccination antigrippale reste dès lors utile, de l’avis des pharmaciens.
« Il ne faut surtout pas sous-estimer la grippe », prévient Koen Straetmans, le président de l’APB. « Vous avez la possibilité de vous en protéger ? Faites-le ! Il n’est pas trop tard », recommande-t-il. « Pour l’heure, à cause notamment d’une certaine lassitude vis-à-vis de la vaccination, la couverture vaccinale est encore trop faible dans notre pays, surtout parmi les personnes vulnérables », signale l’APB.
« Protéger au mieux nos ainés et les personnes immunodéprimées contre la grippe et la Covid-19 reste donc un objectif majeur. Un objectif à atteindre en étroite collaboration avec les autres vaccinateurs » que sont essentiellement les médecins généralistes et les infirmières, souligne la fédération. Le vaccin contre la grippe ne coûte que quatre euros pour les personnes appartenant à un groupe à risque, soit quelque deux millions de Belges. En Belgique, la grippe touche en moyenne 500.000 personnes chaque année, dont une sur mille développe des complications (comme la pneumonie) nécessitant une hospitalisation.
« Une ligne rouge franchie »
L’Association belge des syndicats médicaux (Absym) estime que le gouvernement fédéral a franchi une ligne rouge importante alors que l’autorisation accordée aux pharmaciens d’administrer le vaccin contre la grippe a été pérennisée pour une année supplémentaire.
« Systématiquement, des tâches essentielles des médecins leur sont retirées », a estimé Jos Vanhoof, président de la section flamande de l’Absym. L’association s’était dès le départ farouchement opposée à cette extension du droit de vaccination pour les pharmaciens, mais elle n’a pas été entendue.
L’Absym craint que l’Association pharmaceutique belge ne s’arrête pas en si bon chemin. Ainsi, « dans un mémorandum, les pharmaciens demandent aussi à être habilités pour prolonger les médicaments chroniques, à pouvoir traiter les infections simples et à mesurer le taux de sucre des patients diabétiques », s’inquiète le syndicat des médecins.
« L’expertise des médecins devient de plus en plus fragmentée », déplore M. Vanhoof, qui utilise la métaphore d’une « belle pomme Jonagold brillante dont il ne reste plus que le trognon ». S’il reconnaît que les pharmaciens se réinventent constamment, il considère qu’une ligne rouge a été franchie, la profession de médecin en tant que mandataire de la prescription de soins se voyant de plus en plus vidée de sa substance. « Comment peut-on fournir des soins holistiques si toutes ces tâches leur sont retirées? », s’interroge-t-il.