Après les récentes fusillades qui ont secoué Bruxelles, plusieurs figures politiques ont appelé à prendre des mesures urgentes pour lutter contre les violences liées au milieu de la drogue.
Les Engagés ont réclamé mercredi des actions urgentes devant les fusillades et règlements de compte qui se multiplient à Bruxelles. Ils plaident entre autres pour un renforcement de la présence policière sur le terrain, à la fois locale et fédérale.
« Cela ne peut plus durer! Les gouvernements doivent agir et les citoyens doivent être rassurés« , ont lancé Elisabeth Degryse et Christophe De Beukelaer, têtes de liste centristes à la Chambre et au parlement bruxellois.
Les Engagés demandent une réunion d’urgence du Conseil régional de sécurité et une rencontre entre les autorités régionales et fédérale qui déboucherait sur un plan d’actions. Une commission interparlementaire, réunissant les parlements fédéral et bruxellois, devrait également être mise en place, estiment-ils.
Au mois de novembre, les centristes avaient présenté un plan Justice-Police préparé durant un an avec des acteurs de terrain axé autour de plusieurs priorités, dont la lutte contre le narcotrafic. Dans cet esprit, ils réclament de procéder d’urgence à l’engagement de 3.600 policiers et 250 magistrats.
« Ces faits de violence nous inquiètent, comme ils inquiètent les Bruxelloises et les Bruxellois. Les autorités publiques ne peuvent délaisser ces quartiers et faire l’autruche. Le moment des beaux discours est passé, il est temps de passer à l’action et de stopper l’impunité! », ont exhorté les deux candidats.
« Nos quartiers ont été pris en otage »
De son côté, le bourgmestre de Saint-Gilles Jean Spinette a lancé un cri d’alarme au sujet des conflits entre dealers de drogue dans sa commune. « On est face à des organisations mafieuses », un « capitalisme de la drogue », a-t-il mis en garde au micro de La Première (RTBF).
La police ne reste pas les bras croisés mais est démunie face à des criminels qui reprennent leur activité dès qu’ils sont relâchés; des bandes qui « ont pris en otage nos quartiers » et se livrent à une bataille sans merci pour un marché lucratif. Avec parfois des « techniques de la terreur » comme lorsque des individus ont tiré en l’air à l’arme de guerre mardi après-midi non loin de la Porte de Hal.
« On n’est pas dans du petit deal de quartier, l’activité complémentaire où le voisin vient chercher sa drogue récréative… Non, on parle de pas de porte qui ramènent beaucoup d’argent. Les saisies sont hebdomadaires, les montants sont importants », constate le bourgmestre socialiste. Jean Spinette n’hésite pas à parler de « mafias », qui tentent de « prendre possession des quartiers populaires ». Si la police appréhende régulièrement des dealers, « souvent sans papiers, ou mineurs, ou les deux », ces interpellations ne semblent pas avoir beaucoup d’effet: « parfois le parquet arrive à les garder, parfois pas. On les relâche, et ça recommence« .
Le bourgmestre appelle à s’attaquer au problème en amont: « il faut démanteler ces réseaux », appuie-t-il. Cela nécessite de « faire des enquêtes financières, identifier les flux… » Il faut aussi mettre un terme au « sentiment d’impunité » qui règne sur le terrain, estime-t-il. Pour cela, il faudrait selon lui une police judiciaire suffisante, « un parquet qui peut poursuivre rapidement, un système de justice qui décide ». « Le problème est qu’aujourd’hui, toutes ces affaires trainent en longueur », avec des condamnations qui suivent parfois de plusieurs années l’interpellation, pointe-t-il.
« Un cancer pour nos quartiers »
Interrogé quant à lui sur Bel RTL, un autre bourgmestre, celui de Saint-Josse, a avancé d’autres pistes de solution pour s’attaquer au problème du trafic de drogue dans la capitale. « Une des choses que l’on doit absolument faire, c’est des campagnes sanitaires pour expliquer les dangers des assuétudes », indique Emir Kir. Il suggère également « des contrôles aux frontières plus réguliers » pour stopper l’afflux des substances illégales.
Cette « guerre des gangs pour contrôler le territoire » est un « cancer pour nos quartiers« , confirme de son côté Fabrice Cumps. Le bourgmestre socialiste d’Anderlecht était interrogé sur BX1 au sujet des violences récentes sur le territoire de la zone de police Midi, qui couvre Anderlecht, Forest et Saint-Gilles, ou dans les environs de cette zone.
« Il faut s’attaquer aux réseaux »
Le bourgmestre anderlechtois fait les mêmes constats que son homologue saint-gillois: « c’est une problématique qui dépasse la simple zone Midi ou d’ailleurs toutes les zones de police locale du pays. Cela doit être géré au niveau de la police judiciaire fédérale« .
« Nos forces de police s’épuisent à arrêter des dealers qui sont interchangeables (…) Il faut s’attaquer aux têtes, aux réseaux ». La police judiciaire fédérale est à renforcer, selon lui, mais il y a aussi un travail à faire sur le plan judiciaire. Les communes bruxelloises devraient pouvoir imposer des amendes administratives avec transaction immédiate aux consommateurs « qui entretiennent le trafic dans les ‘hotspots‘ ou ‘drive in‘ », estime Fabrice Cumps. Pour le moment, cet outil n’est pas fonctionnel dans la capitale, indique-t-il. « C’est un débat qu’on doit avoir avec le parquet, on doit avoir les moyens de les toucher au portefeuille ».