Les réactions fusent après l’annonce d’un accord trouvé entre le MR et Les Engagés pour le gouvernement wallon et de la FWB. Les avis sont pour le moins contrastés.
« Un projet enthousiasmant et mobilisateur » (UWE)
« Il s’agit d’un accord solide et ambitieux pour relancer l’économie et l’industrie de notre région et lui assurer un avenir durable », a commenté l’Union wallonne des entreprises (UWE).
« Cette déclaration nous envoie un message optimiste: les entreprises et leurs collaborateurs sont considérés comme de véritables moteurs de la transformation de la Wallonie. Nous serons au rendez-vous pour construire ensemble une Wallonie prospère et durable!« , a déclaré Cécile Neven, CEO d’Akt for Wallonia (UWE).
Pour l’UWE, le futur gouvernement prend en compte la mobilisation de talents et de donner l’envie d’aller travailler, le soutien aux entreprises pour accélérer la transition, le développement du tissu économique et industriel et le renforcement de l’action publique pour la simplification.
Les enjeux écologiques sont périphériques, les objectifs climat en péril, alerte Ecolo
Dans leur déclaration de politique régionale, le MR et les Engagés ferment les yeux sur les préoccupations climatiques et relèguent les enjeux écologiques au second plan, critique Ecolo, dans une première réaction à la présentation de l’accord par Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot.
« Le MR et les Engagés ferment les yeux sur le dérèglement climatique et l’effondrement de la biodiversité. Les enjeux écologiques? Périphériques ! Les objectifs climat? En péril ! Bref, il n’y a pas d’écologie sans Ecolo », a ainsi commenté le chef du groupe Ecolo au Parlement wallon, Stéphane Hazée, sur X. Selon celui-ci, MR et Engagés « plongent plus largement la Wallonie dans le brouillard: une promesse de réduire fortement les dépenses mais aucune mesure crédible sur la table pour y arriver. La seule certitude de l’accord: l’austérité pour toutes et tous! », a-t-il ajouté.
« Passer rapidement de la parole aux actes », demande le SNI
Le syndicat neutre des indépendants (SNI) se réjouit de la déclaration de politique régionale wallonne présentée par le MR et les Engagés, y voyant « de nombreux points favorables à l’entreprise ». Il souhaite néanmoins « passer rapidement de la parole aux actes ».
Le SNI salue ainsi que le prochain gouvernement wallon « fera de la promotion et du développement de l’entrepreneuriat un pilier du redressement de la Wallonie ». Pour l’organisation, qui défend les intérêts de plus de 42.000 entrepreneurs, « c’est un engagement important de la part des deux partis. Il faudra qu’ils s’y tiennent. C’est une absolue nécessité pour améliorer l’économie de la région ».
Le syndicat neutre des indépendants relève également les mesures annoncées en termes de simplification administrative, un sujet sur lequel les partis libéraux et centristes étaient attendus. Le SNI se réjouit en outre de la simplification annoncée des aides à l’emploi, « nécessaires eu égard à la charge sur les salaires » mais parfois compliquées à mettre en œuvre en raison d’un « labyrinthe de démarches », selon lui.
L’organisation salue aussi la réforme du Forem, « importante pour que les demandeurs d’emploi soient directement accompagnés pour retrouver rapidement un travail que les PME sont prêtes à leur proposer ». Un point d’attention toutefois aux yeux du SNI: la flexibilisation des heures d’ouvertures des commerces. « Les commerçants ne sont aujourd’hui pas favorables à la suppression du jour de fermeture obligatoire. Il ne faudra pas aller trop loin en ce sens », met-il en garde.
« On ne sait pas qui va payer l’addition », rétorquent les socialistes
Le Parti socialiste, qui sera renvoyé dans l’opposition à la Région wallonne et en Fédération Wallonie-Bruxelles, a réagi avec circonspection aux déclarations de politiques régionale et communautaire présentées jeudi par les présidents du MR et des Engagés. Christie Morreale, cheffe de groupe PS au parlement wallon, indique regretter « un message très flou », un « catalogue d’intentions qui manque de clarté ». « On ne sait pas qui va payer l’addition », tranche-t-elle.
« Ils annoncent 1,5 milliard (sur 10 ans) de baisse des impôts, et en même temps réduire l’endettement avec des économies drastiques. Clairement, ça veut dire que ça va saigner. Mais là-dessus, ils sont totalement flous », estime la vice-présidente sortante du gouvernement wallon.
La socialiste note également quelques points « inquiétants » dans la déclaration régionale: « une volonté de toucher aux allocations familiales pour les 18-21 ans », entre autres. Le gouvernement souhaite pour cette tranche d’âge « évoluer d’un droit semi-automatique aux prestations familiales vers un droit conditionnel », peut-on lire dans la DPR. « Et il n’a pas fallu attendre une heure pour entendre parler de gel (d’indexation) de salaires. »
La ministre wallonne sortante évoque ici les subventions d’aide à l’emploi (APE) pour la fonction publique locale (l’indexation est maintenue pour le secteur associatif). « On parle ici de travailleuses dans les crèches, dans l’accueil de temps libre, etc. », dont les subventions auxquelles leur salaire est lié n’évolueront pas. « Ce sont surtout des femmes, qui représentent quasi 70% des travailleurs APE », pointe Christie Morreale.
Il manque aussi des choses dans ce qui a été mis en avant par le duo Georges-Louis Bouchez – Maxime Prévot, critique-t-elle: l’isolation des logements, les transports en commun. « On a très peu parlé de pistes concrètes pour mettre les personnes à l’emploi. Et il y a eu peut-être trois mots sur la lutte contre le réchauffement climatique, qui est pourtant le problème du siècle! »
Le PTB accuse MR-Engagés de surtout vouloir « économiser, déréguler et privatiser »
« Austérité », c’est le mot mis en avant par le PTB en réaction aux Déclarations de politique régionale et de politique communautaire présentées par les présidents du MR et des Engagés.
Les deux partis, qui formeront des gouvernements régional et communautaire plus à droite que les précédents, sont tombés d’accord sur une ligne à suivre dans ces deux entités. Il y est souvent question de « simplification » et « rationalisation », a noté en fin de journée Germain Mugemangango, chef de groupe PTB au parlement wallon. « Mais simplification et rationalisation semblent être les nouveaux mots code du gouvernement MR-Engagés pour économiser, déréguler et privatiser », a-t-il balayé.
Le duo MR-Engagés promet un tournant budgétaire vers plus de rigueur dans les dépenses, pour un retour à l’équilibre de la Wallonie en 10 ans. Mais pour le parti marxiste, la crainte est que la promesse de « se recentrer sur l’essentiel » cache en réalité « une austérité menant à la privatisation ».
Le syndicat libéral CGSLB se demande comment seront financées toutes les mesures annoncées par Georges-Louis Bouchez et Maxime Prévot dans leur Déclaration de politique régionale (DPR).
« Certaines mesures liées notamment à l’emploi, aux milieux d’accueil, au pouvoir d’achat, entre autres, rejoignent nos demandes mais nous sommes pressés de voir comment financer tout cela », relève le syndicat dans un communiqué.
« La crainte est bien de dérouler un catalogue de bonnes (et moins bonnes) intentions mais de ne pas pouvoir les mettre en place, faute de moyen. »
La CGSLB déplore en outre que le processus de limitation des allocations de chômage à deux ans soit peu détaillé. « La CGSLB restera sur le qui-vive concernant ces mesures d’exclusion », prévient-elle. Le syndicat conclut sur une interrogation: « qui payera pour tout ça? », alors que le MR et Les Engagés ont fait le vœu de ne lever aucun nouvel impôt. Le président du MR a même annoncé la baisse d’impôts « la plus grande jamais enregistrée en Wallonie ».