jeudi, décembre 26

La victoire doit être désormais validée par le Conseil constitutionnel qui a raccourci le délai de 72 heures offert aux autres candidats pour contester le résultat. Cette compression de tous les délais s’expliquent par le report d’un mois de l’élection présidentielle qui devait initialement se dérouler le 25 février.

L’opposant sénégalais Bassirou Diomaye Faye l’a largement emporté dès le premier tour de la présidentielle avec 54,28% des voix, loin devant le candidat du pouvoir Amadou Ba (35,79%), indiquent les résultats finaux provisoires proclamés mercredi.

Cette proclamation accélérée semble dégager la voie à une investiture prochaine de M. Faye, en tout cas avant la fin du mandat du sortant Macky Sall le 2 avril. La victoire de l’opposant antisystème, encore en prison une dizaine de jours avant le scrutin de dimanche, doit à présent être validée par le Conseil constitutionnel. Les candidats ont théoriquement 72 heures après la proclamation pour saisir le Conseil. Mais le Conseil a lui aussi pressé le mouvement en leur donnant jusqu’à jeudi minuit (vendredi 01H00 HB) « au plus tard ».

Le Conseil invoque dans un communiqué « les circonstances exceptionnelles » ayant entraîné « la compression de tous les délais ». Il fait référence au report de la présidentielle, initialement prévue le 25 février et finalement fixée au 24 mars. L’ajournement décrété à la dernière minute par le président Sall a causé une grave crise et semé le doute sur la possibilité d’une prestation de serment de son successeur avant l’expiration officielle de son mandat.

Ce transfert dans les délais, hautement significatif dans un pays qui s’enorgueillit de ses pratiques démocratiques, paraît désormais réaliste, sous réserve que les résultats ne donnent pas lieu à contestation devant le Conseil constitutionnel.

La mission d’observation de l’Union africaine a salué dans un communiqué « la maturité démocratique du peuple sénégalais (et) le climat global pacifique de l’élection présidentielle ».

M. Faye se présente comme l’homme de la « rupture », du rétablissement d’une « souveraineté » nationale bradée selon lui à l’étranger, et d’un « panafricanisme de gauche ». Son élection pourrait annoncer une profonde remise en cause systémique. Il s’engage « à gouverner avec humilité, dans la transparence, à combattre la corruption » à tous les niveaux, a-t-il déclaré lundi lors de sa première apparition publique depuis l’élection. Il a énoncé « la réconciliation nationale », la « refondation » des institutions et « l’allègement sensible du coût de la vie » comme ses « chantiers prioritaires ». Mais il s’est aussi employé à rassurer les partenaires étrangers qui ont suivi attentivement l’élection. Le Sénégal « restera le pays ami et l’allié sûr et fiable de tout partenaire qui s’engagera avec nous dans une coopération vertueuse, respectueuse et mutuellement productive », a-t-il dit.

Le président américain Joe Biden a félicité mercredi l’opposant pour sa victoire à la présidentielle sénégalaise, disant vouloir renforcer les « liens » entre les deux pays. « Je félicite Bassirou Diomaye Faye pour son élection en tant que nouveau président du Sénégal », a déclaré Joe Biden dans un communiqué, se réjouissant à l’idée de « travailler ensemble pour forger un avenir plus pacifique et plus prospère pour tous ».

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