dimanche, décembre 15

L’ex-footballeur Mikheïl Kavelachvili, pro-pouvoir, a été désigné président de Géorgie samedi alors que le pays est plongé en pleine crise politique.

Un collège électoral dominé par le parti au pouvoir en Géorgie a désigné samedi comme nouveau président le loyaliste d’extrême droite Mikheïl Kavelachvili, lors d’un vote boycotté par l’opposition qui risque d’accentuer la crise politique en cours dans ce pays du Caucase.

Le chef de la commission électorale géorgienne, Giorgi Kalandarichvili, a affirmé que M. Kavelachvili avait été élu avec 224 voix.

Mais l’actuelle cheffe de l’Etat, la pro-occidentale Salomé Zourabichvili, avait auparavant jugé ce vote illégal et dit qu’elle refuserait de rendre son mandat tant que de nouvelles législatives n’auraient pas été organisées.

L’ex-république soviétique traverse des troubles depuis que le parti dirigeant, Rêve géorgien, a revendiqué la victoire aux législatives du 26 octobre — dénoncées comme truquées par l’opposition — et que le gouvernement a décidé fin novembre de suspendre jusqu’en 2028 tout négociation d’adhésion à l’UE.

Depuis cette décision, des manifestations pro-UE rassemblant des milliers de personnes se déroulent chaque soir, devant le Parlement, à Tbilissi.

Les protestataires exigent de nouvelles élections et accusent le gouvernement de se détourner de la voie européenne et de suivre une dérive autoritaire prorusse.

Samedi, de nouveaux rassemblements d’opposition, organisées par différents groupes, se tiennent à Tbilissi, dans le calme, ont constaté des journalistes de l’AFP.

Dès 09H00 du matin (05H00 GMT), des centaines de protestataires ont notamment bravé le froid et quelques flocons de neige devant le Parlement. Certains ont apporté des ballons de football pour tourner en dérision Mikheïl Kavelachvili, qui est un ancien footballeur professionnel.

Connu pour ses diatribes contre les détracteurs du pouvoir, M. Kavelachvili était officiellement le seul candidat car l’opposition a refusé de siéger au Parlement et n’a proposé personne pour ces fonctions.

A l’annonce de la désignation du président, Giorgi Tsamalachvili, 21 ans, a continué à jouer au foot avec des camarades devant le Parlement. La procèdure est « illégitime », dit cet étudiant à l’AFP, car avant cela, poursuit-il, les législatives d’octobre avaient été « falsifiées ».

Agé de 53 ans, M. Kavelachvili est accusé par les protestataires d’être un pantin du milliardaire Bidzina Ivanichvili, qui a fait fortune en Russie, fondé le parti Rêve géorgien et dirige la Géorgie en coulisses depuis 2012.

Salomé Zourabichvili, en rupture avec le gouvernement, a estimé vendredi que la désignation du président était une « parodie » et serait « anticonstitutionnelle » et « illégitime ».

En Géorgie, les pouvoirs du chef de l’Etat sont limités et essentiellement symboliques. Mais cela n’a pas empêché l’ex-diplomate française de 72 ans de devenir l’une des voix de l’opposition pro-européenne.

« Menacés »

Vendredi soir, la manifestation devant le Parlement à Tbilissi s’est déroulée sans troubles, loin des affrontements violents qui avaient marqué les dix premiers jours du mouvement, lancé le 28 novembre.

Au cours des deux premières semaines de manifestations, la police a utilisé du gaz lacrymogène et des canons à eau pour disperser les rassemblements quotidiens de milliers de personnes. Des protestataires ont, quant à eux, recouru à des mortiers d’artifice contre les forces de l’ordre.

Plus de 400 manifestants ont été interpellés, selon des chiffres officiels. Des descentes de police ont conduit à la saisie de quantités de feux d’artifice et à l’arrestation de plusieurs meneurs de l’opposition.

Samedi matin, la manifestation devant le Parlement a démarré dans le calme, la police empêchant uniquement l’accès à l’entrée du bâtiment située sur le côté.

Mais en bas de l’avenue, place de la Liberté, trois canons à eau et une vingtaine de véhicules se tenaient prêts à intervenir.

« La police est partout (…), il neige, il pleut, c’est l’hiver. Mais c’est notre pays, nous nous battrons pour notre pays », dit à l’AFP Natia Aphkhazava, une écharpe léopard autour du visage.

Le visage également protégé par un cache-cou et une capuche, Sofie Kikochvili dit avoir du mal à trouver le sommeil ces dernières semaines.

« Nos amis, nos proches, tout le monde est menacé maintenant, on ne peut pas vraiment se concentrer sur le travail », déplore cette avocate de 39 ans, qui a dû laisser son fils de 11 ans seul à la maison.

Mais elle prédit une application de la « terreur », de la part des autorités, « qui ira de pire en pire chaque jour si nous ne résistons pas maintenant. (…) C’est notre dernière chance de survie ».

Partager.
Exit mobile version