jeudi, avril 17

L’Organisation Maritime Mondiale, organe de l’ONU, a adopté ce vendredi un texte fixant des ambitions climatiques en matière de transport maritime. Celles-ci sont moindres qu’en 2008.

Les États membres de l’Organisation maritime internationale (OMI), une institution spécialisée des Nations Unies, ont conclu un accord vendredi à Londres sur un système de transport maritime plus écologique. Le texte prévoit une limitation de l’utilisation des énergies fossiles et un mécanisme de compensation pour les entreprises qui ne respectent pas les normes imposées.

L’OMI a déjà adopté une stratégie en juillet 2023 afin de devenir neutre sur le plan climatique d’ici 2050. La voie pour y arriver a été précisée avec cet accord. Les navires devront notamment émettre 40% de gaz à effet de serre en moins d’ici 2030 et même les réduire de 80% en 2040. Il s’agit cependant de réductions fixées par rapport aux chiffres de 2008.

Selon ce texte, qui doit encore être formellement adopté en octobre par l’assemblée de l’OMI, les navires devront, à partir de 2028, soit utiliser un mélange de carburants à moindre intensité de carbone, soit payer pour l’excédent d’émissions par rapport à une trajectoire cible de réduction.

La Belgique vote pour, les pays vulnérables s’abstiennent

Les entreprises qui ne respectent pas les normes devront compenser la différence, fixée à 380 dollars par tonne d’équivalent CO2. L’argent sera versé à un fonds (« Net Zero Fund ») qui servira à rendre le secteur maritime plus écologique et à compenser certains effets négatifs, comme la hausse des prix des denrées alimentaires en raison du transport plus coûteux. Le fonds ne pourra toutefois pas être utilisé dans la lutte contre le changement climatique, contrairement à ce qu’espéraient certains États.

Soixante-trois pays ont soutenu le texte, dont la Belgique, tandis que seize s’y sont opposés, notamment la Russie et l’Arabie saoudite. Les États-Unis n’ont par contre pas participé au vote.

Le secteur maritime est en avance par rapport à d’autres secteurs, et même à des années lumières de ce qui est fait dans le transport aérien.

Une source française à l’OMI

Les pays insulaires du Pacifique, particulièrement vulnérables aux effets du réchauffement climatique, rejoints par d’autres pays, plaidaient pour un prélèvement carbone sur l’ensemble des émissions du transport maritime, et pas seulement celles excédant la trajectoire. Ces pays se sont abstenus, jugeant les mesures insuffisantes.

« Nous ne pouvons pas soutenir un résultat qui n’est pas à la hauteur de la stratégie » affichée par l’OMI, regrette Manasseh Maelanga, ministre du Développement des infrastructures des Îles Salomon. »L’ambition n’est pas celle qu’on espérait en termes de trajectoire, mais elle est supérieure à ce qui existe déjà dans le cadre européen« , affirme de son côté auprès de l’AFP une source française à l’OMI. D’autant que le secteur maritime est en avance par rapport à d’autres secteurs, et même « à des années lumières de ce qui est fait dans le transport aérien », fait-elle valoir.

«Ambition» et «victoire du mulilatéralisme»

L’accord permet de « préserver une certaine ambition » et symbolise une « victoire du multilatéralisme », poursuit la même source, dans un contexte où les États-Unis, qui ont complètement changé de position avec l’arrivée de Donald Trump au pouvoir, avaient décidé de ne pas venir à la réunion du comité.

« Les gouvernements ont compris la nécessité de catalyser et de soutenir les investissements dans les carburants à zéro émission », juge l’International Chamber of Shipping (ICS), qui représente les armateurs, craignant cependant que cela « n’aille pas assez loin pour apporter la certitude » d’atteindre les objectifs de 2023.

Constance Dijkstra, de l’ONG Transport & Environment, craint pour sa part que les règles validées vendredi représentent une autoroute pour les biocarburants, qui sont controversés. Si le Brésil jure que leur production peut se faire sans empiéter sur la forêt, Mme Dijkstra juge au contraire, auprès de l’AFP, « très préoccupant pour la déforestation » la production en masse de ce type de combustibles.

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