jeudi, décembre 18

Arrivé au sommet européen à Bruxelles, Emmanuel Macron a prévenu qu’il s’opposerait à tout «passage en force» sur l’accord UE-Mercosur. Alors que les agriculteurs bloquaient le quartier européen, le bras de fer s’annonce avec Berlin et la Commission, Ursula von der Leyen pouvant signer dès samedi au Brésil.

A son arrivée au sommet européen, le président français Emmanuel Macron s’est dressé contre tout «passage en force» de la Commission européenne sur le projet d’accord de libre-échange entre l’UE et les Etats sud-américains du Mercosur, alors que les tracteurs des agriculteurs paralysaient le quartier européen de Bruxelles. «Le compte n’y est pas, cet accord ne peut pas être signé», a affirmé le Français. Il reconnaît que les clauses de sauvegarde récemment ajoutées, sortes de frein d’urgence en cas d’afflux de produits déstabilisant le marché européen, constituent une avancée dans la bonne direction, «mais elles ne sont pas finalisées et n’ont pas encore été partagées avec les Etats du Mercosur».

Quant à la réciprocité, c’est-à-dire les «clauses-miroir» qui interdiraient des pesticides et autres molécules déjà interdites dans l’UE, «la Commission a fait des propositions, mais ce n’est pas encore prêt». Enfin, la fiabilité des contrôles aux frontières reste incertaine à ses yeux. «Des engagements ont été pris pour les augmenter au 1er janvier, OK, on va vérifier».

La France, qui emmène le camp des opposants à l’accord, désormais rejoint par l’Italie qui juge une signature «prématurée», dit avoir beaucoup travaillé avec les pays susceptibles de freiner la signature. Emmanuel Macron a ainsi cité la Pologne, l’Italie, la Belgique, l’Autriche et les Irlandais. Cependant, la Belgique n’a adopté sur ce dossier qu’une position d’abstention seulement, les différents gouvernements du pays n’étant pas d’accord ni entre eux, ni en interne.

«J’ai un bon sens paysan, personne n’achète avec un chèque en blanc. Si aujourd’hui il y a une volonté de passage en force alors qu’on n’a pas de visibilité sur tout cela, la France s’opposera», a assuré le Français. Dans le même temps, le chancelier allemand Friedrich Merz insistait pour finaliser l’accord, «afin que l’UE continue à jouir d’une crédibilité dans le monde et dans les négociations sur d’autres accords commerciaux».

Rencontre au Brésil samedi

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, est susceptible de signer, ce samedi, au Brésil, cet accord controversé avec le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. Le sujet ne figure pas officiellement à l’ordre du jour du sommet de ce jeudi, mais il ne devrait pas manquer d’y atterrir lors des discussions sur la «géoéconomie».

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l’Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l’accord cette semaine au Conseil des ministres de l’UE, dont un dernier feu vert est nécessaire à la signature de la présidente de la Commission.

Le président brésilien Lula a mis la pression: «Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l’accord tant que je serai président», a-t-il menacé.

En milieu de matinée, alors que le sommet européen n’avait pas encore débuté, Ursula von der Leyen, le commissaire européen à l’agriculture Christophe Hansen ainsi que le président du Conseil Antonio Costa, rencontraient des représentants du puissant syndicat agricole Copa-Cogeca.

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