vendredi, décembre 12

Les plus gros acteurs wallons du secteur de la défense ont été réunis par le gouvernement régional. Il faut s’entendre, se coordonner, tracer l’avenir ensemble. Parce que le secteur pèse des milliers d’emplois en Wallonie et doit pouvoir profiter des investissements colossaux à venir.

Qui a dit qu’en Wallonie, telle une vache qui regarde passer les trains, on se montre trop passif face aux opportunités à saisir dans le secteur de la défense? Les investissements à venir des pouvoirs publics sont énormes, autant que les enjeux géopolitiques à proprement parler, pendant que des moyens sont alloués à la recherche et au développement. En un mot comme en 100, il ne faudrait pas que l’industrie wallonne, historiquement très bien ancrée dans le secteur de la défense, loupe le coche.

Le gouvernement régional mettait en place, voici quelques mois, une task force défense pour accompagner le secteur et positionner la Wallonie. Le fédéral, avec son ministre de la Défense Theo Francken (N-VA), a sa vision stratégique, tandis qu’un protocole d’accord vient d’être signé entre la Défense elle-même et les entités fédérées. Le secteur et l’exécutif wallon ont dès lors tout à gagner à accorder leurs violons, pour que les évolutions à venir dans la défense profitent à la région.

A ce jour, la Wallonie abrite à elle seule 90% du chiffre d’affaires belge du secteur de la défense, à savoir 1,8 milliard sur le total de deux milliards d’euros, selon les chiffres rappelés par le ministre-président wallon, Adrien Dolimont (MR). Il compte quelque 80 entreprises générant environ 5.000 emplois directs. Au-delà du secteur à proprement parler, c’est tout un écosystème qui en dépend, comprenant 511 entreprises, «13.000 emplois directs et autant d’emplois indirects».

Les ténors wallons de la défense

Ce jeudi, au siège du gouvernement wallon, ce sont les locomotives qui se sont réunies, pour dresser un bilan du travail déjà fourni, mais surtout tracer des lignes pour le futur. Au casting, on retrouve donc les patrons des sept grands du secteur wallon de la défense: Arnaud Le Grelle (KNDS Belgium), Julien Compère (FN Browning Group), François Michel (John Cockerill), Alain Quevrin (Thales Belgium), François Lepot (Safran Aero Boosters), Yves Delatte (Sonaca) et Stéphane Burton (Sabena Engineering) et avec eux, Clarisse Ramakers, la directrice générale d’Agoria Wallonie, la fédération de l’industrie technologique, et Olivier Vanderijst, président de Wallonie Entreprendre.

Une réunion de travail et non un conseil de guerre, ont assuré les intervenants.

Les raisons de se coordonner et les opportunités sont de différents ordres. Les discussions ont notamment porté, selon le ministre de l’Economie, Pierre-Yves Jeholet (MR), sur les retombées économiques, les investissements en recherche et développement et le domaine de la formation. L’intérêt consiste avant tout à tracer une feuille de route, à dessiner «une politique industrielle, avec une vision et un cadre à long terme, 20 ou 30 ans. Et c’est ce qui faisait défaut en Wallonie», comme l’indique Stéphane Burton, CEO de Sabena Engineering.

Pour le volet emploi et formation, précisément, la Région wallonne mettra en place une série d’initiatives durant l’année à venir, précisément pour rencontrer les enjeux en matière de recrutement et de compétences. Il s’agira de «Rencontres Opportunités Défense» pour promouvoir les carrières dans le secteur, d’adaptation des filières dans les centres de compétence ou encore d’opérations «Coups de poing pénurie» pour les métiers critiques, dans les domaines des ingénieurs, de l’électromécanique ou de la soudure.

«On a la chance d’avoir sept grosses industries de défense»

Clarisse Ramakers, vous êtes directrice générale d’Agoria Wallonie. Le ministre-président et le ministre wallon de l’Economie ont réuni les grands du secteur de la défense, pour établir une ligne directe avec eux, dans le contexte géopolitique qu’on connaît. Cette ligne, cette connexion avec le politique faisait-elle défaut, jusqu’alors?

Ca ne faisait pas défaut de manière individuelle. Chaque grosse industrie wallonne a des contacts directs et réguliers avec les ministres fonctionnels. On a la chance, en Wallonie, d’avoir sept grosses industries de défense. L’intérêt, ici, c’est de faire en sorte qu’elles travaillent mieux ensemble, qu’elles mutualisent leurs moyens, leurs besoins, mais aussi leurs forces de manière à pousser les sujets qui sont prioritaires pour elles. Un enjeu majeur, parce que c’est grâce à l’augmentation des capacités et des chiffres d’affaires de ces grandes industries qu’on va avoir un impact sur les PME.

Les grandes industries de la défense, en Wallonie, ne sont donc pas concurrentielles entre elles? Elles collaborent?

Souvenons-nous que la Défense est constituée de différentes composantes: terrestre, marine, aérienne, cyber (NDLR : médicale également). Ce sont des mondes dont les enjeux et les besoins ne sont pas nécessairement les mêmes, bien qu’il y ait des points communs. Cette réunion, et les autres qui suivront, doit permettre de faire en sorte qu’on puisse porter cette voix au niveau fédéral de manière unifiée.

D’importants investissements sont annoncés dans le secteur de la défense, de même que des moyens pour la recherche et le développement. Est-il temps pour l’industrie wallonne de mettre un pied dans la porte pour pouvoir avoir sa part du gâteau? Pierre-Yves Jeholet considère qu’il faut être suffisamment «offensif»…

Les deux pieds. Elle avait déjà un pied dans la porte, ce serait bien qu’on mette les deux. Un contact direct avec le secteur, une telle réunion sans tabou, c’est aussi un message important pour cette raison.

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