Comment trouver le bonheur? Un Belge a tenté de récolter les réponses aux quatre coins du monde, en interrogeant une centaine de chercheurs, dont les travaux sont synthétisés dans le World Book of Happiness.
La quête de bonheur peut donner lieu à de fausses routes, de vaines promesses et des espoirs déçus. Elle peut aussi constituer un vaste domaine de recherche, dans lequel se plonger avec sérieux. Tel est le chantier dans lequel s’est lancé le Belge Leo Bormans, auteur d’ouvrages de psychologie pour adultes et enfants.
Il a demandé à une centaine de chercheurs à travers le monde de synthétiser, en quelques paragraphes, l’état des lieux de leurs recherches sur le bonheur. Ce travail de compilation avait fait naître The World Book of Happiness, en 2010. Traduit en douze langues et diffusé dans plus de vingt pays, l’ouvrage rencontra un succès international.
Plus d’une décennie plus tard, Leo Bormans en publie une nouvelle version (1), dans laquelle interviennent des spécialistes de l’Australie à la Belgique, en passant par le Mexique, le Liban, l’Algérie ou encore Hong Kong. Parmi eux, des psychologues, des économistes, des statisticiens, des philosophes, etc. En résulte un «diamant aux multiples facettes», comme le qualifie son auteur. Une somme empreinte de psychologie positive qui a le grand mérite d’offrir des approches très diversifiées.
En quoi cette mise à jour de votre livre, treize ans après la première édition, était-elle nécessaire? Les temps changent-ils si rapidement?
Le monde a changé, et pas qu’un peu. Je cherche à savoir non pas ce qu’on croit du bonheur, mais ce qu’on en sait. Ce sont des scientifiques de premier plan et originaires de partout dans le monde. Je leur ai demandé de formuler en une phrase ce qu’est, selon eux, l’essence de ce qu’ils savent du bonheur. Je leur ai aussi octroyé mille mots pour expliciter cette phrase, de même que six conseils, ce qui était un peu plus difficile pour eux. Ils font des recherches sur le bonheur, mais trouver les mots pour décrire des actions à mettre en œuvre n’est pas si évident. Je m’efforce d’être un jeteur de ponts entre ces chercheurs et la vie normale. S’ils avaient tous dit la même chose, c’eût été un problème, mais ce ne fut pas le cas. Les cent interventions sont toutes singulières et aident à mieux comprendre ce qu’est le bonheur, en bénéficiant du regard de professeurs indiens, islandais, finlandais, africains, etc. Il est curieux de constater qu’ils ont un but commun, leurs interventions ne sont jamais contradictoires.
Nulle part dans le monde, on ne considère que c’est l’argent, une voiture ou une belle maison qui fait le bonheur.
Un dénominateur commun se retrouve-t-il dans toutes les interventions, d’où qu’elles viennent?
Les quinze dernières années, j’ai pu observer un mouvement passant du «je» au «nous». Après la Seconde Guerre mondiale, le discours dominant a été celui du bonheur à travers le succès, l’argent, les biens matériels. En même temps, des enquêtes démontrent que même dans les pays riches, un tiers des personnes ressentent chaque jour des émotions négatives comme la peur, l’inquiétude, la colère ou le stress. Ce n’est pas normal et c’est aussi le résultat d’un système centré sur le «moi», sur l’ego. Le bonheur n’est pas une chose individuelle mais relève aussi du social. La famille, les collègues, les amis sont essentiels. Il s’agit de la deuxième phase. Mais une troisième phase est apparue, nous y sommes aujourd’hui et c’est une chose à laquelle je ne m’attendais pas. On pourrait parler d’une transition vers un bonheur durable. Cela n’apparaissait pas dans le premier livre, or de nombreux professeurs en parlent désormais. Entre la première et la deuxième phase, on est passé du «moi» au «nous», mais un «nous» en opposition à un «eux»: moi et ma famille, mon pays, mon entreprise, etc. Le «nous» de la troisième phase est un peu différent, plus global, c’est un «nous tous». (NDLR: il décrit ces trois phases en anglais, passant de I à we puis à us). Nous sommes passés du bonheur subjectif (subjective happiness) au bonheur social (social happiness) et, désormais, au bonheur durable (sustainable happiness). Voilà où nous en sommes aujourd’hui. On ne peut pas être heureux dans un monde qui n’est pas heureux. L’état des forêts, la guerre, les virus: tout cela influence notre bonheur. Nous sommes interconnectés. La compétition ne nous rend pas heureux, c’est la coopération des gens partout dans le monde, tant avec mes amis qu’avec ceux que je ne connais pas, qui contribue au bonheur.
Peut-on parler d’une forme de conscience de la condition humaine à l’échelle globale?
C’est cela. Nous sommes influencés par ce qui se passe ailleurs. Lorsque la guerre est proche, on sait que cela peut mettre notre bonheur en péril, mais c’est aussi le cas des changements climatiques, des virus, etc. On comprend que tout est interconnecté. C’est donc un appel à reformuler ce qu’est le bonheur.
Existe-t-il une définition du bonheur sur laquelle on s’accorde, partout dans le monde?
Il existe naturellement des sensibilités et de nombreuses définitions, mais les recherches ne sont pas contradictoires. Personnellement, j’aime celle avancée par la London School of Economics. Ils identifient trois niveaux. Le premier est celui de la vie agréable (the pleasant life), le deuxième celui de l’engagement (the engaged life), le fait de faire quelque chose. Le troisième, c’est le sens (the meaningful life). De ce point de vue, le bonheur, c’est «feeling good while doing good» (se sentir bien en faisant le bien). Cela correspond aux trois niveaux: se sentir bien (premier niveau), tout en agissant (deuxième niveau) mais en faisant quelque chose qui a du sens (troisième niveau). Votre journée aura sans doute été heureuse si vous avez fait quelque chose et que cette chose avait du sens pour les autres. Le terme «générativité» désigne le fait d’être soucieux et engagé pour les générations futures. Si on s’arrête au premier niveau, on ne pense pas globalement. Je crois que mes parents ne pensaient pas au problème global. Les jeunes générations, elles, en sont très conscientes.
Dans l’ouvrage, il n’y a pas un seul expert à travers le monde qui ne parle pas de relations sociales, de contact avec l’autre. Partout sur la planète, les spécialistes semblent dire que le bonheur passe par le lien.
Le lien, mais aussi le temps et l’attention accordés à l’autre. Nulle part dans le monde, on ne considère que c’est l’argent, une voiture ou une belle maison qui fait le bonheur. C’est pourtant cette vision centrée sur l’ego que vendent la publicité et les réseaux sociaux. Les recherches sur le bonheur disent le contraire. Nous le savons tous, en fait, mais nous n’agissons pas dans ce sens.
Est-ce le paradoxe du bonheur?
Oui, et il faut pouvoir le dire. Vous pouvez acheter tous les gadgets que vous voulez, la publicité vous fera croire que c’est la clé. Le bonheur semble pouvoir être acheté partout, même en se payant un café en rue. C’est un phénomène assez neuf, d’ailleurs. Vous n’achetez plus une tasse de café mais une tasse de bonheur. C’est omniprésent, même si on sait que ça ne marche pas de cette façon. Après, on ne peut obliger personne à être heureux. Le but, ici, consiste à parler de ce qu’on sait du bonheur. Notre vie s’est allongée, mais si on n’est pas heureux, que fait-on? Vivre plus longtemps en étant malheureux, n’est-ce pas une punition? Essayons peut-être de suivre les conseils des chercheurs qui se penchent sur ces questions.
Le bonheur peut-il être très concret? Certains scientifiques intervenant dans votre livre évoquent des paramètres qui se mesurent: une personne heureuse vit en moyenne plus longtemps, est en meilleure santé, etc.
Il n’y a rien de négatif à être heureux. Les optimistes vivent plus longtemps, rencontrent davantage de succès, ils sont meilleurs en sciences, dans leur sexualité, en tout. Je ne dis pas que vous êtes obligé d’être optimiste, mais votre vie sera meilleure si vous l’êtes. C’est le but du World Book of Happiness, qui vous permet, en quelque sorte, de lire cent livres en un, à travers cent professeurs qui ont écrit eux-mêmes vingt livres et une multitude d’articles sur le sujet. Je ne suis pas en train de vous raconter des histoires que j’ai sucées de mon pouce, de vous dire que vous devez me suivre, tel un gourou, que je vais vous apprendre à marcher sur le feu ou je-ne-sais-quoi. J’essaie juste de récolter ce qu’on connaît du bonheur. Le livre comprend six cents conseils, pourquoi ne pas en suivre quelques-uns? Si ça vous permet d’augmenter votre bonheur ne serait-ce que de 10%, n’est-ce pas déjà formidable? Naturellement, les gens sont différents, ce qui est bon pour moi ne l’est pas nécessairement pour vous ou vos amis. C’est une richesse.
Lorsqu’on songe à la quête du bonheur, on pense aussi à tout un business autour de cette quête, avec ses recettes miracles et ses charlatans. Est-ce une difficulté, pour vous, lorsque vous cherchez à parler du bonheur?
Sur Amazon, on trouve cent mille livres dédié au bonheur ; il y a de tout. Chacun fait ce qu’il veut. Si vous voulez croire les charlatans, c’est votre droit. Mais il existe des possibilités de comprendre l’essentiel du bonheur. Transmettre ça est la mission que je me suis donnée. Lire des livres sur le bonheur n’est pas suffisant, il faut aussi agir. Le bonheur ne tombe pas du ciel. C’est la différence entre l’espoir et l’optimisme: l’espoir, c’est l’optimisme avec les manches retroussées. Cela n’arrivera pas qu’en achetant telle marque de café ou en buvant telle boisson. Mais les connaissances sur le sujet peuvent nous aider. Par exemple, la comparaison sociale est plutôt négative. En faisant de la comparaison horizontale, vous trouverez toujours une personne plus riche, plus sexy, qui réussit mieux que vous. La comparaison verticale, par contre, ce qu’on appelle l’ambition, est positive. Où étais-je il y a dix ou vingt ans? Qu’ai-je accompli? Qu’ai-je envie d’accomplir? Ces questions-là sont constructives. Les gens qui veulent apprendre sont curieux, ouverts d’esprit et aussi plus heureux que ceux qui sont fermés. Si vous considérez que vous avez votre diplôme, que vous savez tout et que vous n’avez pas besoin des autres, ça ne vous rendra pas heureux. La découverte des langues, de nouveaux hobbys, de gens différents, d’autres religions, cultures, croyances, couleurs, orientations sexuelles, vous rendra plus heureux.
N’y a-t-il pas un problème d’équité dans l’accès au bonheur? Lorsque les Nations unies publient leur rapport mondial sur le bonheur, en tenant compte d’une série de paramètres, les pays riches comme la Finlande et le Danemark arrivent en tête de classement, tandis que l’Afghanistan figure en queue de peloton.
Nous avons eu de la chance d’être nés où nous sommes nés, effectivement. Des recherches ont été menées sur les raisons qui ont conduit la Finlande à se trouver en tête de ce classement. Il y a un siècle, la Finlande, c’était l’enfer, du point de vue des conditions d’existence, de l’espérance de vie, de la mortalité infantile, etc. Pareil pour l’île Maurice: l’enfer sur Terre. Des chercheurs ont étudié ce qui avait joué dans ces pays. L’explication tient en quelques mots: l’éducation pour les filles. En Afghanistan, c’est tout l’inverse. En Finlande, ils ont multiplié le nombre d’enseignants par dix, avec l’obligation d’aller à l’école jusqu’à 18 ans pour les garçons et les filles. L’éducation a tout changé, elle rend la vie meilleure, vous rend libre de prendre les bonnes décisions pour votre existence, elle augmente l’innovation, l’hygiène, la santé, etc.
Le système dans lequel nous vivons est basé non pas sur la satisfaction, mais sur l’insatisfaction.
Plusieurs experts, dans l’ouvrage, considèrent aussi que le bonheur est directement lié à la démocratie et à l’exercice des libertés. Est-il indéniable que ce sont des conditions qui favorisent le bonheur?
Partout dans le monde, les trois mots de la Révolution française, «Liberté, Egalité, Fraternité», sont des valeurs qui rendent heureux. Elles sont en danger, comme nous le savons. Il faut par ailleurs garder à l’esprit qu’un écart de bonheur se creuse. Emmanuel Macron a beau dire que les Français sont globalement heureux, il oublie que les gens les plus heureux le sont devenus un peu plus, tandis que le nombre gens qui ne sont pas heureux a été multiplié par cinq ces dernières années. La moyenne n’est pas mauvaise, mais l’écart s’est accentué. Attention, je ne parle pas des écarts de richesse, mais de bonheur. Ceci explique notamment ce mécontentement qu’on ressent dans nos pays. L’ensemble du système dans lequel nous vivons est basé non pas sur la satisfaction, mais sur l’insatisfaction. On doit être insatisfait, sans quoi on ne peut être séduit. On doit être séduit pour voter, pour acheter des produits, poser certains actes, etc. Si vous êtes heureux et satisfait avec vos chaussures et votre téléphone, on ne vous séduira pas. Le but est de vous convaincre que vous êtes insatisfait. Certains partis politiques misent sur cette insatisfaction. Si les gens sont heureux, ils perdent des électeurs. Or, l’objectif à prôner, me semble-t-il, est une forme de satisfaction active. J’ai cette chance de pouvoir aller à l’école, d’apprendre, de rencontrer des gens: qu’est-ce que j’en fais? J’ai fait une rencontre, très importante à mes yeux, avec un réfugié afghan venu dans mon village avec sa famille, il y a sept ans. Je faisais mes recherches sur le bonheur… et lui se trouvait dans un camp de cinq cents réfugiés à deux pas de chez moi. J’ai appris beaucoup plus de lui que des chercheurs. Il venait du pays le plus malheureux du monde. Nous avons écrit un livre ensemble sur sa vie et il a écrit un chapitre dans mon livre. C’est la même chose pour ce professeur libanais, que j’ai vu à Beyrouth il y a une dizaine d’années, entre les frappes de bombes. Il a quitté le pays parce qu’il n’y trouvait pas de soins médicaux pour ses enfants. Le Liban est passé du milieu de classement à l’avant-dernière place en une décennie. Il est réfugié au Canada, à présent.
En lisant les interventions des chercheurs dans votre livre, on peut régulièrement se dire que, finalement, les conseils qui permettent d’accroître son bonheur sont assez simples et concrets.
La règle d’or qui traverse le livre, c’est «rendez les autres personnes heureuses». Ce n’est pas tellement difficile et ça ne coûte pas beaucoup d’argent. Si vous voulez vous sentir bien, faites le bien. Ecouter est plus important que parler, donner est plus important que recevoir ou accumuler. Mais l’ensemble du système environnant fait l’inverse, nous apprend à être insatisfaits. Je ne souhaite pas être négatif, mon objectif consiste même à envoyer des signaux positifs. Tous les chercheurs intervenant dans le livre, d’ailleurs, s’inscrivent plutôt dans l’optimisme que dans le pessimisme. L’être humain le sait mais le système nous fait nous concentrer sur les mauvaises choses. Cependant, il faut souligner cette tendance dans la recherche de bonheur qui invite à se concentrer sur la communauté plutôt que l’individu, sur la coopération plutôt que la compétition, sur les liens plutôt que sur l’ego, sur la responsabilité sociale plutôt que le statut. On l’a vu pendant le Covid, alors qu’on applaudissait le personnel soignant. Cela comptait plus que la dernière voiture, les nouveaux vêtements, le téléphone onéreux à la mode. On doit changer le narratif, ça ne coûte rien et ce n’est pas si difficile. Le bonheur durable n’entre pas en contradiction avec le fait de mener une bonne vie.
Pendant que nous évoquons cela, d’autres à travers le monde vivent dans des conditions difficiles. Vous sentez-vous seul, parfois, à prôner le bonheur?
On peut me qualifier d’un peu naïf ou vivant dans le fantasme. Mais ce n’est pas le cas. Il n’y a rien de négatif à être optimiste. Et la plupart des gens se soucient des autres, on le voit en rue, dans les hôpitaux, les écoles, etc. Je connais bien le monde, j’ai visité beaucoup d’endroits. J’ai été surpris de voir à quel point au Groenland, personne ne veut quitter le pays. J’aurais presque envie de demander: pourquoi vivre sur ce territoire où il fait si froid? Venez en Europe, où le soleil brille. Ils ne le veulent pas. Le plus important, c’est leur cohésion sociale, le lien avec le lieu de leur naissance, leurs amis, les valeurs communes, la nature. On n’accueille pas de réfugiés du Groenland chez nous, ils semblent plutôt heureux dans leur pays. Evidemment, les réfugiés recherchent la sécurité en tout premier lieu, plutôt que le bonheur. Mon ami afghan n’avait jamais entendu parler de bonheur, ce mot ne figurait pas dans son vocabulaire. Il n’était pas en quête de bonheur, mais de sécurité pour ses enfants.
Certaines interventions d’experts vous ont-elles surpris, déconcerté?
Toutes à leur manière. Ils s’inscrivent dans leur propre environnement, naturellement. J’ai également demandé à ChatGPT d’écrire un texte sur le bonheur. C’était parfaitement structuré, mais je n’ai rien senti, pas de doute, pas de recherche, pas d’humanité. J’ai été surpris d’apprendre que dans le domaine de la génétique, on a repéré des prédispositions au bonheur. Tout le monde ne naît pas avec les mêmes chances. Mais le plus important, c’est qu’une part importante du bonheur réside dans l’état d’esprit, notre manière de voir les choses. Parfois, on ne peut pas changer les choses, mais bien notre regard sur elles. On l’observe lors de situations de guerre ou de détresse. Si vous vous rendez à l’hôpital avec un état d’esprit positif, vous doublez vos chances de survie, vous agissez dans ce sens. C’est une bonne nouvelle, en fait. Cela ne se réduit pas à formuler des phrases positives et dire qu’après la pluie vient le beau temps. Je ne vous parle pas de rêver à la fin de la guerre ou de perdre dix kilos sans agir. Il s’agit du développement de l’espoir: définir ses objectifs, trouver les moyens d’y parvenir, prendre possession de sa vie. C’est là que se situe la différence entre l’espoir et le désir. Ce n’est pas le désespoir qui fait avancer les réfugiés, par exemple, mais bien l’espoir.
Leo Bormans: sa bio express
1954
Naissance, dans le Limbourg.
1976
Master en langues et philosophie à la KU Leuven.
1989 – 2012
Rédacteur en chef du magazine éducatif néerlandophone Klasse.
2010
Publication de The World Book of Happiness, puis d’autres ouvrages écrits dans le cadre de ses recherches en psychologie positive.
2017
Devient conférencier à l’université Erasmus de Rotterdam.
2020
Coécrit De Knikkers van Qadir avec Qadir Nadery, réfugié afghan venu en Belgique.
2023
Sortie de Le Bonheur, nouvelle version de The World Book of Happiness.