Maxime Prévot (Les Engagés) a sans doute vécu la première année de l’Arizona comme la plus intense de sa vie politique. Il regrette notamment la géométrie variable imposée à la TVA par le compromis budgétaire.
Il a commencé sa carrière sur les pas de Jacques Etienne à Namur, il suit désormais ceux de Pierre Harmel aux Affaires étrangères. Maxime Prévot a quitté fin janvier la présidence des Engagés pour devenir vice-Premier de l’Arizona de Bart De Wever. Depuis, il sert abondamment son lexique wallon –demandez-lui ce qu’est une soquette, et vous saurez qu’il ne s’agit pas de chaussettes– et ses expressions idiomatiques (cet argent qu’on ne trouve pas «sous le sabot d’un cheval», ces mesures dont «on a besoin comme de pain» et ces prochaines élections auxquelles il faut penser plutôt qu’à la prochaine génération), à la Belgique mais aussi au reste du monde. Parce que, dit-il, «j’essaie en général d’avoir un langage accessible, et de faire de la pédagogie. Je revendique mon ancrage semi-rural, et la nécessité d’utiliser des expressions qui sont facilement compréhensibles pour tout le monde, pour éviter un langage technocratique.» Alors, on y va, avec un des hommes de cette année 2025.
Avez-vous à un moment donné hésité à rester président des Engagés et bourgmestre de Namur?
Maxime Prévot: Je pense qu’en 2024, j’étais encore dans l’optique de rester président de parti et bourgmestre de Namur. Je venais d’être réinstallé, avec un très gros capital confiance, pour un troisième mandat successif. Mais en 2025, durant le mois de janvier, j’ai commencé à m’interroger, effectivement, en me disant qu’après 18 ans d’engagement local, et alors que j’entamais ma dix-huitième année comme parlementaire, l’occasion était probablement unique de pouvoir prendre un peu de recul, plus macro, dans la gestion des enjeux, là où j’ai longtemps été confronté au micro, comme bourgmestre. Cela correspondait aussi à un momentum d’aspirations personnelles et intellectuelles à la gestion d’autres enjeux. Et il faut bien reconnaître que la négociation de l’accord de gouvernement en lui-même, pour y avoir consacré huit mois…
Et ça, c’était à la fois du micro et du macro…
Maxime Prévot: En effet, et cela m’a mis l’eau à la bouche. Pas pour le mandat en tant que tel, j’avais déjà été ministre, je n’avais pas aspiré à tout prix à l’être à nouveau. J’étais très fier d’avoir pu permettre la remontada des Engagés et d’avoir pu consolider l’essor de notre mouvement quelques mois après au scrutin communal. Mais, voilà, on avait un rapport de force qui nous permettait de peser dans le gouvernement. C’est la raison pour laquelle j’ai dit à Bart: «Je sens que je suis mûr pour faire le plongeon, mon souhait, c’est d’avoir les Affaires étrangères, si ce n’est pas le cas, je ne suis pas sûr que j’aurai la même aspiration», parce que je ne voulais pas être ministre pour être ministre, quelle que soit la compétence. Donc je lui ai dit, voilà: dans les cinq compétences régaliennes, c’était celle-là sur laquelle j’avais une demande, s’il souhaitait que je sois à ses côtés.
En quittant la présidence, vous lancez aussi, volontairement, le parti dans une autre vie…
Probablement, parce que ceux qui me connaissent savent que, de longue date, j’explique ne pas vouloir souhaiter faire de la politique toute ma vie. Je suis convaincu que la vie est faite de cycles, et cela fait maintenant 25 ans que je suis politiquement engagé. D’une part, je n’ai pas envie de m’enfermer dans la vie politique jusqu’à mes 67 ans et de devenir moi-même le vieux baron que je dénonçais quand j’en avais 20. D’autre part, la vie politique est très courte, j’ai des gens proches, très proches, qui sont précocement partis cette année, raison pour laquelle, plus que jamais, je me dis que je ne dois pas résumer ma vie à la politique.
Mais ministre des Affaires étrangères, ce n’est pas apolitique comme métier, si?
Maxime Prévot: Ah non, non, non. Mais ce que je veux dire par là… J’ai 47 ans aujourd’hui, j’adore ce que je fais, intellectuellement c’est très stimulant même si c’est physiquement éreintant et que ce travail exige beaucoup de sacrifices familiaux… et les années qui viennent auront un moment donné rendez-vous avec la fin de mon cycle. Donc, c’est bien que je puisse préparer aussi l’après-Prévot chez Les Engagés. Il était opportun de passer le relais. J’ai été auréolé d’un succès qu’il sera probablement difficile, désormais entré dans un gouvernement, de nécessairement renouveler à titre personnel.
On y reviendra, à ce sujet aussi…
Maxime Prévot: Et puis, il faut également diversifier les visages qui incarnent le mouvement, on ne peut pas être membre d’un exécutif et président de parti. Pour que le mouvement que j’ai créé continue de fonctionner et de grandir, il me semblait pertinent que je ne sois pas non plus celui qui se l’accapare.
Vous aviez travaillé à vous distancier du PS, parce qu’on accusait le CDH d’y être «scotché». Yvan Verougstraete travaille à faire entendre la voix engagée dans un duo devenu duel avec le MR, donc en s’en distanciant. Est-ce délibéré, pensé, stratégique?
Maxime Prévot: Si mon souhait avait été de donner un gage de déscotchage au MR, je ne suis pas sûr que le profil entrepreneurial d’Yvan eût été en phase avec cette idée…
Ce qui est le plus surprenant, trois ans après votre refondation, c’est qu’on n’a pas encore connu de scandale concernant la moindre de vos nouvelles recrues. Statistiquement, c’était très improbable…
Maxime Prévot: Très sincèrement, dans le personnel politique qui est le nôtre chez les ministres et les députés, je ne vois aucune erreur de casting…
Mais personne n’a crevé l’écran non plus…
Maxime Prévot: Non, mais je ne cherche pas à faire de la politique pour être une ferme d’élevage de vedettes. Ce qui m’intéresse est de doter le paysage politique de gens crédibles. Et je reconnais que dans d’autres formations politiques, parfois, cela fait défaut. Je pense que chez nous, on a des gens qui ont choisi d’être à nos côtés, qui se sont engagés à mener des listes au moment où tout le monde nous prédisait la catastrophe électorale. Le tri s’est opéré de lui-même par le choix que j’ai fait de nous mettre dans l’opposition. Ceux qui étaient à nos côtés pour des raisons alimentaires, parce qu’ils avaient plus de chances, avec le CDH, de se retrouver dans des cabinets sont partis. Ceux qui étaient là par opportunisme ont déserté.
«Je ne cherche pas à faire de la politique pour être une ferme d’élevage de vedettes»
Mais toutes les places que vous avez proposées à des figures de la société civile étaient éligibles, très souvent à coup sûr.
Maxime Prévot: Pas toujours. Regardez Yves Coppieters, tête de liste au fédéral dans le Brabant wallon alors que cela faisait presque 20 ans qu’on n’y avait plus d’élu. J’ai beaucoup de gratitude pour ces gens convaincus par notre processus de renouveau, qui ont pris des risques. C’était plus confortable pour eux, et certains ont fait des danses du ventre, hein, pour aller vers d’autres formations plutôt que de faire le pari d’être alignés avec leurs valeurs, à nos côtés, sans la certitude du résultat.
Vous est-il arrivé d’éviter de recruter quelqu’un parce qu’il y avait un risque qu’on découvre un scandale?
Maxime Prévot: Cela m’est arrivé, en effet. Je ne vais pas citer de nom. Mais je n’ai jamais voulu importer des emmerdes en faisant un calcul de court terme et en me disant «bah, tant que ça ne se sait pas, capitalisons dessus». C’est toujours un mauvais calcul parce que, tôt ou tard, la bombe finit par exploser. Et ce n’est pas ma manière de faire de la politique. Ce qui vous permet de capitaliser de la confiance, chez les citoyens, c’est la sincérité de votre démarche. Aujourd’hui, au sein des Engagés, on a un personnel politique qui s’est forgé dans la résistance et le débat d’idées, à un moment où tout le monde écrivait déjà notre avis nécrologique. C’est d’autant plus beau que le résultat fut au rendez-vous, mais tous ceux qui sont aujourd’hui titulaires de postes de parlementaires ou de ministres le sont en vertu de leurs propres mérites. Aucun n’est là parce qu’il s’est dit «il y a de l’opportunisme à saisir». Cela, nous devons le conserver.
On avait dit que l’Arizona serait un duel à trois, avec De Wever, Rousseau et Bouchez, et avec les centristes qui seraient là pour éviter le carnage. Est-ce bien votre place dans la machinerie de ce gouvernement?
Maxime Prévot: Disons que j’ai un tempérament orienté solutions. Je trouve que défendre ses convictions est indispensable, mais être en capacité d’écouter celles des autres l’est encore plus. Expliquer, à grands renforts d’arguments, pourquoi son point de vue est le meilleur, mais être en déficit de qualité relationnelle pour pouvoir convaincre son interlocuteur qu’une voie de convergence est possible, n’aide pas à faire des deals. Je ne suis pas quelqu’un qui fait de la politique dans un schéma de guerre idéologique. En Belgique, je n’aurai jamais de majorité absolue, et je dois aussi tenir compte des sensibilités des autres. C’est pour cette raison que cela me fait toujours rire jaune quand des citoyens brandissent à nouveau le programme électoral en disant «c’est ce que vous nous aviez promis!». Oui, dans une campagne électorale on expose notre vision d’un projet de société. Quand vient le moment de la constitution d’un gouvernement, on ne doit évidemment pas renoncer au programme. Mais nous ne sommes pas seuls à décider, on ne peut pas obtenir 100% de gain par rapport à ce qui avait été dit. Ce n’est pas pour autant qu’on a menti, ni même qu’on a trahi! Mais à un moment, on doit faire des compromis.
«Défendre ses convictions est indispensable, mais être en capacité d’écouter celles des autres l’est encore plus.»
Ce qui veut dire que vous pourrez reprendre votre programme de 2024 en 2029, et refaire les mêmes promesses?
Maxime Prévot: Soyons clairs, un programme électoral, un manifeste, ne sont pas uniquement faits pour cinq ans. La vision de la société que vous portez, vous espérez pouvoir l’imprimer au cours des décennies à venir. Vous ne faites pas un programme électoral pour trois ou quatre ans. Le projet doctrinal que vous portez a vocation à être la colonne vertébrale des élections qui se succèdent. Comme la vision socialiste ou la vision libérale transcendent les décennies. A chaque élection, on exprime à nouveau nos volontés, nos priorités. Et après chaque scrutin, principe de réalité, il faudra trouver…
…à ne pas produire trop de déçus?
Maxime Prévot: Ne peut être déçu que celui qui croit qu’un parti politique peut avoir 100% de résultat. Alors là je comprends que certains soient déçus. Mais je réfute cette accusation grotesque alimentée par l’opposition selon laquelle on aurait menti, on aurait trahi. On n’a pas cessé de dire durant la campagne que le modèle d’aujourd’hui, le système belge, était épuisé, qu’il faudrait donc le changer de manière radicale. Maintenant, on nous dit «vous faites des réformes disruptives, avec l’Arizona, bande de salauds!». Je réponds «non!» On avait dit que notre modèle ne tenait plus la route…
Parce que vous avez ensuite pris des positions sur le budget pluriannuel qui sont vraiment impopulaires: proposer de toucher à l’indexation automatique des salaires ou d’augmenter la TVA…
Maxime Prévot: Et je pense d’ailleurs encore aujourd’hui qu’il eût été préférable…
Oui, mais avouez qu’au moment de la campagne il aurait été moyennement opportun de se présenter avec de telles propositions…
Maxime Prévot: Probablement. Mais j’ai répété hier à une conférence: il y a eu une erreur collective faite par la classe politique et médiatique francophone en 2024. A aucun moment dans les débats électoraux, les questions budgétaires ne se sont invitées, ni sur proposition des partis politiques…
Et cela aurait été plus courageux?
Maxime Prévot: Oui, mais même les journalistes n’ont pas énoncé cette proposition! Alors qu’en Flandre il n’y avait pas un seul débat électoral sans qu’on n’aborde la question budgétaire, et c’est d’ailleurs sur cette question-là que De Wever a pu battre le Belang. Je comprends que pour les francophones, les mesures qui ont été décidées leur tombent plus durement sur la cafetière, parce que l’opinion publique n’a pas été préparée à ouvrir les yeux de manière lucide sur le déficit budgétaire gigantesque de l’Etat. Il y a un côté: «Mais enfin, qu’est-ce qui vous prend à venir tout d’un coup avec des mesures aussi radicales?» Là, on a péché par manque de pédagogie et de préparation de l’opinion politique.
C’était aussi un manque de courage?
Maxime Prévot: Oui, probablement. Je pense que cela explique un peu l’effet Kiss Cool d’une opinion publique francophone surprise par l’ampleur des réformes qui sont prises. Après, pour revenir sur la question de la TVA, je pense toujours qu’on aurait été mieux inspirés d’augmenter la TVA de 1% pour tout le monde. Evidemment, je suis conscient que toute augmentation n’est jamais agréable…
C’est pourquoi il vaut mieux la faire après les élections, ou longtemps avant…
Maxime Prévot: Oui. M’enfin, est-ce que réellement acheter un bien 122 euros au lieu de 121 aurait été à ce point dramatique? Parce que le fait d’avoir, de la part du MR, fait un blocage principiel là-dessus a eu comme effet collatéral qu’on a dû restreindre l’assiette des contributeurs ciblant certains secteurs, qui, eux, ont vu leur TVA passer de 6% à 12%, donc doubler. Avec incompréhension ils se disent «mais pourquoi nous?». Tout ça est à nouveau le fruit d’un compromis, mais on doit aujourd’hui, en vertu de cette sincérité que j’évoquais, dire aux citoyens que les années à venir ne seront pas des années faciles. Et je rappelle que ce que nous avons décidé ne sauve pas la Belgique du gouffre budgétaire. Cela nous ramène à moins 4% de déficit au lieu de moins 6%.
Alors que l’objectif est de 3%…
Maxime Prévot: Exact!
Cela veut-il dire que vous passerez encore ces prochaines années à négocier, dans ce duel à trois, de nouvelles mesures de réduction du déficit?
Maxime Prévot: Probablement… Probablement… Probablement! Et la prochaine législature aussi, qui que ce soit qui compose le gouvernement. Il nous faudra dix ans de mesures courageuses, potentiellement peu populaires, si on veut sauver la Belgique du gouffre financier.
«ll nous faudra dix ans de mesures courageuses, potentiellement peu populaires, si on veut sauver la Belgique du gouffre financier.»
Les arguments sont déjà prêts dans tous les coins du duel à trois, non?
Maxime Prévot: On espère tous que la conjoncture repartira à la hausse, qu’on aura plus de croissance, et qu’on ne sera pas obligés de refaire un nouveau tour de mesures désagréables. Mais aujourd’hui, vu le contexte mondial, si on n’a pas compris que les années à venir ne seront pas celles de Bisounours mais des moments compliqués, qui risquent d’influencer, quel que soit le gouvernement, notre architecture générale, oui, il y a du déni. Mais je pense que le mérite du Premier ministre et de son équipe, c’est de refuser le déni. On a le courage d’assumer des réformes que probablement tous les gouvernements antérieurs auraient dû prendre depuis 20 ans.
Le gonflement des effets retour prévus par l’accord de gouvernement n’est-il pas le péché originel?
Maxime Prévot: C’est pour cette raison que cette fois-ci, on a fait un arbitrage sans tenir compte d’effets retour quelconques. Il y a toujours eu des effets retour projetés dans les budgets. Dans le contexte qu’on connaît aujourd’hui, les effets retour projetés en janvier apparaissent effectivement audacieux, c’est vrai. Mais fin janvier on n’était pas dans le même monde qu’aujourd’hui. Et le rythme auquel les changements s’accélèrent nous amène à dire que la maquette budgétaire que nous avons conclue en janvier connaîtra certainement des mutations dans les années qui viennent.
A propos d’audace, vous vous étiez positionnés comme le parti de la santé, et comme celui de l’éducation. Ces deux secteurs sont aujourd’hui encore plus en colère qu’avant les élections, non?
Maxime Prévot: Concernant le secteur de la santé, je le sens davantage préoccupé qu’en colère, notamment par les réformes à venir du paysage hospitalier. Les acteurs de la santé avec qui nous sommes en contact étroit sont bien conscients que c’est la présence des Engagés au gouvernement qui a pu préserver les moyens de leur secteur. Je rappelle que certains partis voulaient supprimer 20% du budget des soins de santé.

Et ils le redemanderont quand il faudra renégocier de nouveaux efforts, non?
Maxime Prévot: Exactement! Je me suis toujours opposé à cette proposition du MR, considérant que la santé c’est le pilier de notre système de sécurité sociale. Nous avons pu faire acter dans la loi la norme de croissance jusqu’à 3% au-delà de l’inflation en 2029, c’est assez inédit comme volume de moyens. La santé a été bien préservée, et j’y ai veillé. Est-ce que pour autant la santé est exempte de tout effort dans le contexte qu’on connaît? Non, mais un effort qui est assez relatif.
Pourquoi ne pas avoir pris cette compétence, en fait?
Maxime Prévot: Pour une raison simple. Vous connaissiez comme moi les réserves exprimées par Vooruit pour entrer dans un gouvernement Arizona. Il est certain que si, de surcroît, son principal négociateur, Frank Vandenbroucke, se voyait privé du portefeuille qu’il affectionnait, on n’aurait simplement pas eu de gouvernement. Mais ce n’est pas parce que nous ne sommes pas titulaires du portefeuille que nous ne sommes pas attentifs à la politique menée, puisque tout passe par le conseil des ministres et par le kern.
Et l’enseignement?
Maxime Prévot: J’ai rencontré une délégation d’enseignants pas plus tard qu’hier soir. Ils m’ont dit «vous aviez promis de défendre l’éducation, on a le sentiment que ce n’est pas le cas». J’ai répondu que Les Engagés restaient, de toutes les formations à la table des gouvernements, la plus viscéralement attachée à la défense de l’éducation. Mais défendre l’éducation, ça ne signifie pas mettre l’école dans un bocal de formol en considérant que rien ne doit bouger, que tout doit rester en l’état, qu’aucune évolution n’est possible. Il faut avoir le courage de changer. Quand l’école représente 80% des coûts de la Fédération Wallonie-Bruxelles, et que celle-ci, pour éviter de se prendre le mur, est contrainte de faire des économies, sachant qu’elle n’a pas de levier pour percevoir des recettes, que donc sa seule capacité pour garder la tête hors de l’eau, c’est des compressions de dépenses, on ne peut pas faire 100% des économies uniquement sur les 20% qui restent et qui concernent l’enfance, la jeunesse, la culture, les médias, etc.
«On ne peut pas dire à tous les métiers du monde qu’ils doivent contribuer, mais que les enseignants sont exonérés.»
Là aussi, pourquoi ne pas avoir pris cette compétence?
Maxime Prévot: Nous l’avions exercée pendant plusieurs années auparavant, et le MR avait fait campagne en disant qu’il la voulait impérativement. Nous, nous avions le souhait de rectifier le tir en matière d’enseignement supérieur, de surtout préserver aussi des velléités du MR des départements comme la culture, l’éducation permanente, la petite enfance, la santé. Il faut un partage. Les réformes se décident conjointement. La forme avec laquelle on les exprime nous distingue parfois. Mais je pense que nous restons plus que jamais les défenseurs de l’enseignement, sans aucun mépris pour les enseignants. Je suis chagriné de voir qu’ils assimilent la part d’effort qui leur est demandé à du mépris pour les enseignants. Il n’y a rien de plus faux. On demande à tout le monde de faire un effort. Tout le monde est affecté par ce qu’on a décidé sur l’index, sur les pensions. Les enseignants ne doivent pas avoir l’impression que parce qu’ils contribuent à la part d’efforts comme d’autres, on les méprise. On ne peut pas dire à tous les métiers du monde qu’ils doivent contribuer, mais que les enseignants sont exonérés.
Le ministre des Affaires étrangères pense encore la même chose du discours d’équivalence sur les deux extrêmes qui menaceraient, qui était celui du président de parti: la menace principale, ce n’est pas vraiment les gauchistes, si?
Maxime Prévot: Ah non! De longue date ma conviction était faite, et elle l’est toujours, que l’extrême droite représente le danger majeur. C’est la raison pour laquelle on refuse de débattre avec elle, mais que je ne refuse pas le débat avec le PTB. Donc, je ne les mets pas sur un même pied. Même si, à mes yeux, chacun représente un danger particulier, il n’incarne pas le même. Deuxième élément quand même, sur le plan purement sécuritaire, les services de sécurité de plusieurs pays en Europe vous expliqueront aussi que de plus en plus de dégradations et de problèmes d’exacerbation idéologique, de conflit dans l’espace public, sont aussi le fruit de groupes d’extrême gauche. Je ne considère pas, comme d’autres le souhaiteraient, que les antifascistes devraient être interdits. Mais je ne me mets pas la tête dans le sable non plus, certains d’entre eux ont des attitudes qui ne sont pas plus nobles que celles qu’ils prétendent combattre…
A l’inverse, votre position de ministre ne vous oblige-t-elle pas à discuter avec des gens avec qui vous ne le feriez pas si vous étiez président de parti?
Maxime Prévot: Tout à fait! C’est une réalité.
Et un cas de conscience?
Maxime Prévot: Non, parce que la vérité, c’est que si demain on ne doit dialoguer qu’avec les pays qui partagent les mêmes standards que nous, les mêmes valeurs, on peut les compter sur les doigts de la main et, tout au plus, sur les orteils…
Bio express
1978
Naissance, à Mons.
2004
Diplômé en sciences politiques et en gestion, devient directeur politique du CDH.
2012
Bourgmestre de Namur.
2019
Président du CDH, qu’il transforme en Les Engagés en mars 2022.
2025
Quitte la présidence de son parti et le mayorat pour devenir ministre des Affaires étrangères de Bart De Wever.














