Depuis août 2022, le vaccin contre l’infection par HPV est également remboursé pour les garçons. Encore fortement associé au cancer de l’utérus, le papillomavirus humain est pourtant responsable de cancers qui touchent également les hommes.
Régulièrement associée au cancer du col de l’utérus, pour lequel le lien est effectivement bien établi, l’infection par HPV touche chaque année 620.000 femmes à travers le monde. Elle touche également 70.000 hommes. Il existe plus de deux cents types de papillomes humains. Certains représentent un risque faible, d’autres élevé, voire très élevé (une douzaine de types). La majorité de ces infections qui affectent la peau et les muqueuses sont asymptomatiques et dans 90% des cas le système immunitaire éliminera le virus au bout d’un ou de deux ans. Dans les autres cas, l’IST peut entrainer des séquelles à long terme et mener vers le développement de cancers.
Chez les garçons, des types de HPV à haut risque ont été retrouvés dans les cancers de l’anus (dans 88% des cas), du pénis (50%) et de l’oropharynx (50%), selon les chiffres du Conseil supérieur de la santé (CSS). En Belgique, en moyenne 135 nouveaux cas de cancer de la tête et du cou liés au HPV sont diagnostiqués chaque année chez les hommes, 25 cas de cancer du pénis, 50 cas de cancer de l’anus et 8.650 cas de verrues génitales, selon le site hpvinfo.be. Au total, plus de 80% de la population sexuellement active est un jour confrontée à une infection par HPV, dont la moitié entre 15 et 25 ans.
En Fédération Wallonie-Bruxelles, la vaccination est recommandée pour les jeunes filles depuis 2011. En 2017, le Conseil supérieur de la santé recommandait dans son rapport annuel une vaccination généralisée des adolescents, filles comme garçons, de 9 à 14 ans inclus. Mais seules les jeunes filles âgées de moins de 18 ans étaient vaccinées gratuitement. Depuis août 2022, tous les enfants inscrits en première différenciée, deuxième secondaire ou âgés de 13-14 ans et fréquentant l’enseignement spécialisé, peuvent être vaccinés gratuitement par le médecin traitant ou via les services en charge de la promotion de la santé à l’école.
Il est admis que le vaccin contre le HPV peut prévenir plus de 90 % de l’ensemble des cancers causés par le virus. Les bénéfices de la vaccination chez les jeunes sont nettement plus documentés pour les femmes que pour les hommes. Cependant, de récentes études ont apporté de nouveaux éléments.
L’une d’elles, publiée dans The Lancet en septembre 2023 mettait ainsi en évidence que près d’un homme sur trois dans le monde est infecté par au moins un type de HPV génital et environ un homme sur cinq est infecté par un ou plusieurs types de HPV à haut risque. «Nos résultats montrent que la prévalence du HPV est élevée chez les hommes de plus de 15 ans et confirment que les hommes sexuellement actifs, quel que soit leur âge, constituent un important réservoir d’infection génitale par le HPV. Ces estimations soulignent l’importance d’inclure les hommes dans des stratégies globales de prévention afin de réduire la morbidité et la mortalité liées au HPV chez les hommes et, à terme, d’éliminer le cancer du col de l’utérus et d’autres maladies liées au VPH», observent les auteurs de l’étude.
Un essai international mené sur plus de 4.000 hommes âgés de 16 à 26 ans et publié en 2011 avait déjà montré une efficacité de près de 90% pour prévenir les condylomes ano-génitaux (verrues génitales) causés par les virus HPV.
Globalement, les résultats des diverses études montrent que le vaccin est plus efficace lorsqu’il est administré avant le début de la vie sexuelle et qu’il est aussi efficace chez les garçons que chez les filles pour prévenir les lésions précancéreuses et cancéreuses liées à cette infection sexuellement transmissible.
En mai dernier, l’American Society of Clinical Oncology a publié des données plus précises puisqu’elles établissent un lien entre la vaccination et une diminution du risque de développer d’autres cancers liés au HPV que celui du col de l’utérus. L’analyse de données concernant près de 800.000 hommes et près d’un million de femmes vaccinés et non-vaccinés a notamment révélé que les hommes vaccinés présentaient un risque inférieur de 54 % pour tous les cancers liés au HPV et un risque inférieur de 56% pour les cancers de la tête et du cou. Le nombre de cas de cancers de l’anus et du pénis avait été jugé insuffisants pour faire l’objet d’une analyse.
En Belgique, trois vaccins recombinants contre le HPV sont disponibles. Le schéma vaccinal prévoit l’administration de 2 ou 3 injections dans la partie supérieure du bras.
Etant donné que ces vaccins ne protègent pas contre tous les virus susceptibles de provoquer des cancers du col de l’utérus, les femmes doivent poursuivre le dépistage en réalisant régulièrement des frottis. Il n’y a pas de dépistage pour les lésions précancéreuses et cancers chez les hommes.