Ils sont présidents de parti et ils partent en campagne le cœur plein d’espoir et la tête pleine d’idées. Leurs bouches sont remplies d’engagements fermes et de promesses alléchantes vers un futur meilleur. Voici les justifications de Georges-Louis Bouchez, face à quelques contradictions.
Leur parcours à tous est lesté de plusieurs années de déclarations de campagne, de petits et de gros mensonges, de fausses promesses et d’erreurs factuelles que la vérité des faits, ou la logique, ou la morale, ou les trois, contredisent, sans que jamais ils n’aient dû s’en justifier.
Bien sûr, il y a parmi eux des spécialistes, qui s’adonnent au bluff politique plus souvent que les autres, mais chacun s’en est déjà rendu coupable. C’est précisément pourquoi Le Vif a décidé de répertorier ces petits et gros mensonges dans un dictionnaire très didactique des pseudo-vérités politiques en Belgique francophone.
Pour ne vexer personne, il sera sous-divisé en six chapitres, un par parti :
- Le Centre d’étude de la vie magnétique pour le PS
- L’Observatoire du gloubisme pour le MR
- L’Institut mondial d’hedebouwologie pour le PTB
- L’Unité d’écolométrie comparée pour Ecolo
- Le Séminaire sur le prévotisme pour Les Engagés
- Ce qui est mal, DéFI nie, pour DéFI
Pour ne flinguer personne, chacun aura le droit de s’expliquer sur ses mensonges, ses contre-vérités et ses fausses promesses passés.
Observatoire du gloubisme
Répertoire des changements d’opinion, des inventions et des contradictions de Georges-Louis Bouchez et des siens.
Sur la légalisation du cannabis
Qui a dit, en 2017, «moi aussi, j’étais un prohibitionniste acharné avant de travailler le dossier»? Et, en 2020, «à titre personnel, je suis favorable à la dépénalisation, moyennant une régulation»? Pour considérer finalement en 2023 que «les difficultés causées par la consommation de drogue, en particulier les drogues dures, constituent des problèmes très importants dans les villes; ce n’est donc vraiment pas le moment d’envoyer un signal de dépénalisation». Ou encore déclarer en 2024, pour s’opposer à la dépénalisation, que «tous les arguments qu’on me sort pour justifier la légalisation du cannabis seraient des arguments valables pour la cocaïne, l’héroïne, la kétamine et toutes les autres».
L’opinion du président du MR sur la question n’est, de prime abord, pas des plus constantes, lui qui proposait voici sept ans l’instauration d’un «cannabis social club» à Mons, mais refuse aujourd’hui d’envisager une tolérance envers la consommation de drogues. A l’époque, c’est vrai, il reconnaissait qu’il ne suivait pas nécessairement la ligne de son parti. Quelques années plus tard, il exprimait une opinion personnelle, qui allait devoir être réglée en congrès de parti. Désormais, dans un contexte de recrudescence de la criminalité liée aux trafics, c’est aux arguments des autres partis qui prônent une dépénalisation qu’il oppose son point de vue, tranché, lui qui a déclaré à plusieurs reprises que «tous les consommateurs ont du sang sur les mains», peu importe le type de stupéfiant.
Sur un cumul de mandats inopportun
Georges-Louis Bouchez avait annoncé, en faisant campagne pour la présidence du MR, qu’il quitterait son mandat de sénateur s’il était désigné. Il l’est toujours et a eu l’occasion de s’en expliquer. Son remplacement n’a pas pu se faire, voilà tout. Mais un autre cumul de mandat lui a valu quelques remontrances. En janvier 2022, Le Vif levait le lièvre: il ne pouvait à la fois être sénateur et président de Sparkoh!, le parc d’aventures scientifiques situé à Frameries. Cette interdiction est indiquée dans le décret wallon portant sur le statut d’administrateur public. Lorsqu’il est devenu président de Sparkoh! en 2018, mandat non rémunéré au demeurant, Georges-Louis Bouchez n’était pas encore sénateur, ni président du MR, ce qu’il deviendrait quelques mois plus tard. Mais sa prestation de serment au Sénat, en 2019, aurait dû impliquer une démission de son autre mandat. Le Montois quittera finalement la fonction quelques jours après la révélation, après que tout le monde avait pu confirmer l’irrégularité. Il arguait, à sa décharge, que «ce n’est pas une bourde. Le greffe du Sénat n’a rien dit, la Cour des comptes n’a rien dit, et le parlement et le gouvernement wallons n’ont rien dit. Des dizaines de fonctionnaires ont estimé que ce n’était pas un problème.» A noter que son successeur à la présidence de Sparkoh!, Fabrice Brion, a lui aussi annoncé sa démission, en janvier dernier, parce qu’il n’avait complété sa déclaration de mandat. En faisant, pour sa part, amende honorable.
Sur les droits d’auteur
«Grâce au travail sans relâche du MR, aucune activité ne sera exclue du régime des droits d’auteur. Ce mécanisme est indispensable pour une série de secteurs, dont celui de la tech», tweetait Georges-Louis Bouchez en novembre 2022. Il s’agissait d’une réforme portée par le ministre des Finances, Vincent Van Peteghem (CD&V), qui suscitait de l’inquiétude auprès d’acteurs du secteur informatique bénéficiant de ce régime fiscal avantageux. Le MR s’opposait alors à la dimension plus restrictive souhaitée par le ministre et promettait que les développeurs ne seraient pas lésés. Mais la Cour constitutionnelle, dans un arrêt de ce mois de mai 2024, a bien confirmé que leur exclusion du système était justifiée. Un coup dur pour eux, sans doute, mais aussi un désaveu pour le MR, qui avait promis l’inverse? En tout cas, la Cour contredit l’interprétation de la réforme maintes fois avancée par le président libéral.
«La question n’est pas de savoir qui de Bouchez ou Van Peteghem gagne la bataille des droits d’auteur, mais qui garantit que les entreprises technologiques continuent de croître», exprimait dernièrement un dirigeant du Voka, l’organisation patronale flamande, retweeté par Bouchez. De ce point de vue, «Georges-Louis Bouchez offre de meilleurs perspectives d’avenir que Vincent Van Peteghem». Voilà pour sa défense. Le secrétaire d’Etat Mathieu Michel, lui, dénonce le reniement d’un «deal politique» par le ministre. Et annonce que le MR fera tout pour rechanger la loi dès la rentrée parlementaire.
Sur les travailleurs wallons en Flandre
«Deux fois plus de Français que de Wallons travaillent en Flandre-Occidentale», aime à déclarer le président du MR, lorsqu’il s’agit de regretter le trop faible taux d’emploi au sud du pays, alors qu’une bonne partie de la Flandre a tant de postes à pourvoir. Plutôt que d’être couverts de honte, les travailleurs wallons –hainuyers en particulier– n’auraient alors qu’à se baisser pour ramasser.
De bon compte, l’Observatoire du gloubisme admettra que, factuellement, Georges-Louis Bouchez n’a pas tort quand il évoque cette proportion. Mais il ajoutera aussitôt que l’argument, une vieille antienne de la N-VA et du Voka, mérite d’être fortement nuancé. A l’instar des Espagnols qui sont plus nombreux que les Andorrans à travailler en France (ou les Italiens que les Monégasques), il n’est pas illogique que les Hainuyers (1,3 million d’habitants) soient un peu moins nombreux en Flandre-Occidentale que des Français (2,6 millions dans le département du Nord) vivant dans une région au taux de chômage similaire et où on a historiquement bénéficié d’avantages fiscaux en traversant la frontière. Les seuls arrondissements de Lille et Dunkerque comptent plus de 1,6 million d’habitants. L’Observatoire indique au passage que les travailleurs hainuyers ne sont pas moins mobiles que les autres, même s’ils se déplacent plus vers Bruxelles et le Brabant wallon que vers la Flandre. Cela n’empêche toutefois pas la plupart des partis d’appeler de leurs vœux une augmentation de la mobilité interrégionale.
(Re)lisez ci-dessous les petits mensonges et fausses promesses de Georges-Louis Bouchez, première édition
Sur l’emploi du néerlandais
C’est une des questions que l’on pose souvent, parfois avec malice, à Georges-Louis Bouchez: où en est son néerlandais? Le président du MR a maintes fois annoncé, depuis qu’il occupe cette fonction, qu’il s’exprimerait sous peu dans la langue de Vondel, sans qu’on n’en voie jamais la couleur. Sauf par écrit… ou à l’oral, mais en s’emmêlant les pinceaux. Récemment, il promettait encore qu’il répondrait volontiers à la VRT en néerlandais avant la fin de la campagne. «J’ai pris cet engagement, je le ferai, il reste encore quelque semaines», indique-t-il.
Alors? «Je continue mes cours, je le parle en rue, lors de mes rencontres, etc., assure Georges-Louis Bouchez. Mais il est vrai qu’en télévision, les temps de parole sont tellement courts que c’est toujours plus compliqué en néerlandais. Parler est une chose, gérer une prise de parole dans les médias en est une autre. Surtout quand on n’a pas une base de départ.» Il l’avait exprimé voici deux ans: son manque d’aisance dans cette langue est grandement imputable, selon lui, au système scolaire francophone, qui ne lui en a pas donné les moyens. La solution qu’il préconise est un apprentissage obligatoire dès l’école primaire.
S’il espère pouvoir honorer son engagement linguistique sans tarder, le libéral estime néanmoins qu’il faut le juger sur le fond avant tout: «J’ai toujours été fasciné par le fait que, dans ce pays, on accorde moins d’importance aux choses qu’on dit qu’à la langue dans laquelle on les dit.»
Sur le nucléaire et les centrales à gaz
«Miser sur les centrales à gaz polluantes pour remplacer le nucléaire est un non-sens politique.» Telle est, en substance, la position défendue par Georges-Louis Bouchez et le MR au cours de la législature au fédéral, en particulier lors du bras de fer autour de la prolongation de deux réacteurs nucléaires. Au-delà des questions énergétiques, il s’agissait aussi, sur un plan politique, de mettre en difficulté la famille écologiste sur ce dossier.
En 2019 encore, dans son programme électoral, le MR soutenait explicitement la création de neuf centrales à gaz pour préparer la sortie du nucléaire en 2025. Georges-Louis Bouchez lui-même, en campagne présidentielle, défendait cette date de sortie. Et cette année, les libéraux francophones font du nucléaire une condition de participation à un gouvernement. Fameux changement de doctrine.
Comment l’expliquer? «Par un changement de président», lâche-t-il en souriant. Plus sérieusement, «il est assez évident que, dès que je suis arrivé, c’est un dossier que j’ai beaucoup pris en charge. J’ai très vite été sensibilisé par des collaborateurs qui tenaient cette thèse depuis un moment, mais qui n’avaient pas nécessairement été assez écoutés, pour des raisons d’accord de gouvernement, d’équilibres, etc.»
La vision défendue lors du dernier scrutin était-elle à côté de la plaque? «Absolument, répond-il tout de go. Cette partie-là, en tout cas, n’était pas du tout adéquate.» Si changement de doctrine énergétique il y a, il est donc pleinement assumé.
Sur le mandat de sénateur de Georges-Louis Bouchez
Président du MR, sénateur et conseiller communal, est-ce possible de cumuler toutes ces fonctions? «Non, pas du tout», répondait lui-même Georges-Louis Bouchez, en 2019, alors qu’il faisait campagne face à Denis Ducarme pour devenir président de son parti. Le Montois s’engageait, outre sa fonction de président, à ne rester que conseiller communal, donc à quitter son mandat de sénateur. Plus de quatre ans plus tard, il l’est toujours et n’a de toute évidence pas tenu cet engagement.
«Ce mandat était destiné à être proposé à des personnes extérieures. En interne, cela aurait fait plaisir à une personne pour faire déplaisir à cent autres. Les personnes non élues qui comptaient le plus de voix, c’était Adrien Dolimont et moi». Deux libéraux qui, disons, ont trouvé leur voie.
«Bref, cela n’a pas pu aboutir et de ce fait, j’ai gardé le mandat. Je tiens à dire que ça n’augmente pas ma rémunération, qui est plafonnée. Ma rémunération politique… Si j’ai une rémunération privée, c’est autre chose», précise Georges-Louis Bouchez.
En tant que président du MR, il perçoit une rémunération similaire à celle d’un vice-Premier ministre, soit un bon 20.000 euros bruts. «On soustrait le salaire de sénateur coopté, qui correspond à la moitié de celui d’un parlementaire (NDLR: environ 4.200 euros, en fait). De ce montant, on déduit ce qu’on me doit et la différence est prise en charge par l’ASBL de financement du parti», ajoute le libéral, qui affirme vouloir être transparent sur le sujet.
Sur le programme communiste de l’extrême droite
«Le programme économique du Vlaams Belang n’est pas un programme de droite, c’est un programme économique communiste qui entraînera la faillite de la Flandre.» Communiste, vraiment? Aussi étonnante qu’elle puisse paraître, cette déclaration a bien été formulée par Georges-Louis Bouchez, précisément lors du débat organisé par Le Vif, en décembre 2023, au cours duquel il rencontrait Melissa Depraetere.
Le président du MR persiste et signe, en réalité. «Quel est le seul parti à vouloir la diminution de l’âge de la pension, avec le PTB? Le Vlaams Belang. Ceci n’est qu’un exemple. De manière générale, leurs propositions socioéconomiques sont ancrées à gauche, c’est une réalité», poursuit le président du MR, qui cite également en exemple la question du rehaussement des allocations, des salaires, de la pension, etc. «Ils le font sans jamais évoquer la fiscalité. On ne sait même pas comment ils comptent financer leurs promesses», ajoute encore le président du MR.
Le Vlaams Belang n’en est pas encore à promettre de grandes vagues de nationalisation, ce qui en ferait une formation effectivement plus communiste que l’image qu’elle cherche à donner d’elle-même. Mais enfin, les experts en sciences politiques affirment eux aussi, à l’occasion, qu’à côté d’une posture d’extrême droite sur des questions comme la migration ou le sécuritaire, le Vlaams Belang mélange les genres sur le socioéconomique. «Ce sont les communistes, mais en pire. Ils veulent plus de dépenses et moins de recettes, c’est une équation impossible. Le Vlaams Belang, c’est la faillite de la Flandre», commente encore Georges-Louis Bouchez.
Sur le changement de nom évoqué par Georges-Louis Bouchez
«Je ne l’avais pas promis, mais évoqué comme possibilité», nuance immédiatement Georges-Louis Bouchez. Il a en effet été question, un temps, que le Mouvement réformateur adopte une nouvelle appellation. Le Montois y était plutôt favorable. Après la réforme des statuts du parti et la célébration de ses 175 ans, la question s’est posée. «Le nom est clairement sur la table. Je crois que le nom d’une formation politique doit révéler ses valeurs, mais ce sont les militants qui devront trancher», expliquait-il à Sudinfo en janvier 2022. «Mouvement des Libertés» a même été un temps évoqué. Au final, seul le logo a changé, en septembre de l’année dernière.
«L’actualité a fait que finalement, on n’a pas pris cette direction. Je ne suis pas un grand fan des sondages, mais il est vrai que les enquêtes d’opinion montrent que parmi les partis de la Vivaldi, on est un des rares, si pas le seul, soit à progresser, soit à se stabiliser.» Les récents sondages, qu’il s’agisse de celui réalisé par Kantar pour Le Vif en février ou du Grand Baromètre Ipsos-RTL-Le Soir de mars, lui donnent plutôt raison: le MR est celui qui décroche le moins, se maintient, voire progresse (à Bruxelles).
«On peut considérer que la marque MR n’est pas abîmée, en tout cas pas dans une position qui nécessite de changer de nom. Par contre, il y a quand même eu un changement d’identité, avec l’incarnation d’une droite plus populaire, qui devrait aussi pouvoir se traduire dans une identité plus populaire dans le nom. On verra en temps voulu. Ce n’est pas, à mon sens, le résultat électoral qui doit le justifier, mais la promesse qui est faite à travers le nom», ajoute encore celui qui répète régulièrement être «fier d’être libéral».
Sur les 72 millions de subsides
L’affaire lui avait valu quelques critiques, fin février. S’interrogeant sur les subsides facultatifs octroyés par le gouvernement bruxellois, Georges-Louis Bouchez citait en exemple une ASBL molenbeekoise, La Rue, qui aurait touché 72 millions d’euros. «Je ne sais pas ce qu’ils font avec ça…», lançait-il.
L’association d’éducation permanente, outrée d’être désignée et accusée de la sorte, réagissait en affirmant l’inexactitude des chiffres. Le Vif a compilé les quelques chiffres disponibles sur le site Open Budget du gouvernement bruxellois. La totalité des montants engagés depuis 2018 se situe plutôt entre 25 et 30 millions d’euros. Soit. Mais les montants effectivement liquidés se situent aux alentours de 1,6 million d’euros.
«Les chiffres que j’avance sont sur le site officiel du gouvernement bruxellois, pas sur un site complotiste», explique Georges-Louis Bouchez. Une telle différence de montants traduit possiblement une inexactitude dans l’un ou l’autre tableau.
«Soit ces chiffres sont vrais, soit le site du gouvernement bruxellois se plante, ce qui est également problématique. Dans les deux cas, je suis plutôt à l’aise en fait», considère-t-il, alors que son parti est dans l’opposition en Région bruxelloise.
«De toute façon, plutôt que de focaliser sur un exemple, il faut reconnaître qu’il y a un problème avec les subsides facultatifs octroyés par le gouvernement, alors que la région est totalement en déficit. On octroie des subsides à plein de bidules dont l’efficacité ou la nécessité absolue n’est quand même pas déterminée.» Chacun appréciera, mais tel est en tout cas l’avis du président du MR.
Sur le changement de nom
«Je ne l’avais pas promis, mais évoqué comme possibilité», nuance immédiatement Georges-Louis Bouchez. Il a en effet été question, un temps, que le Mouvement réformateur adopte une nouvelle appellation. Le Montois y était lui-même plutôt favorable. Après la réforme des statuts du parti et la célébration de ses 175 ans, la question s’est posée. «Le nom est clairement sur la table», expliquait-il à Sudinfo en janvier 2022. «Mouvement des Libertés» a été un temps évoqué. Au final, seul le logo a changé. «L’actualité a fait que finalement, on n’a pas pris cette direction. Je ne suis pas un grand fan des sondages, mais il est vrai que les enquêtes d’opinion montrent que parmi les partis de la Vivaldi, on est un des rares, voire le seul, soit à progresser, soit à se stabiliser.» Les récents sondages, qu’il s’agisse de celui réalisé par Kantar pour Le Vif en février ou du Grand Baromètre Ipsos-RTL-Le Soir de mars, lui donnent plutôt raison: le MR est celui qui décroche le moins, se maintient, voire progresse (à Bruxelles). «On peut considérer que la marque MR n’est pas abîmée, en tout cas pas dans une position qui nécessite de changer de nom. Par contre, il y a quand même eu un changement d’identité, avec l’incarnation d’une droite plus populaire, qui devrait aussi pouvoir se traduire dans une identité plus populaire dans le nom. On verra en temps voulu. Ce n’est pas, à mon sens, le résultat électoral qui doit le justifier, mais la promesse qui est faite à travers le nom», ajoute-t-il.
Sur le programme communiste de l’extrême droite
«Le programme économique du Vlaams Belang n’est pas un programme de droite, c’est un programme économique communiste qui entraînera la faillite de la Flandre.» Communiste, vraiment? Cette déclaration a été formulée par Georges-Louis Bouchez, lors du débat organisé par Le Vif, en décembre 2023, au cours duquel il rencontrait Melissa Depraetere. Le président du MR confirme. «Quel est le seul parti à vouloir la diminution de l’âge de la pension, avec le PTB? Le Vlaams Belang. Ceci n’est qu’un exemple. De manière générale, leurs propositions socioéconomiques sont ancrées à gauche, c’est une réalité», poursuit le président du MR, qui cite également en exemple la question du rehaussement des allocations, des salaires, de la pension, etc. «Ils le font sans jamais évoquer la fiscalité. On ne sait même pas comment ils comptent financer leurs promesses.» Le Vlaams Belang n’en est pas encore à promettre des vagues de nationalisations, ce qui en ferait une formation effectivement plus communiste que l’image qu’elle cherche à donner d’elle-même. Mais enfin, les experts en sciences politiques affirment eux aussi, à l’occasion, qu’à côté d’une posture d’extrême droite sur des questions comme la migration ou le sécuritaire, le Vlaams Belang mélange les genres sur le socioéconomique. «Ce sont les communistes, mais en pire. Ils veulent plus de dépenses et moins de recettes, c’est une équation impossible. Le Vlaams Belang, c’est la faillite de la Flandre», commente encore Georges-Louis Bouchez.
Sur son engagement dans l’armée
Il l’avait annoncé, au printemps 2023. Georges-Louis Bouchez s’engageait à devenir officier de réserve au sein de la Défense. Le président du MR avait même signé son engagement, déclarait-il alors à Sudinfo, qui révélait l’information. Cette démarche résulte d’une «réflexion que j’ai eue suite à la guerre en Ukraine: si cela nous arrivait, quelle serait notre capacité à défendre notre pays. Un de mes collaborateurs avait fait ce choix. Nous nous sommes donc inscrits comme réservistes», expliquait le futur lieutenant Bouchez. Mais quelques mois plus tard, en novembre, les propos tenus par la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder (PS), sur BX1, nuançaient ces belles ambitions. «Je l’attends toujours, moi. Il a dit qu’il était intéressé, mais il a déjà reporté sa formation, sa phase d’initiation militaire. Evidemment, il faut quand même un peu se former, on ne devient pas militaire comme ça», ironisait-elle. Cette déclaration, au passage, avait provoqué l’agacement du président libéral, énervé qu’une ministre dévoile de la sorte, et de manière illégale, des éléments relevant de la vie privée. «D’autant plus qu’elle prend ça à la rigolade. Imaginez si mon banquier révélait publiquement l’était de mes finances…» Sur son engagement à proprement parler, Georges-Louis Bouchez a toutefois toujours affirmé qu’il tenait toujours, même s’il n’est pas encore allé jusqu’au bout de la procédure. Qui vivra verra.
Sur la légalisation du cannabis
Qui a dit, en 2017, «moi aussi, j’étais un prohibitionniste acharné avant de travailler le dossier»? Et, en 2020, «à titre personnel, je suis favorable à la dépénalisation, moyennant une régulation»? Pour au final, considérer en 2023 que «les difficultés causées par la consommation de drogue, en particulier les drogues dures, constituent des problèmes très importants dans les villes donc ce n’est vraiment pas le moment d’envoyer un signal de dépénalisation». Ou encore déclarer en 2024, pour s’opposer à la dépénalisation, que «tous les arguments que l’on me sort pour justifier la légalisation du cannabis seraient des arguments valables pour la cocaïne, l’héroïne, la kétamine et toutes les autres». L’opinion du président du MR sur la question n’est pas des plus constantes, de prime abord, lui qui proposait il y a sept ans l’instauration d’un cannabis social club à Mons, mais refuse aujourd’hui d’envisager une tolérance envers la consommation de drogues. A l’époque, c’est vrai, il reconnaissait qu’il ne suivait pas nécessairement la ligne de son parti. Quelques années plus tard, il exprimait une opinion personnelle, qui allait devoir être réglée en congrès de parti. Désormais, dans un contexte de recrudescence de la criminalité liée aux trafics, c’est aux arguments des autres partis qui prônent une dépénalisation qu’il oppose son point de vue, tranché, lui qui a déclaré à plusieurs reprises que «tous les consommateurs ont du sang sur les mains», peu importe le type de stupéfiant.