vendredi, décembre 27

Dans un rapport publié jeudi, Amnesty International dénonce les actions d’Israël contre les Palestiniens à Gaza. L’organisation évoque un génocide et appelle les gouvernements internationaux à agir.

Dans un rapport intitulé « »On a l’impression d’être des sous-humainsé », Le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza», Amnesty International affirme qu’Israël a fait subir aux Palestiniens de Gaza un déchaînement de violence et de destruction permanent, en toute impunité, dans le cadre de l’offensive militaire lancée au lendemain du 7 octobre 2023.

« Les recherches d’Amnesty International ont permis de rassembler suffisamment d’éléments pour conclure qu’Israël a commis et continue de commettre un génocide contre les Palestiniens et Palestiniennes dans la bande de Gaza occupée », soutient l’organisation dans ce nouveau rapport publié jeudi. Pour établir ses conclusions, Amnesty explique avoir interrogé 212 personnes, parmi lesquelles des victimes et des témoins palestiniens, des membres des autorités locales gazaouies et des professionnels de la santé.

L’organisation a également mené un travail sur le terrain et a analysé un vaste éventail de preuves visuelles et numériques, dont des images satellites. Elle a aussi examiné les déclarations des autorités gouvernementales et militaires israéliennes et des organes officiels israéliens. « Le rapport d’Amnesty International montre qu’Israël a commis des actes interdits par la Convention sur le génocide, dans l’intention spécifique de détruire la population palestinienne de Gaza », déclare la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard.

Traités comme des sous-humains

« Ce pays s’est notamment rendu coupable de meurtres, d’atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale des personnes, et de soumission délibérée des Palestiniens et Palestiniennes de Gaza à des conditions de vie destinées à entraîner leur destruction physique. Mois après mois, Israël a traité la population palestinienne de Gaza comme un groupe sous-humain ne méritant pas le respect de ses droits fondamentaux ni de sa dignité, et a démontré son intention de la détruire physiquement »

Si Israël a affirmé à maintes reprises que ses actions à Gaza pouvaient être justifiées par son objectif militaire d’éradiquer le Hamas, Amnesty souligne que l’intention génocidaire peut coexister aux côtés de celui-ci. Agnès Callamard ajoute que « les atrocités criminelles commises le 7 octobre 2023 par le Hamas et d’autres groupes armés contre des Israéliens et des victimes d’autres nationalités, telles que les massacres et les prises d’otages, ne sauraient en aucun cas justifier le génocide des Palestiniens et Palestiniennes commis par Israël à Gaza ». L’organisation rappelle d’ailleurs que l’offensive d’Israël sur Gaza a eu lieu « dans le contexte d’une occupation militaire brutale qui dure depuis 57 ans« , que la Cour internationale de Justice (CIJ) a récemment estimée « illégale ».

« Compte tenu du contexte préexistant de spoliation, d’apartheid et d’occupation militaire illégale dans lequel ces actes ont été commis, une seule conclusion raisonnable est possible: ce que vise Israël est la destruction physique des Palestiniens et Palestiniennes de Gaza, que ce soit parallèlement à son objectif militaire d’élimination du Hamas ou comme moyen d’y parvenir », argue la secrétaire générale d’Amnesty International.

Les gouvernements appelés à agir

Au 7 octobre 2024, la violente offensive militaire israélienne avait fait plus de 42.000 morts parmi la population palestinienne, dont plus de 13.300 enfants, et plus de 97.000 blessés. L’attaque du Hamas en Israël avait, elle, entraîné la mort de 1.200 personnes, en majorité des civils. Israël a en outre imposé à Gaza « des conditions de vie donnant lieu à un mélange mortel de malnutrition, de famine et de maladies, et exposé la population palestinienne à une mort lente et calculée« , dénonce Amnesty. « Il a aussi soumis des centaines de Palestiniens de Gaza à la détention au secret, à la torture et à d’autres mauvais traitements », ajoute l’organisation.

« Pris isolément, certains des actes sur lesquels Amnesty International a enquêté constituent de graves violations du droit international humanitaire ou du droit international relatif aux droits humains. Mais si l’on s’intéresse à la campagne militaire israélienne dans son ensemble et aux effets cumulés des politiques et des actions d’Israël, l’intention génocidaire est la seule conclusion raisonnable. »

Amnesty demande aux gouvernements d’agir fermement et durablement sur le plan international, « aussi inconfortable que puisse être le constat d’un génocide pour certains des alliés d’Israël ». « Les mandats d’arrêt décernés en novembre par la Cour pénale internationale (CPI) contre le Premier ministre Benjamin Netanyahou et l’ancien ministre de la Défense Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité offrent aux victimes un véritable espoir de justice qui n’a que trop tardé. Les États doivent témoigner leur respect à l’égard de cette décision de la Cour et des principes universels du droit international en arrêtant les personnes recherchées par la CPI et en les lui remettant », exhorte l’organisation.

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