De la pluie, de la pluie et encore de la pluie. Des précipitations abondantes sont attendues cette semaine, avant un retour progressif du beau temps fin juin. Une bonne partie du pays est d’ailleurs placée en alerte jaune, mardi.
La pluie n’en finit pas de tomber. Précipitations, grisaille et vent rythment inlassablement le mois de juin. Une partition maussade dont les accords, en boucle depuis des semaines, commencent à irriter les oreilles des Belges, en quête du tube de l’été. Ou à tout le moins d’une mélodie plus printanière.
Ce ne sera pas pour tout de suite. L’Institut royal de météorologie (IRM) prévoit en effet d’abondantes averses mardi, principalement en cours d’après-midi. Il pourra tomber entre 25 et 50 litres en 24 heures sur le centre du pays. Une alerte jaune a dès lors été confirmée sur les provinces du Hainaut et du Brabant wallon ainsi qu’en Région bruxelloise, dans le Limbourg, en Flandre orientale et en province d’Anvers dès mardi midi et jusqu’à 03h00 dans la nuit de mardi à mercredi. Une météo moins pluvieuse, mais toujours instable, est attendue dans les jours à venir, à tout le moins jusque samedi inclus.
Une situation météorologique dans la lignée des dernières semaines. Les dix jours écoulés ont en effet été bien plus pluvieux que d’habitude: entre le 8 et le 17 juin, 34 mm de précipitations cumulées ont été enregistrés, soit 10 mm de plus que la moyenne mesurée entre 1991 et 2020 (voir infographie plus bas). Le mois de mai avait lui aussi été particulièrement humide, avec 23 jours de pluie relevés à Uccle, contre 14,7 jours pour la normale saisonnière. Un mois record également au niveau des cumuls de précipitations, avec un total de 125 millimètres, contre 64 millimètres en moyenne.
Pluie et instabilité: « Tout est figé »
Comme nous l’écrivions en mai, la morosité ambiante s’explique par une «situation de blocage» causée par un anticyclone centré sur l’Atlantique Nord, qui amène un temps sec et dégagé au large des îles britanniques, mais dont ne bénéficie pas la Belgique. La distance qui sépare notre territoire de ces conditions anticycloniques nordiques laisse le champ libre aux dépressions et à une multitude de gouttes froides, qui entrainent de l’instabilité et des précipitations continues. «Tout est figé», résumait Xavier Fettweis, professeur en climatologie à l’ULiège.
Ce phénomène de blocage est renforcé par le réchauffement climatique, en raison de la baisse des différentiels de température entre les régions polaires et équatoriales. «Aujourd’hui, les pôles se réchauffent quatre fois plus vite que l’équateur, donc le contraste thermique diminue, précisait Xavier Fettweis. Or, ce contraste thermique est le moteur de la dynamique atmosphérique et des vents dominants: s’il est important, il entraîne de grands courants d’air entre les zones froides et chaudes. Ces vents balaient les configurations météorologiques, qui ne restent en place que quelques jours maximum. A contrario, si ce contraste est plus faible, il stabilise la dynamique atmosphérique, qui se fige et entraîne un statu quo météorologique.» Les dépressions sont donc plus durables et intenses, avec beaucoup de pluie et des risques d’inondation. Les anticyclones prolongés, eux, entraînent vagues de chaleur, sécheresse et risques de feux de forêt. «Ce sur-place génère des phénomènes météorologiques extrêmes», résume le climatologue.
Après la pluie, le beau temps?
Quand verra-t-on enfin le bout du tunnel? A en croire les prévisions de l’IRM, la situation devrait progressivement s’améliorer à partir de dimanche. A compter du 24 juin, les éclaircies deviendront plus larges et les températures grimperont. De belles journées estivales sont ainsi attendues les 26, 27 et 28 juin, avec des maxima compris entre 21 et 26 degrés.
Une saison estivale chaude et sèche n’est d’ailleurs pas à exclure. «D’après les prévisions saisonnières, il y a d’ailleurs 17% de chances que l’été européen soit le plus chaud jamais enregistré. Mais il est toujours complexe de faire des prévisions à si long terme», tempère Xavier Fettweis.