mardi, décembre 30

Du point de vue de la météo, l’année 2025 a été particulièrement chaude. Sans ces quelques jours de froid actuels, les records de 2020 et 2022 auraient même été dépassés. Ces températures négatives nocturnes ne sont peut-être pas suffisantes, mais elles peuvent faire du bien à la nature aussi.

Question météo: l’année 2025 sera-t-elle la plus chaude jamais observée? Elle était ouvertement posée par l’Institut royal météorologique (IRM), à la veille des vacances de Noël, au moment de faire le bilan de l’année écoulée.

C’est que l’an 2025, qui fut le plus sec depuis 1976, fut aussi particulièrement chaud. On n’est pas passé loin de dépasser le record de 2020 et 2022, lorsque la moyenne de référence, enregistrée à Uccle, était de 12,2°C. A la date du 18 décembre dernier, cette moyenne se situait encore à 12,3°C, mais les quelques jours plus froids connus entre-temps ont abaissé la moyenne. «Elle se situera vraisemblablement à 11,96°C, donc 12°C si on arrondit. Cela situera 2025 à la quatrième place des années les plus chaudes enregistrées depuis 1833», détaille Pascal Mormal, météorologue à l’IRM. La normale se situe à 11°C, pour la petite histoire.

Cette période plus froide vient sauver la mise, en quelque sorte. Mais il ne faut pas s’en féliciter pour autant. «Ce ne sont pas les Jeux olympiques de la météo, ironise Pascal Mormal. Il fait un peu froid et il est vrai que depuis Noël, nous sommes un peu en dessous des normales. Cette période devrait encore se prolonger d’une semaine à une dizaine de jours, avec éventuellement une petite couverture neigeuse. Mais il ne s’agit pas du tout d’une vague de froid», qui se définit par une séquence de cinq jours consécutifs avec des températures négatives en permanence et au moins trois passages sous la barre des 10°C durant ces cinq jours. Le tout à Uccle, encore une fois.

Des records et encore des records

En matière de météo, il faut élargir un peu la focale pour se rendre compte des tendances, qui sont peu réjouissantes, observe Pascal Mormal. L’année 2025 ne bat peut-être pas de record, mais elle s’inscrit dans une suite d’années particulièrement chaudes. Ainsi, les dix années les plus chaudes enregistrées depuis 1833 se situent toutes dans la période allant de 2007 à 2025. «Et le top 5 est encore plus frappant: 2025, 2014, 2023, 2022 et 2020. Les données ne sont pas officialisées, mais il est probable qu’à l’échelle du globe, nous venions de vivre la deuxième année la plus chaude. Et ce qui se passe en Belgique est le reflet de ce qui se passe à l’échelle du globe. En résumé, c’est la succession de ces moyennes élevées et l’absence de répit qui sont préoccupantes», commente Pascal Mormal.

Les vagues de froid, elles, se font de plus en plus rares. On n’en compte que trois depuis 33 ans, indique le météorologue: février 1991, décembre 1996/janvier 1997 et février 2021. «En parallèle, on a eu une vingtaine de vagues de chaleur depuis une trentaine d’années. Le phénomène s’accélère. Dans les années 1980, vagues de chaleur et vagues de froid avec une occurrence à peu près égale.» Pendant l’été 2025, deux vagues de chaleur officielles ont été enregistrées à Uccle: du 28 juin au 2 juillet et du 10 août au 15 août.

Ces températures plus fraîches vécues en Belgique depuis Noël sont peu de choses, donc, mais peuvent néanmoins faire du bien à la nature dans son ensemble.

Il est généralement admis que la végétation a besoin de périodes de «dormance» en hiver, possible grâce au raccourcissement des jours et à l’abaissement des températures. Les arbres ne s’en développeront que mieux au printemps, par exemple.

La nature a besoin de gel

«Du point de vue horticole, le froid peut aussi être une bonne impulsion pour la germination. Une châtaigne, par exemple, va attendre le gel pour germer, donc une petite période de froid ne fait pas de tort», explique Jérôme Borlez, horticulteur, paysagiste et enseignant à l’IPEA La Reid.

Par ailleurs, «le gel fait gonfler l’eau dans le sol, donc éclater les mottes de terre. Cela permet d’avoir naturellement une meilleure terre, plus friable. Mais attention, une terre trop travaillée peut devenir grumeleuse, ce qui n’est pas idéal. Je dirais que les périodes de gel sont importantes, mais elles ont leurs avantages et inconvénients», poursuit-il.

Ainsi en est-il aussi de la «vermine du sol, partiellement éliminée lors du gel. Mais cela détruit aussi une partie de la vie du sol dans son ensemble. Bref, ce qui est plus problématique, ce sont les périodes trop chaudes, par exemple en fin d’hiver, qui vont faire que la végétation se fera surprendre lors de gels tardifs en mars ou en avril», ajoute encore Jérôme Borlez.

En matière d’insectes, moustiques, pucerons, mouches et autres guêpes, il n’est pas rare d’entendre que l’absence de fortes gelées hivernales conduit à davantage de populations durant l’année suivante. Cela s’explique par le fait que les adultes sont plus nombreux à survivre à l’hiver, s’il n’est pas trop rigoureux, ce qui favorisera une reproduction plus abondante par la suite

«Le gel élimine quand même une série de bestioles, mais beaucoup trouveront aussi des abris car ils s’adaptent. Les moustiques se réfugient dans les vides ventilés, les frelons et guêpes dans les composts par exemple, les larves de coléoptères dans l’écorce. Les hivers étaient bien plus froids il y a une cinquantaine d’années, donc ces petites périodes de gel ne changent pas grand-chose, même elles en éliminent tout de même une partie. A l’inverse, le gel rend aussi la vie plus compliquée d’autres espèces, je pense aux hérons ou aux martins-pêcheurs qui n’ont plus accès à l’eau», recadre pour sa part Philippe Wegnez, président du Cercle des entomologistes liégeois.

Et chez vous, fait-il plus chaud ou plus froid pour la saison que dans le reste de la Belgique ?

Pour aller plus loin: le réchauffement climatique en infographies

Evolution de la température moyenne annuelle

Le nombre de jours par an avec une température maximale supérieure ou égale à 25°C

La période de référence 1991-2020 a été choisie pour cette comparaison car c’est celle qui est recommandée par l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Lorsqu’il s’agit de comparer des réalités météorologiques, les spécialistes se basent en effet sur une période de trente ans, représentant les normales saisonnières.

La température la plus basse de l’année

Le nombre de jours par an avec une température minimale supérieure ou égale à 15°C

Le nombre de jours par an avec une température minimale inférieure à 0°C

© Getty
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