lundi, décembre 30

Dans l’euphorie d’un achat ou d’une location d’un bien immobilier, beaucoup d’heureux locataires ou propriétaires partagent leur bonheur sur les réseaux sociaux, parfois en publiant une photo des clés de leur logement. Une pratique qui peut paraître anodine, mais qui reste fortement déconseillée.

L’enthousiasme des uns crée l’opportunité des autres. Pendant que, sur les réseaux sociaux, certains nouveaux occupants d’un logement se laissent porter par leur enthousiasme et publient une photo de leurs clés, d’autres profitent de cette euphorie pour préparer… un cambriolage. Car une simple photo de clé leur peut permettre d’ouvrir la porte du domicile. D’autant plus facilement si les néo-propriétaires ou locataires accompagnent leurs stories et autres publications d’indications quant à leur ville, voire quartier de résidence.

Une photo de clés insignifiante qui peut coûter cher

Reproduire une clé à partir d’une photo est un procédé assez simple… pour qui dispose d’une imprimante 3D. «Difficile d’estimer le nombre de victimes en Belgique, entame Katrien Eggers, porte-parole du centre de la cybersécurité en Belgique. D’autant qu’établir un lien entre une publication Facebook qui montre ses clés et un cambriolage n’est pas évident. De plus, découvrir son logement cambriolé sans effraction peut pousser à croire à l’erreur d’avoir oublié de verrouiller sa porte.»

«Reproduire des clés à partir d’une photo ne date pas d’hier, explique Olivier Pereira, professeur à l’UCLouvain. Avant, il fallait se munir d’un appareil photo capable de prendre des clichés à bonne distance, et les photographier. Ensuite, un kit de serrurier suffisait pour créer un modèle sur base de la photo capturée».

Dans les faits, partager ses clés sur internet revient donc à mâcher le travail des cambrioleurs. «Avant, les académiciens utilisaient ces méthodes pour alerter les citoyens, poursuit Olivier Pereira. Voir ces méthodes prendre de l’ampleur avec la démocratisation de l’imprimante 3D et des réseaux sociaux est inquiétant».

Inutile d’être un expert du dark web

Impossible de contrôler l’usage qu’un particulier fait de son imprimante 3D. «Dans l’absolu, il ne s’agit que d’un outil de bricolage, avance Katrien Eggers. Tout comme un tournevis ou un marteau, il est impossible de surveiller son utilisation dans la sphère privée d’un individu». Un propos que rejoint Olivier Pereira. «Techniquement, si une personne malintentionnée possède une imprimante 3D, rien ne peut l’arrêter d’imprimer ce qu’il souhaite, et tout est facile d’accès».

Sur internet, des tutoriels qui expliquent, étape par étape, comment reproduire une clé. «Google contrôle ce qui se partage sur son navigateur, analyse Olivier Bogaert, ex-commissaire spécialisé dans la lutte contre les cybercriminels. Mais des modes d’emploi, qui peuvent venir en aide à des personnes qui ont réellement perdu leur clé, passent entre les mailles du filet».

Plus de peur que de mal?

«Les clés imprimées en 3D sont relativement fragiles, tempère le professeur de l’UCLouvain. Si c’est une serrure rigide, c’est bien plus compliqué pour les cambrioleurs d’ouvrir la porte. Il y a de grandes chances qu’elle se casse dans le barillet». Si la copie a ses limites, il n’existe pas de solution miracle pour contrer ces cambrioleurs adeptes de l’imprimante 3D. «Il ne faut pas laisser traîner ses clés, encore moins sur internet», ajoute Olivier Pereira.

Et si une photo compromettante est partagée sur internet, il n’est pas trop tard pour agir. «Il faut supprimer la photo et la signaler à Meta si elle a été publiée sur Facebook ou Instagram, estime Olivier Bogaert. Dans tous les cas, partager sa vie privée sur internet n’a rien de bon».

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