À six mois du coup d’envoi du Mondial 2026, l’euphorie des supporters belges risque de se heurter à une réalité bien moins festive: des billets aux tarifs records, gonflés par la tarification dynamique. Entre prix qui s’envolent, tirages au sort et reventes à prix d’or, la Coupe du monde s’éloigne un peu plus de sa promesse d’événement populaire.
Le coup d’envoi de la Coupe du monde de football 2026 aux Etats-Unis, au Canada et au Mexique, c’est dans six mois. Avec une première journée à retenir: le lundi 15 juin, lorsque les Diables rouges affronteront les Pharaons d’Egypte en phase de groupe. Les supporters trépignent… à moins que les prix des billets pour assister à l’un des événements les plus attendus de l’année à venir ne douchent leurs ardeurs.
Jamais un Mondial de football n’aura été aussi onéreux pour les fans. Selon l’association de supporters Football Supporters Europe (FSE), une personne qui souhaiterait assister à toutes les rencontres de son équipe, de la phase de groupe à la finale, devra débourser près de 6.000 euros. L’association, qui évoque une «trahison monumentale», soutient que ce coût est cinq fois plus élevé que lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Il rappelle, en outre, que la candidature nord-américaine pour accueillir le Mondial en 2018 «promettait des billets à partir de 21 dollars» et un «parcours complet jusqu’à la finale [qui] devait coûter 2.242 dollars».
Des billets soumis au dynamic pricing
Les tarifs affichés aujourd’hui pourraient encore augmenter, prévient Testachats, qui a déjà constaté une hausse des prix entre la première et la deuxième phase de vente des billets. En cause, le choix de la FIFA de pratiquer un dynamic pricing régi par la loi de l’offre et la demande: plus l’intérêt des consommateurs est grand, plus les prix augmentent.
«La plupart des billets des catégories supérieures se situent désormais entre 430 et 516 euros, avec des pics pour les matchs de l’équipe américaine frôlant les 860 euros, pointe l’organisation. Quant à la finale, un billet dans la catégorie la plus élevée atteint près de 6.900 euros, soit 1.400 euros de plus que lors de la série de billets précédente.»
Si cette tarification dynamique peut représenter un avantage dans les secteurs où le consommateur dispose de plusieurs alternatives, «ce n’est pas le cas d’un événement comme la Coupe du monde, où il n’y a qu’un seul organisateur et qu’un seul endroit où acheter des billets», dénonce l’organisation des consommateurs. «Dans un marché aussi fermé, la tarification dynamique est fondamentalement injuste, poursuit-elle. Par ailleurs, les variations de prix ne sont pas transparentes et impossibles à anticiper.»
En Belgique, la pratique est très rare, mais au moins deux événements majeurs ont déjà été touchés par la tarification dynamique: le concert de Beyoncé au stade Roi Baudouin, en mai 2023, et la tournée d’adieu du groupe canadien Sum 41 qui avait fait escale à l’Ancienne Belgique, en octobre 2024.
Jusqu’à 171.760 euros
Les demandes sont tellement importantes que la FIFA a mis en place des tirages au sort pour pouvoir prétendre à une place. Il y aura forcément beaucoup de déçus. Parmi eux, certains se tourneront peut-être vers des sites de revente. La note sera assurément plus salée encore.
Selon SeatPick, le prix de la meilleure place pour la finale du 19 juillet se revend actuellement à 171.760 euros. C’est 650% plus cher que la place la plus onéreuse de l’un des événements sportifs les plus coûteux au monde, le Super Bowl (22.960 euros en 2026), note le comparateur de sites de revente. Quant à la rencontre Belgique-Egypte, il faut compter au minimum 304 euros pour une place en catégorie 3, et jusqu’à près de 85.000 euros pour les billets les plus chers.
Testachats appelle la FIFA à stopper la tarification dynamique. Quant au Football Supporters Europe, il lui demande tout bonnement d’interrompre «immédiatement la vente de places, d’engager une consultation avec toutes les parties prenantes et de revoir les prix et la répartition des catégories jusqu’à trouver une solution respectant la tradition, l’universalité et l’importance culturelle du Mondial soit trouvée».




