Le prix du chocolat ne cesse d’augmenter: +70% en treize ans pour sa version noire. Une hausse d’autant plus flagrante dans les rayons des magasins à mesure qu’approche la fête de Pâques. Le chocolat, bientôt un produit de luxe?
Pour Pâques, les commerçants aménagent leurs têtes de gondole de gourmandises chocolatées, histoire de faire craquer le client. Qui s’étonnera peut-être des prix des œufs et autres lapins en chocolat? Parce que ceux-ci ont augmenté. Et plutôt fortement.
Entre mars 2024 et mars 2025, le prix du chocolat noir a progressé de 38%, indique Testachats. Un chiffre certes élevé, mais qui reste parfaitement dérisoire en comparaison du bond de 70% qu’ont effectué les prix de cette denrée entre janvier 2022 et mars 2025. L’organisation des consommateurs belges donne, à titre d’exemple, le prix d’une tablette de 100 g de chocolat noir, passé de 0,92 euro en janvier 2022 à 1,22 euro en mars 2024, et puis à 1,71 euro en mars de cette année. Le chocolat est-il en passe de devenir un produit de luxe?
Hausse du prix du chocolat: entre climat et spéculation
Une chose est certaine, la matière première pour confectionner ces douceurs est devenue plus chère. Voilà deux ans que le prix du cacao s’envole. Entre 2023 et mi-2024, celui-ci a été quintuplé, constate l’UFC-Que choisir. A cela, deux explications.
Les conditions météorologiques compliquées dans les plantations de cacao d’Afrique de l’Ouest ont fortement impacté la disponibilité de matières premières. «Avec le changement climatique, la sécheresse augmente et provoque une plus grande mortalité au niveau des plans de cacao, expliquait, en 2023, Jean-Louis Doucet, chercheur en sylviculture tropicale à Gembloux Agro Bio Tech (ULiège). C’est un problème, car le cacao a besoin d’humidité pour être cultivé.»

Les craintes de conditions météorologiques toujours plus difficiles et la spéculation ont fait le reste, la matière première s’arrachant à prix d’or. Début 2024, à la Bourse de New York, la tonne de cacao se vendait pas moins de 10.000 dollars (un peu plus de 9.100 euros). Un prix jamais vu qui a freiné les ardeurs des acheteurs.
Additionné à des conditions climatiques un peu plus clémentes pour les cacaoyers, le recul de la demande a fait baisser le prix de la tonne, laquelle est retombée à 8.000 dollars (environ 7.300 euros) ces dernières semaines. La tonne de cacao se négociait encore en 2005, à la Bourse de Londres, autour des 800 livres sterling (935 euros). Dix ans plus tard, elle atteignait 2.200 livres (près de 2.600 euros).
Si les prix continuent de flamber de la sorte, devra-t-on bientôt se passer de chocolat? Difficile à dire, pour Jean-Louis Doucet. «Cela dépend de l’évolution du changement climatique. En tout cas, je ne vois pas comment on pourrait encore augmenter la production de cacao», soutient-il. Le chercheur en sylviculture tropicale craint les événements extrêmes comme El Niño, qui sont désastreux pour les cultures de cacao. «Dans les pays de l’Afrique de l’Ouest, la culture de cacao va devenir de plus en plus compliquée. On verra si d’autres pays prennent le relais.»