Les enseignants sont invités à se croiser les bras le lundi 10 novembre. Ils participeront également à la grève nationale à la fin du mois. Une double action «nécessaire» pour dénoncer des mesures d’économie «inéquitables», estime Masanka Tshimanga, présidente de la SLFP-Enseignement.
Une rentrée sous haute tension. Les semaines qui suivent le congé d’automne risquent d’être socialement animées dans les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Deux mouvements de grogne viendront en effet perturber le bon fonctionnement des activités, à quinze jours d’intervalle.
Les enseignants se croiseront d’abord les bras le lundi 10 novembre. Quatre des cinq syndicats du secteur (la CSC-Enseignement, la CGSP-Enseignement, le Setca-SEL et le SLFP-Enseignement) ont décidé d’appeler leurs affiliés à débrayer ce jour-là, pour dénoncer les mesures d’économie décrétées par la FWB début octobre. La forme de l’action variera selon les sections syndicales locales. Des piquets de grève à l’entrée des écoles sont notamment attendus, tout comme des distributions de tracts dans les gares et les centres commerciaux.
La grève sera précédée par des sessions de sensibilisation à destination du corps enseignant dès la rentrée. «Il y aura des arrêts de travail dès la semaine prochaine pour informer le personnel et l’appeler à se mettre en grève le 10, précise Masanka Tshimanga, présidente communautaire de la SLFP-Enseignement. Un power point explicatif sera présenté aux enseignants, résumant les mesures annoncées par le gouvernement et l’impact attendu de celles-ci.»
10% de travail en plus
Les professeurs remettront le couvert lors de la grève inédite de trois jours prévue fin novembre. Ils rejoindront ainsi leurs collègues du nord du pays le 25 novembre, journée consacrée aux revendications du service public. «C’est important pour les enseignants de se mobiliser deux fois, car ils sont touchés de toutes parts, tant au niveau de la FWB que du fédéral avec la réforme des pensions, insiste Masanka Tshimanga. Ce n’est pas par gaité de coeur qu’on fait grève deux jours, mais bien par nécessité. Pour dénoncer des mesures qui mettent sérieusement en péril les acquis des enseignants.»
Les syndicats dénoncent notamment l’augmentation de la charge horaire des professeurs du secondaire supérieur. Pour rappel, dès la rentrée 2026-2027, les enseignants de quatrième, cinquième et rhéto devront prester 22 périodes «face classe» par semaine, contre 20 actuellement. «Les politiques ont tendance à dire que ce ne sont « que deux petites heures de plus » à assurer, regrette la présidente communautaire du SLFP-Enseignement. Or, pour l’enseignant, cela implique beaucoup plus de travail, via la préparation des cours ou des corrections supplémentaires. Au final, c’est 10% de travail en plus, pour un salaire qui n’augmente pas!»
L’apogée d’une année de colère
A cette revendication s’ajoutent les inquiétudes concernant la DPPR (Disponibilité Précédant la Pension de Retraite), un dispositif d’aménagement pour les professeurs en fin de carrière. «La ministre nous avait promis que rien ne changerait, rappelle Masanka Tshimanga. Or, même si le dispositif est maintenu, il ne répondra plus aux mêmes conditions, car la DPPR ne pourra plus excéder deux années. Pour nous, c’est un véritable coup bas.»
Globalement, le SLFP-Enseignement appelle à revoir «de manière raisonnable» les mesures d’économies annoncées début octobre et à prévoir des «aménagements». «On n’est pas totalement fous au niveau syndical, on sait bien qu’il faut faire des efforts, reconnaît Masanka Tshimanga. Mais il faut que ceux-ci soient équitables pour tout le monde. Or, aujourd’hui, les enseignants trinquent beaucoup plus que les entreprises, par exemple. Ce n’est pas normal. C’est tout bonnement injuste.»
«On n’est pas totalement fous au niveau syndical, on sait bien qu’il faut faire des efforts. Mais il faut que ceux-ci soient équitables pour tout le monde.»
Face à la colère qui règne dans les salles des profs, les syndicats s’attendent à une forte mobilisation pour les deux actions, qui s’annoncent comme l’apogée d’une année de grogne. Depuis début 2025, les protestations s’enchaînent. En janvier, les syndicats avaient organisé deux jours de grève et une manifestation à Bruxelles, qui avait rassemblé plus de 30.000 personnes. En avril, une semaine d’«actions tournantes» avait également perturbé les écoles. De nombreux enseignants ont enfin pris part aux manifestations nationales, la dernière en date (14 octobre) ayant réuni plus de 100.000 personnes dans les rues de la capitale.
















