mardi, décembre 30

Les réveillons peuvent parfois prendre une tournure dramatique. En cause, le «syndrome du coeur des fêtes».

Les fêtes de fin d’année flirtent souvent avec les excès. Des excès qui augmentent indubitablement les risques de crise cardiaque, «avec, selon plusieurs études, une surmortalité cardiaque qui se situe autour de 15%, entre Noël et le Nouvel An, complète Fabrizio Lancellotti, chef de service de cardiologie au CHU de Liège. C’est ce que l’on appelle le “syndrome du cœur des fêtes”.»

Les causes de ce syndrome sont multiples. Les excès, donc. D’alcool, bien sûr, mais aussi alimentaires; les repas étant généralement plus abondants et aussi plus riches (en graisse, en sel, en sucre) à l’occasion des fêtes de fin d’année. Le stress, qu’il soit émotionnel, organisationnel, familial ou financier, a aussi son rôle à jouer. Tout comme le manque de sommeil.

Enfin, le froid. «Durant les fêtes, on se déplace un peu plus, on sort dans le froid, qui provoque des phénomènes de vasoconstriction, expose le Pr Lancellotti. Cela peut entraîner ce qu’on appelle des ruptures de la plaque coronaire, ou plaque d’athérome (NDLR : athérosclérose). Dans les conditions extrêmes de froid, notamment, ces plaques peuvent se rompre, ce qui favorise le caillotage, et donc la formation de thrombose de l’artère et/ou l’infarctus

Le syndrome du cœur des fêtes peut aussi prendre la forme d’arythmies chaotiques associées à un risque accru d’accident vasculaire cérébral (AVC).

Solitude et cœurs brisés

Un autre syndrome peut apparaître en période de fêtes: celui du «cœur brisé». Il survient essentiellement chez les femmes d’âge mûr dans un contexte de stress émotionnel très important, selon le cardiologue. Comme la perte d’un conjoint ou la solitude. «Il se manifeste par une diminution de la capacité du cœur devenu dysfonctionnel, indique le spécialiste. Il n’y a pas d’anomalie au niveau des artères du cœur, pourtant, le cœur ne fonctionne pas correctement.» Contrairement au syndrome du cœur des fêtes, les fonctions cardiaques reviennent à la normale une fois la période d’émotion passée. Il nécessite néanmoins un suivi, éventuellement une hospitalisation, et des médicaments.

«Il faut impérativement se rendre aux urgences pour éviter de retarder la prise en charge, et donc les situations dramatiques.»

Prévenir et ne pas repousser

Pour prévenir l’emballement du cœur tout au long de l’année, et à fortiori entre Noël et le Nouvel An, Fabrizio Lancellotti rappelle l’importance du traitement des facteurs à risque que sont, par exemple, le diabète et l’hypertension; mais aussi celle d’arrêter de fumer. Une petite coupette de bulles pour trinquer à la nouvelle année ne fait pas trop de tort, mais il est préférable d’éviter les excès d’alcool ou «de s’arrêter à temps». «Il faut aussi maintenir une activité physique régulière, avoir un sommeil suffisant et contrôler son cholestérol», ajoute le cardiologue.

En cas d’apparition de symptômes liés à une crise cardiaque, le professeur insiste: «Il faut impérativement se rendre aux urgences ou appeler son médecin pour éviter de retarder la prise en charge, et donc pour éviter des situations dramatiques.» Ces symptômes qui devraient tirer la sonnette d’alarme sont: une douleur persistante à la poitrine qui irradie vers la mâchoire ou vers le bas (souvent le gauche), des douleurs au niveau de la zone épigastrique. Concernant l’AVC, il faut rester notamment attentif à une difficulté brutale de locution et à une perte de force dans un membre.

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