Le trafic a parfois des allures de jungle, où prime la loi du plus fort. Pourquoi autant de gens se sentent-ils infaillibles au volant? C’est un thème intéressant pour les psychologues du trafic. Entretien avec Gerard Tertoolen, consultant XTNT et psychologue du trafic GTi.
Que fait un psychologue du trafic?
J’applique nos connaissances psychologiques au quotidien, ce qui débouche sur des avis utiles aux autorités et aux entreprises. Nos analyses du comportement humain sur la route nous permettent d’apporter une plus-value. C’est une combinaison logique, puisque le trafic est en grande partie lié au comportement humain et que la psychologie est la science du comportement. Nous pouvons contribuer à un meilleur aménagement des rues.
Pourquoi les gens ne réfléchissent-ils pas toujours logiquement au volant?
Nous nous appuyons énormément sur nos automatismes. Notre cerveau est rempli de shortcuts qui nous facilitent la vie mais qui peuvent aussi s’avérer dangereux. Nous suivons toujours la loi du moindre effort. Le chemin des éléphants en est un bon exemple. Si on aménage une route rectangulaire qui nous laisse la possibilité de couper au court, on va automatiquement assister à la naissance d’une trace sur le gazon. Nous cédons aussi à cette tentation sur le plan mental. Il faut tenir compte de cet aspect dans la conception des voiries et du trafic.
Pourquoi la plupart des automobilistes estiment-ils être de bons conducteurs?
La plupart des conducteurs s’estiment infaillibles. Quand, dans une conférence, je demande qui pense mieux conduire que la moyenne, 80% des personnes présentes répondent positivement. C’est statistiquement impossible mais très intéressant sur le plan psychologique. Nous avons tous tendance à nous surestimer, dans une certaine mesure, dans tous les domaines. C’est souvent nécessaire. Le problème, c’est que beaucoup de personnes pensent pouvoir se permettre plus de choses au volant. Les limitations de vitesse sont faites pour les autres usagers.
Nous considérons l’auto comme un symbole de notre liberté et nous avons l’impression d’être les rois de la route. Nous réagissons violemment pour retrouver notre liberté.