vendredi, novembre 22

A Woluwe-Saint-Pierre, 60,5% de la population est diplômée de l’enseignement supérieur. Un pourcentage deux fois plus important que celui de l’ensemble de la Belgique (31,8%). Outre un indice socioéconomique élevé, d’autres facteurs concourent à cette domination sanpétrusienne dans le classement.

Moins d’une personne sur trois. En 2021, 31,8% de la population belge âgée de 20 ans ou plus était détentrice d’un diplôme de l’enseignement supérieur, ressort-il des données publiées fin avril par Statbel, l’office belge de statistique. Un chiffre en nette augmentation depuis dix ans: en 2011, seuls 27,8% des Belges étaient titulaires d’un bachelier ou d’un master.

Si la tendance est à la hausse sur tout le territoire belge, le niveau d’instruction n’en reste pas moins hétérogène entre les différentes régions du pays. C’est dans la capitale que les diplômés du supérieur sont les plus nombreux (37,6%). Avec une progression de près de 5 points de pourcentage en dix ans, la Flandre se classe en seconde position (32,3%). Enfin, la Wallonie voit près d’un tiers (29,3%) de sa population diplômée. De manière générale, une zone englobant le sud de Bruxelles, le Brabant wallon et le centre du Brabant flamand se différencie clairement du reste du pays en affichant des niveaux d’instruction particulièrement élevés.

A l’échelle communale, les disparités sont encore plus marquées. Woluwe-Saint-Pierre (60,5%), la commune la plus diplômée du pays, présente ainsi un taux de diplomation cinq fois plus élevé que la commune de Farciennes (12,4%), lanterne rouge du classement.

Derrière Woluwe-Saint-Pierre, le top 5 est complété par Kraainem (58,1%), Wezembeek-Oppem (57,3%), Laethem-Saint-Martin (57,1%) et Lasne (56,5%). A l’autre extrémité du classement, la commune de Messines (13,6%) se place en avant-dernière position, juste derrière Châtelet (15,3%), Colfontaine (15,9%) et Zelzate (15,9%). Le Sud de la province de Namur, le Hainaut et l’Est de la province de Liège affichent des taux de diplomation de l’enseignement supérieur particulièrement faibles.

Une double peine

Plusieurs facteurs peuvent justifient ces disparités communales importantes. A commencer par le statut socioéconomique de la population, qui joue inévitablement sur l’accès à l’enseignement supérieur et, in fine, à la diplomation. Mikael De Clerq, expert de recherche à l’ARES (Académie de recherche et d’enseignement supérieur) et professeur invité à l’UCLouvain, distingue ici deux phénomènes: la reproduction sociale et les ressources économiques. «D’une part, le capital culturel joue un rôle: un enfant issu d’une famille socialement moins favorisée aura tendance à manquer de modèle ou de repère pour comprendre le fonctionnement de l’enseignement supérieur, mais également moins d’incitants à y rester, les parents ou la fratrie pouvant l’orienter directement vers un emploi au sortir des secondaires», analyse l’expert. D’autre part, un jeune issu d’une famille aux ressources économiques limitées sera plus enclin à l’échec ou à l’abandon en cours de route. «Malgré les bourses existantes, une année universitaire coûte cher, rappelle Mikael De Clerq. Pour certains, prolonger ses études indéfiniment ou se réorienter après un échec est totalement exclu. Surtout si les parents soutiennent peu le choix d’un parcours académique.»

Le haut taux de diplomation d’une commune ou d’une région donnée peut également s’expliquer par son potentiel d’attractivité économique. Les grandes villes concentrent généralement une population fortement diplômée pour répondre aux besoins professionnels des entreprises (souvent du secteur tertiaire) implantées sur leur territoire. Cela explique le haut taux de diplomation à Bruxelles, mais également aux abords de Gand, Hasselt, Leuven ou encore Arlon. A nouveau, un phénomène de reproduction sociale peut s’observer: les parents installés dans ces communes, titulaires de diplômes, vont pousser leur progéniture vers la voie académique.

Toujours plus de diplômés

La proximité avec des établissements de l’enseignement supérieur peut également influencer le taux de diplomation d’une commune. «Si l’étudiant doit faire énormément de déplacements pour suivre les cours, cela peut le décourager à suivre un parcours universitaire, souligne Mikael De Clercq. Surtout pour un jeune issu d’une famille défavorisée, pour lequel la location d’un kot est inenvisageable.» Une donnée qui explique en partie le faible taux de diplomation dans certaines communes reculées de la province de Namur (16% à Hastière, 18,5% à Viroinval…) ou de Luxembourg (21,1% à Bouillon, 21,9% à Bièvre), qui sont également des zones à faible attractivité économique.

Notons enfin que la structure démographique de chaque commune peut également peser sur son taux de diplomation. «Au vu de la massification de l’enseignement supérieur ces dernières années, une commune à la population vieillissante présentera forcément un taux de diplomation bien inférieur à celui d’une commune qui comporte une large tranche de 20-35 ans», analyse Mikael De Clercq. Simplement car, par le passé, suivre des études supérieures s’apparentait plus à l’exception qu’à la règle.

Woluwe-Saint-Pierre, le combo gagnant

Au vu de tous les facteurs précités, il n’est pas surprenant de voir Woluwe-Saint-Pierre se hisser en tête du classement. Indice socio-économique élevé, haut capital culturel, attractivité économique, accès facilité à de nombreux établissements d’enseignement supérieur: la commune bruxelloise coche toutes les cases.

Avec un revenu annuel moyen de 30.794€ par habitant, Woluwe-Saint-Pierre fait en effet partie des communes les plus riches du pays. «Nous avons sur notre territoire un grand nombre de familles dont un parent, voire les deux, sont universitaires, complète le bourgmestre Benoît Cerexhe (Les Engagés). Ils poussent donc eux aussi leurs enfants vers l’enseignement supérieur.» Le maïeur sanpétrusien souligne également la qualité des établissements primaires et secondaires dans sa commune. «Nous avons pléthore d’écoles de renom sur notre territoire ou en bordure, dont le niveau d’enseignement tire les jeunes vers le haut et les prépare parfaitement aux études supérieures», insiste-t-il. Enfin, Woluwe-Saint-Pierre jouit d’une proximité idéale avec de nombreux établissements d’enseignement supérieur. Outre l’ICHEC (Institut catholique des hautes études commerciales) située sur le territoire de la commune, le campus universitaire d’Alma (UCLouvain, Ephec,…) est à deux pas, tout comme l’ULB, voire l’Université Saint-Louis.

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