L’indisponibilité de certains médicaments dans les officines est suivie au jour le jour. De nombreuses substances manquantes dans les pharmacies trouveront une alternative sans trop de difficultés et sans réel impact pour le suivi des patients, mais quelques cas plus critiques posent toujours problème.
Près de 400 conditionnements de médicaments manquent ou ont manqué à l’appel en Belgique au cours des trente derniers jours, selon le site pharmastatut.be, initiative de l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS).
Cette plateforme, lancée fin 2019, recueille des informations précieuses sur la disponibilité des médicaments vendus en Belgique et suit les traitements temporairement indisponibles ou dont la commercialisation est interrompue ou arrêtée. Chaque jour, la liste évolue en fonction des notifications transmises par les différents maillons de la chaîne de santé.
L’application de l’AFMPS entend faciliter la communication et le suivi entre professionnels de la santé et patients. Ces derniers peuvent ainsi vérifier directement si leur médicament est manquant et éventuellement demander à être notifiés quand ce ne sera plus le cas.
« Les raisons de l’indisponibilité peuvent être nombreuses, explique Ann Eeckhout, porte-parole de l’AFMPS. La substance active d’un médicament peut manquer, il peut y avoir un retard dans la production, parfois la demande n’est simplement pas suffisante. Il faut aussi préciser que l’absence d’un certain conditionnement ne signifie pas l’absence complète de la gamme en question dans les pharmacies. Un patient se verra peut-être simplement proposer un paquet différent ou un équivalent au médicament ».
Plus de notifications, pas plus d’indisponibilités
En moyenne, 5,5 % des médicaments sur le marché en Belgique étaient indisponibles temporairement en 2022, complète l’AFMPS. L’augmentation du nombre de conditionnements notifiés comme indisponibles depuis 2019 ne démontre pas une augmentation des indisponibilités « mais une augmentation des notifications de ces indisponibilités », précise encore l’agence. Pharmastatut étant un outil récent, son adoption plus large augmente forcément les informations qui lui parviennent. Dont les indisponibilités.
Pour de nombreuses substances, le site rassure néanmoins : « au moins trois alternatives disponibles », « indisponibilité de courte durée », « importation possible ». Le suivi des patients n’est en rien menacé. De l’autre côté du spectre, certains traitements affichent une « indisponibilité critique ». C’est le cas de 20 produits à l’heure d’écrire ces lignes, avec des redondances.
L’Ozempic fait partie de ceux-là. Cinq conditionnements de cette substance, utilisée entre autres pour traiter certains patients adultes atteints d’un diabète de type 2, laissent des emplacements vides dans les tiroirs des pharmacies.
« La demande pour l’Ozempic dépasse totalement l’offre », explique Nicolas Echement, porte-parole de l’Association pharmaceutique belge (APB). « Ce n’est pas un problème belge mais bien mondial. Cela amène à devoir prioriser les demandes et réserver le produit à certains patients ».
D’autres médicaments qui peuvent être utiles aux patients atteints de diabète de type 2 (Rybelsus, Trulicity…) connaissent les mêmes soucis d’approvisionnement. Leur disponibilité limitée perdurera au moins jusqu’en juin 2024.
Frustration des deux côtés du comptoir
Les ruptures de médicaments concernaient auparavant plutôt des substances rares ou coûteuses, précise le pharmacien de l’APB. « Aujourd’hui, les produits qui manquent à l’appel sont plus communs. L’an dernier, on a manqué de sirops, d’antidouleurs et de certains médicaments pour enfant. C’était une situation beaucoup plus stressante. Globalement, même s’il reste difficile d’estimer toutes les indisponibilités, ça semble diminuer. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne faut pas continuer à chercher des solutions. Se retrouver devant un patient et ne pas pouvoir lui délivrer un produit engendre de la frustration des deux côtés du comptoir ».
« Chaque médicament indisponible est un cas de trop, abonde Ann Eeckhout. Pour un patient, ne pas être en mesure d’obtenir le médicament prescrit peut être une source de stress. Cela touche à notre santé, parfois à celle de nos enfants, la préoccupation est forcément grande ».
Nicolas Echement précise encore qu’un pharmacien passe en moyenne 9h30 chaque semaine à devoir gérer des problèmes d’indisponibilités, entre vérifications des stocks, coups de fil aux médecins, e-mails et relances de fournisseurs. Plus d’une journée de pollution du travail. Une journée de perdue.