vendredi, octobre 18

La sexualité comme outil d’émancipation: voilà ce que prône le sexpositivisme. Un courant qui ne se limite plus aux mouvements féministes où il trouve son origine.

Qu’on le considère comme un écho contemporain des luttes féministes ou comme une vieille affaire exhumée par les nouvelles générations, le sexpositivisme vit dans le débat public. Entre adhésions et controverses, à l’intersection de la sexualité et de la société, le «sexpo» propose une redéfinition du rapport au désir, au plaisir et à l’intimité.

Employé depuis les années 1970 dans les mouvements féministes où il trouve son origine (porté par des figures comme Shulamith Firestone ou Susan Brownmiller), il rappelle l’exploration du lien entre sexualité et émancipation. Dans son manifeste Uses of the Erotic, paru en 1978, l’écrivaine et poétesse Audre Lorde invitait par exemple à embrasser la sexualité comme une source de puissance, de connaissance de soi et d’énergie. Un texte fondamental considéré comme une référence pour le féminisme et les études de genre.

Depuis, le sexpositivisme s’est structuré. A la fin des années 1990, il est promu par la militante Angela Davis et d’autres personnalités engagées. Objectifs: démystifier la sexualité, combattre les tabous et promouvoir une vision positive du désir. Une sexualité libre, respectueuse et consensuelle, où chacun et chacune peut exprimer ses envies sans crainte de jugement.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux permettent à de nouvelles voix de se faire entendre, faisant émerger une génération d’influenceurs et de créateurs de contenu qui explorent la sexualité de manière ouverte et informée. Le mot-clé qui compte: consentement. Le sexpositivisme insiste sur l’importance de la communication directe et verbale dans les relations intimes.

Le mouvement sexpositif propose une véritable reconsidération de notre rapport à la sexualité.

Entre autres piliers sexpo: la diversité, soit l’occasion de célébrer toutes les orientations sexuelles et identités de genre. En s’attaquant à la stigmatisation des pratiques sexuelles jugées non conventionnelles, le mouvement cherche à créer un espace inclusif où chacun peut explorer sa sexualité sans crainte d’exclusion. Le développement de la pornographie éthique, qui vise à respecter les droits des acteurs et à promouvoir des représentations positives de la sexualité, témoigne également d’une prise de conscience croissante des enjeux de l’industrie.

Un monde idéal? Pas pour tout le monde. Certaines voix s’élèvent pour dénoncer ce qu’elles perçoivent comme une forme de néolibéralisme qui réduirait la sexualité à une question de choix individuel, sans tenir compte des dynamiques de pouvoir en jeu. Ou encore comme un outil de pression sociale, où l’absence de désirs est stigmatisée. Tout comme l’injonction au bonheur, l’injonction à la sexualité harmonieuse peut crisper.

Le mouvement sexpositif, loin de se réduire à une simple tendance, propose une véritable reconsidération de notre rapport à la sexualité. En nous incitant à embrasser notre désir et à valoriser notre plaisir, il pose la question fondamentale de la liberté individuelle dans un monde encore empreint de normes et de tabous.

Ainsi, le sexpositivisme apparaît comme un mouvement vivant, en constante évolution, qui invite chacun et chacune à redéfinir sa sexualité sur ses propres termes, tout en naviguant dans les complexités des relations humaines. Si le chemin est pavé de controverses et de débats, il ouvre, sans conteste, la voie vers une sexualité plus authentique et libérée.

Juliette Debruxelles est éditorialiste et raconteuse d’histoires du temps présent.

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