Une trend TikTok fait craindre le pire aux professionnels de la santé. Nommée «Paracetamol Challenge», celle-ci consiste à ingurgiter une grande quantité d’anti-douleur, dans une sorte de compétition à celui qui sera hospitalisé le plus longtemps. Mais les conséquences peuvent être graves et irréversibles, voire entraîner la mort.
Décidément, sur TikTok, le meilleur (de la créativité) côtoie souvent le pire (des abus). Dernière dérive en date: une trend nommée «Paracetamol Challenge», dont le but n’est ni plus ni moins d’ingurgiter le plus de cachets possibles. Mais surtout de rester le plus longtemps à l’hôpital. Une compétition malsaine qui peut avoir des conséquences néfastes, voire dramatiques sur la santé.
Si elle commence à inquiéter les professionnels de la santé belges, la tendance n’est pas nouvelle. «On en a trouvé les premières traces en 2013, puis en 2015 et 2023», indique Sarah Assaf, du Centre antipoison. «Toutefois, aucun de mes collègues n’a connaissance de cas directement liés à ce challenge en Belgique. Les principaux patients reçus par la permanence sont des jeunes qui consomment du paracétamol en quantité importante pour des douleurs persistantes, ou des tentatives de suicide», poursuit la pharmacienne.
Au nord du pays, les urgentistes flamands auraient récemment constaté plus de cas de surdosage de paracétamol arrivant la nuit, indique encore Sarah Assaf. «Est-ce lié à cette trend TikTok? Difficile à dire», commente-t-elle. «Quoi qu’il en soit, il est important de conscientiser la population, et particulièrement les jeunes, que ces médicaments en vente libre, qu’ils trouvent dans la pharmacie de leurs parents, ne sont pas des bonbons.»
Le Paracetamol Challenge: les graves risques du surdosage
En Belgique, le paracétamol est la première cause d’hospitalisation pour les cas d’hépatite médicamenteuse. En 2022, 2.640 appels passés au Centre antipoison sur 61.699 concernaient ce médicament contre la douleur, soit une augmentation d’un tiers en cinq ans.
Les premiers symptômes d’un surdosage de paracétamol peuvent survenir huit, dix ou douze heures après l’ingestion. Autrement dit, le surdosage passe inaperçu au début, laissant à la personne malade le temps d’ingurgiter plusieurs cachets avant que les choses ne tournent mal. Les symptômes se manifestent alors de manière progressive: d’abord des nausées, puis des vomissements, ensuite des maux de ventre et une perte d’appétit, et des suées abondantes. Autant d’indices qui doivent convaincre les patients de se rendre à l’hôpital, car les conséquences peuvent être sérieuses. Il est question de lésions hépatiques graves et irréversibles pouvant nécessiter une transplantation de foie. «Le surdosage de paracétamol peut aussi entraîner des lésions rénales et une altération de la fonction cérébrale, et dans certains cas, la mort», alerte Sarah Assaf.
«A dose thérapeutique, soit en dessous de trois grammes par jour, le foie est capable de métaboliser la substance. Dès que l’on dépasse ce seuil et qu’on arrive à un surdosage, des métabolites toxiques sont libérés, ce qui provoquera une cascade inflammatoire», indiquait déjà au Vif, en 2023, le Dr Negrin Dastis, chef du service d’hépato-gastro-entérologie au Grand hôpital de Charleroi (GHdC).
Certains voudraient interdire TikTok
En réponse au Paracetamol Challenge, le ministre de la Santé en Fédération Wallonie-Bruxelles, Yves Coppieters (Engagés), a évoqué, mercredi, l’idée d’interdire TikTok en Belgique. Il a également annoncé sa volonté de saisir ses collègues sur cet enjeu sanitaire à l’occasion d’une prochaine conférence interministérielle (CIM) sur la santé.