Plusieurs agriculteurs français sont contraints d’abattre leurs bovins après la découverte de foyers de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). La maladie est actuellement circonscrite à quelques régions de l’est et du sud de la France, mais le risque qu’elle parvienne jusqu’en Belgique n’est pas nul.
La France fait face à une nouvelle crise agricole. Cette fois, elle est sanitaire et a pour nom «dermatose nodulaire contagieuse». Maladie infectieuse transmissible par les acariens et les insectes hématophages, elle touche exclusivement les bovins et les buffles, provoquant de fortes fièvres et des nodules douloureux, et pouvant entraîner la mort.
«La DNC cause dix à 20% de mortalité dans les cheptels infectés et a également de graves conséquences sur la production et le bien-être animal», indique l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire, qui précise que le dernier foyer européen de «cette maladie à déclaration obligatoire date de 2019, au Monténégro».
Les premiers cas ont été détectés en Savoie, en juin 2025. Entre la découverte des premières bêtes contagieuses et le 14 décembre, 113 foyers de DNC ont été recensés dans l’Hexagone, concentrés dans les régions de l’est et du sud, selon le ministère de l’Agriculture. Avec des cas également dans le nord de l’Espagne, près de la frontière franco-espagnole.
L’abattage de la colère
Face à cette épidémie, il a été ordonné de restreindre les mouvements des troupeaux et de vacciner d’urgence les animaux sur un périmètre de 50 kilomètres à la ronde, mais surtout, d’abattre tous les bovins des foyers infectés, y compris les bêtes saines. Cette dernière décision a attisé la colère des agriculteurs, mais aussi celle de la Confédération paysanne, troisième syndicat agricole français, qui a appelé, dès vendredi, à «des blocages partout en France».
Les mobilisations se sont poursuivies ce week-end, alors que le gouvernement français défend toujours sa politique. Les agriculteurs, eux, dénoncent l’important manque à gagner dû à l’abattage forcé de troupeaux entiers. «Quand il y a une bête malade, tout le monde est d’accord pour l’abattre, mais tuer des troupeaux entiers, alors qu’il faut des années pour monter une génétique et monter un troupeau, on est totalement contre», explique Christophe Guénon, éleveur de vaches et maraîcher en bio.
Le courroux agricole est tel qu’il a réussi à faire s’unir la Coordination rurale et la Confédération paysanne, pourtant souvent opposées. Les deux syndicats réclament une vaccination plus large du cheptel français, comptant pas moins de seize millions de bovins. Le gouvernement, lui, reste très prudent quant à une possible généralisation de la vaccination. Elle «placerait la France comme une zone à risque et donc ça ferait peser un risque économique sur toute la filière agricole», estime Sébastien Martin, ministre délégué chargé de l’Industrie.
Quel risque en Belgique?
Les foyers sont actuellement circonscrits à certaines régions de France, la Belgique n’est donc pas touchée, indique l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire. Néanmoins, le risque zéro n’existe pas. Malgré les mesures précédemment citées décidées par le gouvernement français, le virus s’est en effet propagé en dehors des premiers foyers d’infection, note l’AFSCA, dont «la vigilance demeure constante», tout comme «chez les vétérinaires» belges.
Cet été, l’AFSCA a examiné les options en collaboration avec l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) et les services publics fédéraux (SPF) pour être prête si le pays devait être confronté à une épidémie de DNC et voulait recourir à la vaccination.











