A Mons comme à Forest, les majorités où siègent le PTB ont été présentées à la presse. Les contextes sont différents, mais un style PTB se dégage. Quant à parler de rupture… Il est encore tôt.
Il a quitté le podium de parole après ses nouveaux collègues, Simon De Beer. Le jeune élu PTB était au côté de Charles Spapens (PS) et Séverine De Laveleye (Ecolo) pour présenter l’accord de majorité forestois. L’élu communiste n’avait pas spécialement plus de choses à dire que le socialiste et l’écologiste, mais les journalistes présents avaient de nombreuses questions à lui soumettre.
Certains éléments de réponse se trouvaient peut-être déjà à une soixantaine de kilomètres de là, à Mons, où Céline De Bruyn sera la (seule) représentante du PTB dans la majorité locale. Dans les deux communes, le PTB a hérité de compétences plus ou moins similaires. L’Egalité des chances, le Logement, de la Jeunesse et de la Petite enfance pour Céline De Bruyn. Le PTB forestois sera notamment en charge pour sa part du Logement, de l’Emploi, de la Population, de la Propreté publique, de la Santé et des Affaires sociales ainsi que de l’Egalité des droits.
200 logements publics
Dans une commune comme dans l’autre, le PTB est donc désormais en charge du Logement, une compétence ô combien importante à l’échelon local. Son l’ambition: créer minimum 200 logements publics. Dans d’autres compétences, on retient la création de dispositifs de sécurité contre les violences sexuelles dans les évènements ou l’amélioration de services publics avec des guichets citoyens ouverts sans rendez-vous.
Ces premiers éléments permettent d’observer la trajectoire que souhaite embrasser le PTB dans sa gestion communale. «Mais il n’y a pas eu de contacts entre Mons et Forest, assure le président de la fédération bruxelloise des communistes, Giovanni Bordonaro. Ce n’est pas un hasard qu’on veuille le logement, il y avait certes une volonté d’avoir cette compétence, mais c’est un équilibre à trouver.»
L’échevin du Logement est très populaire. Aux yeux des citoyens, c’est celui qui a la capacité d’attribuer des logements sociaux.
Il n’y a, dit-on de part et d’autre, pas eu d’âpre lutte autour de la répartition des compétences. «On a inversé la logique de travail sur cette coalition, confie le (futur) nouveau bourgmestre de Forest, Charles Spapens. D’habitude, on parle de la répartition des postes très vite. Ici, on a épluché les différents points des programmes. La répartition des compétences n’est venue qu’en fin de semaine dernière.»
Pour le politologue de l’ULiège, Pierre Verjans, ce portefeuille est une aubaine. «Au contraire de l’échevin des Finances, l’échevin du Logement est très populaire. Aux yeux des citoyens, c’est celui qui a la capacité d’attribuer des logements sociaux. Il y a, explicitement ou implicitement, une gratitude à son égard.» A condition néanmoins qu’il fasse bien son travail, ce qui sera évalué dans six ans.
Des partenaires à l’écoute
D’ici-là, les stratégies adoptées par les marxistes montois ou forestois différeront. «Déjà parce que nous ne représentons que quatre siège sur 28, admet modestement l’échevine montoise Céline De Bruyn. On se doit d’avoir une position plus modérée. Et puis, dans la précédente majorité, le marqueur gauche-droite était plus présent au conseil communal où l’on s’est parfois retrouvé comme alliés du PS et d’Ecolo face à Bouchez. Notre politique est celle d’une rupture avec le passé, mais on ne balance pas tout non plus, car c’est une expérience nouvelle pour nous.»
Pourtant, Mons a introduit dans son accord de majorité une clause imposant un certain quota de logements à loyers modérés dans chaque projet introduit par un promoteur immobilier. Ce qui n’est pas le cas à Forest, par exemple. «Il faut tenir compte du contexte», se défend Simon De Beer, qui compte pour sa part plaider pour que la prison de Forest soit convertie en logement, ce qui ne risque cependant pas d’arriver durant cette nouvelle législature. «A Forest, nous n’avons pas une dizaine de terrains vague sur lesquels on pourrait bâtir. Mais toutes les charges d’urbanisme seront destinées au logement.»
Si la griffe du PTB ne saute pas spécialement aux yeux, c’est aussi que, de l’aveu de tous, leurs partenaires ne leur ont pas opposé une résistance dure. «On ne s’est jamais approché, lors des négociations pour l’accord de majorité, de notre ligne rouge qui était l’augmentation des taxes», assure Simon De Beer. «Il n’y avait pas eu de résistance du PS, on a eu des partenaires très à l’écoute», assure de son côté Céline De Bruyn. Les deux ne se sont appelés que de manière informelle depuis le 13 octobre.
Quoiqu’il en soit, le logement, qui était un thème de campagne du PTB, leur revient aujourd’hui dans les communes où ils sont en majorité. L’intrigue molenbeekoise, où marxistes et socialistes cherchent encore un troisième partenaire de majorité, confirmera ou non ce qui commence à ressembler à un totem. «C’est l’angoisse de chaque parti: se spécialiser ou se généraliser, explique Pierre Verjans. Les résultats en dents de scie d’Ecolo s’expliquent notamment par-là.»
En attendant, un pont symbolique se construit entre Forest et Mons. Simon De Beer et Céline De Bruyn utilisent tous les deux le terme «résistance» face aux niveaux de pouvoirs supérieurs qui préparent une politique toute différente de la leur. «Il est clair que désormais, je vais devoir appeler Nicolas Martin (NDLR: le bourgmestre socialiste de Mons) un peu plus souvent», sourit Charles Spapens.