vendredi, décembre 27

Alors que le calendrier de la zone de basses émissions à Bruxelles pourrait être revu, les scientifiques confirment que l’exposition aux particules fines et autres polluants atmosphériques augmente le risque de maladies, allant de la bronchiolite chez les bébés au Covid chez les personnes âgées.

Alors que le renforcement des zones de basses émissions à Bruxelles pourrait être reporté, le professeur Daan Van Brusselen alarme. Pour le pédiatre des hôpitaux GZA d’Anvers, «ce plan avait pour but de réduire encore la pollution de l’air en ville en interdisant davantage de voitures. Le postposer mettrait en péril la santé des enfants.»

Dans une étude publiée avec plusieurs confrères dans le European Journal of Pediatrics, le professeur Van
Brusselen démontre que la pollution de l’air joue un rôle significatif dans l’apparition de la bronchiolite chez les petits, une infection chronique des voies respiratoires basses pouvant provoquer une sensation d’oppression et de la fièvre. Cette maladie affecte principalement les bébés, qui doivent souvent être hospitalisés. La pollution rend les enfants plus vulnérables aux infections virales, notamment au redoutable virus respiratoire syncytial (RSV).

«La bronchiolite à RSV est la cause la plus fréquente d’hospitalisation des enfants en Occident et l’une des principales à l’échelle mondiale, affirme le spécialiste. En hiver, les services pédiatriques des hôpitaux en sont remplis. Certes, des solutions sont en phase de développement, telles que la vaccination des mères ou l’administration d’anticorps aux nouveau-nés, mais le fait qu’une amélioration de la qualité de l’air puisse prévenir les hospitalisations dues à la bronchiolite reste malheureusement trop peu souligné. Il est crucial que les politiques qui prennent des décisions concernant les zones de basses émissions dans les villes soient mais au courant.»

«La bronchiolite à RSV est la cause la plus fréquente d’hospitalisation des enfants en Occident.»

Une ville comme Anvers se révèle être propice à l’étude du lien entre la pollution atmosphérique et la santé des enfants. Une étude publiée dans The Lancet Planetary Health montre que la Métropole figure parmi les records mondiaux de pollution par le dioxyde d’azote – un composant des gaz d’échappement qui influence la quantité de particules fines dans l’air.

Dommages chroniques

Le lien entre la pollution atmosphérique et la bronchiolite réside dans le fait que les particules fines et autres polluants causent des dommages chroniques aux voies respiratoires, facilitant ainsi l’infection par des virus tels que le RSV. Ce même mécanisme joue un rôle crucial dans la prédisposition au Covid. Une étude parue dans la revue Cardiovascular Health a ainsi démontré que 15% des victimes du coronavirus dans le monde auraient pu survivre si elles n’avaient pas été exposées à une pollution atmosphérique chronique. Pour la Belgique, où la pollution de l’air est omniprésente, ce chiffre atteint même 21 %, notamment chez les personnes âgées.

L’année dernière, des chercheurs de la KU Leuven ont établi dans Science of the Total Environment un lien direct entre la survenue de graves infections par le coronavirus et divers aspects de la pollution atmosphérique à Bruxelles, qui envisage pourtant d’assouplir sa politique de zone de basses émissions. Une étude de chercheurs néerlandais, qui sera publiée prochainement dans Environmental Research, montre que les particules fines et la pollution par les oxydes d’azote augmentent à la fois l’incidence et la gravité (en termes d’hospitalisations) des infections par le coronavirus. Il ne s’agit pas uniquement de l’oxyde d’azote issu du trafic. L’ammoniac provenant de l’agriculture accentue lui aussi le risque d’infections graves. La circulation et l’agriculture renforcent ainsi mutuellement leur effet néfaste sur la santé publique.

La revue Science a récemment présenté une longue liste d’infections et de maladies pouvant être provoquées par la pollution atmosphérique. La pollution peut affecter «la plupart des organes» et induire «un large éventail de changements physiologiques», entraînant une altération des fonctions métaboliques et l’apparition de maladies.

L’asthme chez l’enfant

L’analyse publiée dans Science met en lumière une disparité entre les normes de qualité de l’air proposées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et celles de l’Union européenne (UE). A l’automne 2021, l’OMS a abaissé les seuils de sécurité recommandés en matière de particules fines et d’oxyde d’azote, bien qu’elle ait indiqué que, même à des concentrations inférieures à ces normes, des problèmes de santé peuvent survenir. Cette baisse des seuils a eu un impact considérable sur la situation en Europe. Selon les normes de l’UE, moins de 1% de la population urbaine européenne était alors confronté à une pollution de l’air excessive, mais selon les nouvelles normes de l’OMS, cela concernait jusqu’à 97% de cette population. A titre d’exemple, les confrères de Daan Van Brusselen ont rapporté qu’aucune école à Anvers ne répondait aux normes de l’OMS pour la qualité de l’air. Or, l’asthme chez les enfants est l’une des maladies directement liées à la pollution de l’air.

En 2020, environ 275.000 personnes dans l’Union européenne seraient décédées des suites d’une exposition aux particules fines, mais les analystes de Science signalent que les effets pourraient être bien plus importants, surtout parce que l’impact d’une exposition chronique à de faibles concentrations de polluants est systématiquement sous-estimé. Du point de vue de la santé publique, il est donc essentiel d’agir avec la plus grande rigueur contre la pollution atmosphérique. Malheureusement, ces derniers mois en Europe, la lutte pour l’amélioration du milieu de vie est mise à mal, notamment sous la pression des lobbys agricoles.

15% des victimes du coronavirus dans le monde auraient pu survivre si elles n’avaient pas été exposées à une pollution atmosphérique chronique.

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