Roumanie, Autriche, Géorgie: la poussée dans les urnes
L’extension de l’influence russe dans certains pays européens se mesure directement dans les urnes. Florilège à l’aune des scrutins les plus récents.
Roumanie. Lors du premier tour de l’élection présidentielle, le 24 novembre, le candidat indépendant d’extrême droite, Calin Georgescu, a créé une énorme surprise en arrivant en tête, avec 22,95% des voix, devant Elena Lasconi, candidate de centre-droit du parti Union sauvez la Roumanie, qui a recueilli 19,17% des suffrages. Cependant, le 6 décembre, au lendemain de la déclassification de documents des services de renseignement évoquant une opération présumée frauduleuse sur TikTok, réseau sur lequel Calin Georgescu avait mené l’essentiel de sa campagne, la Cour constitutionnelle roumaine a décidé d’annuler le scrutin. Les élections législatives qui, elles, se sont déroulées le 1er décembre sans malversations connues ont donné lieu à une progression de l’extrême droite, représentée par trois formations, l’AUR (17,8%), SOS Romania (7,2%) et le Parti de la jeunesse (6,3%) totalisant presque un tiers de tous les suffrages. Pour la formation du gouvernement, le Parti social-démocrate (PSD) du Premier ministre sortant Marcel Ciolacu, vainqueur du scrutin (22,4%) reste toutefois en position privilégiée pour diriger la nouvelle équipe.
Autriche. Les élections législatives du 29 septembre dernier ont vu la victoire du Parti de la liberté (FPÖ) d’extrême droite (28,85%) devant les conservateurs du Parti populaire (ÖVP, 26,27%) et le Parti social-démocrate du SPÖ (21,14%). Le FPÖ est favorable à la levée des sanctions contre Moscou et à l’ouverture de négociations de paix avec Vladimir Poutine. Il n’est cependant pas près de gouverner, les deux autres principaux partis de l’échiquier autrichien ayant indiqué ne pas vouloir intégrer un gouvernement avec l’extrême droite.
Géorgie. Hors Union européenne, ce pays voisin de la Russie est le théâtre d’importantes manifestations de l’opposition proeuropéenne parce que le gouvernement a annoncé, le 28 novembre, le report à 2028 de la reprise des négociations pour l’adhésion à l’Union. Un scénario qui n’est pas sans rappeler l’histoire de l’Ukraine et de sa révolution de Maïdan en 2014. Mais le pouvoir a pour lui la légitimité démocratique, même si elle est contestée. Lors des élections législatives du 26 octobre dernier, c’est le parti Rêve géorgien, prorusse, qui est arrivé en première position, avec une avance importante sur la coalition proeuropéenne (53,93% contre 37,79%). En Moldavie, qui partage quelques caractéristiques avec la Géorgie (passé soviétique, parts du territoire aux mains de séparatistes prorusses), ce sont les forces proeuropéennes qui ont conservé l’ascendant lors de l’élection présidentielle des 20 octobre et 3 novembre et à l’occasion du référendum sur l’adhésion à l’UE, mais avec un écart parfois restreint face aux partis prorusses. Ainsi, le oui à l’UE ne l’a emporté qu’avec 50,35 % des voix.