vendredi, décembre 27

Près d’un consommateur belge sur deux dispose déjà de cet appareil dans sa cuisine. Il permet certes de cuire des frites mais l’étendue de ses compétences est bien plus large que ça. Moins glouton en huile, il le serait aussi en énergie.

Sa mère serait une machine à café et son père, une machine à pain. Quant à ses grands-parents, ils formeraient un couple réunissant un grille-pain et une théière électrique. Très peu logiquement, leur petit-fils serait baptisé Airfryer. Soit. Il y a fort à parier que des milliers d’exemplaires de ces appareils, moins romantiquement appelés friteuses sans huile, se seront retrouvés emballés au pied d’un sapin de Noël. En Belgique, une famille sur deux en dispose déjà. Et ne s’en sert pas que pour cuire des frites, loin de là, même si le Belge reste le plus gros consommateur dans cette catégorie alimentaire, avec quelque 16 kilos de frites ingurgitées chaque année. En France, selon le Groupement des marques d’appareils pour la maison, il s’est vendu l’an dernier un peu plus d’un million d’airfryers, soit une croissance de 77% en valeur.

Le airfryer décongèle, mijote des ratatouilles et cuit des tas d’autres choses que des frites: de la tartine de pain à griller au poulet, en passant par les légumes, les croque-monsieur et autres pâtisseries. Outre sa polyvalence culinaire, l’appareil a quelques autres atouts à faire valoir.

1. Sa rapidité. L’airfryer travaille vite, d’autant qu’il se passe de tout préchauffage. Ainsi 25 minutes lui suffisent pour cuire des frites alors qu’il faut en compter 35 dans un four classique. Dans une société où l’on est souvent pressé, chaque minute compte. L’airfryer permet de préparer vite des repas sains: cuisiner n’impose donc pas/plus de passer des heures derrière ses fourneaux. Cet appareil bourré de technologies permet en outre de montrer ce dont on est capable soi-même… même si l’on suit scrupuleusement les recettes énoncées dans les émissions de télévision. Il allie donc la rapidité d’exécution à un certain sens de la performance.

2. Son petit appétit énergétique: ces fours miniatures cuisent les aliments déposés dans sa cuve grâce à une résistance électrique. Au moyen d’un ventilateur, la chaleur produite est propulsée à une vitesse de 70 km/h dans l’appareil de manière à être uniformément répartie sur les aliments. La température peut s’élever jusqu’à 200 degrés. Dès lors que la cavité à chauffer est nettement plus étroite que celle d’un four classique, la température demandée est obtenue beaucoup plus rapidement. L’usage régulier d’un airfryer permettrait, à résultat identique, d’économiser de 50 à 75% de l’électricité nécessaire à l’utilisation d’un four classique.

3. Son côté nourriture saine: il suffit d’une à deux cuillères maximum d’huile végétale déposées dans ce four miniature pour obtenir des frites bien cuites. Autrement dit, une teneur en matières grasses diminuée de moitié, voire de trois quarts, par rapport à la dose contenue dans une friteuse traditionnelle. Mais le goût des premières ne vaudra pas celui des secondes, plongées dans un véritable bain d’huile.

4. Son moindre coût: pour acquérir cet appareil, il faut compter entre 70 et 200 euros en moyenne. Soit un peu moins que pour l’achat d’un four à micro-ondes et beaucoup moins que pour un four à air pulsé traditionnel. Un investissement qui peut se révéler intéressant notamment pour les étudiants ou les jeunes qui s’installent.

Des défauts, I presume ?

Evidemment, sans quoi tout cela serait trop simple.

1. Le bruit. Selon un test sonore effectué pour le compte du journal Le Monde, les six modèles testés – les plus courants – affichaient un niveau sonore compris entre 54 et 65 décibels.

«Il en va du airfryer comme du Thermomix il y a quinze ans.»

Jérémie Peltier, co-directeur de la Fondation Jean Jaurès

2. Le doublon avec d’autres appareils. Si l’on dispose déjà d’un four à air pulsé, d’un micro-ondes, d’une cuisinière, d’un grille-pain et autre wok, a-t-on besoin de cet appareil en sus, qui encombrera malgré tout le plan de travail ?

3. Les dangers pour la santé. Les parois de la cuve de l’airfryer sont recouvertes de téflon, une matière antiadhésive composée de Pfas, ces tristement célèbres polluants éternels aux conséquences ravageuses pour la santé des humains et pour l’environnement. Comme pour tout autre ustensile de cuisine contenant du téflon, les poêles par exemple, il faut donc veiller à le nettoyer sans le rayer. Par ailleurs, la cuisson à haute température de produits contenant de l’amidon, dont les pommes de terre, peut générer de l’acrylamide, une substance chimique potentiellement cancérigène. Et ce, selon certaines études scientifiques menées par des chercheurs turcs, davantage dans ces friteuses sans huile que dans des friteuses classiques. Gare, donc, à l’excès de frites. Mais tremper les frites dans l’eau avant de les cuire, peu importe de quelle manière, permettrait déjà de réduire ces taux d’acrylamide.

4. La question de fond: avons-nous vraiment besoin de robots supplémentaires, même de moindre taille, dans nos cuisines ? «Il en va du airfryer comme du Thermomix il y a quinze ans, analysait récemment Jérémie Peltier, co-directeur de la Fondation Jean Jaurès, sur les ondes de France Inter. La friteuse à air devient un objet iconique de la société de consommation. La possession de tels appareils, symboles d’un certain art de vivre, permettrait d’accéder à la classe moyenne et de marquer sa place dans la société.» 

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