Le dry humping, c’est cette pratique sexuelle consistant à faire frotti-frotta, sans pénétration. Un plaisir qui n’a pas d’âge mais qui colle bien à l’époque.
C’est l’une des premières pratiques de découverte de la sexualité. De ressentir du plaisir sans «le faire». Mais le dry humping (traduisez «frottement à sec» ou «frotti-frotta») provoque également des émois chez les adultes.
Concrètement, il consiste à frotter et pousser ses parties génitales contre celles de son partenaire, voire d’introduire son pénis entre les cuisses, les fesses, les pieds de la personne consentante, qui accepte de rester habillée (sous-vêtements ou combi de ski, tout est permis) pour jouer.
La pliure du coude ou du genou, l’aine, la fente formée par l’aisselle et le bras, le menton et le cou… Tout ce qui exerce un frottement et une pression est bon. La consigne essentielle: pas de pénétration, quelle qu’elle soit.
Tout ceci conduit à un retour à une sexualité «adolescente», presque ultrasafe.
Si les teen movies américains regorgent de références à ce plaisir adolescent exempt (ou presque) de risque pour l’hymen et de contact avec des maladies sexuellement transmissibles (sauf celles qui se transmettent par contact cutané, comme le papillomavirus ou l’herpès), il peut sembler surprenant de voir de grandes personnes s’y adonner avec passion, y compris sur les plateformes X.
Asexualité vénérée
Les explications sont pourtant multiples. L’Occident – de nombreuses études et sondages en attestent – fait face à la récession sexuelle soutenue par différents facteurs. Comme la prise en considération du consentement et le début d’une affirmation, pour les femmes, du droit à dire «non», y compris dans le cadre conjugal.
La pression de la performance challengée par le porno et ses critères inatteignables qui donnent envie d’abandonner la partie avant même de l’avoir initiée. La vénération de l’asexualité et l’abstinence comme un retour à une pureté affirmée dans une société décadente d’hyperconsommation.
Les injonctions à déconstruire une masculinité toxique qui, pour certains, reviennent à transformer leur pénis en chique. La terrifiante perspective de l’engagement, du rapport sexuel interne qui emprisonnerait les partenaires dans une relation exclusive arrosée de risque de grossesse, d’attachement, de responsabilités diverses.
Tout ceci conduit certains et certaines à un retour à une sexualité «adolescente», presque ultrasafe.
Si jouissance et éjaculation il y a, c’est le tissu des vêtements ou sous-vêtements (pour les plus téméraires) qui absorbe tout. Le choix de ce dernier est d’ailleurs crucial. Le lin, le coton brut, le denim, la toile épaisse, les soies abrasives et les matières synthétiques qui «chauffent» face aux frottements peuvent devenir source de cauchemars.
Danger ou malaise?
Glissez pendant plusieurs minutes le bout de votre index sur votre jean et vous ne tarderez pas à ressentir une désagréable augmentation de la température. Imaginez maintenant que ce n’est pas votre index, mais votre gland (qu’il s’agisse de votre pénis ou de votre clitoris) qui subit une telle torture…
Attention également aux fermetures Eclair et autres fantaisies en strass ou en métal à la surface de vos vêtements (outre le risque d’un énorme fashion faux pas).
Le dry humping ne présente pas de réels dangers, hormis ceux de brûlures, abcès, irritations. Mais aussi de malaise face à un partenaire qui veut absolument fourrer son pénis entre le double menton que vous faisiez semblant d’ignorer jusqu’ici. Ou de réminiscence de votre mère entrant dans le garage et vous trouvant, votre amoureux de 14 ans et vous-même, en train de mimer l’acte sexuel sans les mains… Qui s’en souvient?
Juliette Debruxelles est éditorialiste et raconteuse d’histoires du temps présent. Retrouvez ses chroniques ici.