dimanche, novembre 24

Attert, dans le Luxembourg, est la commune au revenu médian le plus élevé de Belgique. Mais c’est à Sint-Martens-Latem, en Flandre orientale, que le revenu moyen atteint des sommets. Deux indicateurs qui cachent plusieurs réalités sur la richesse réelle des Belges.

En 2022, Attert, en province du Luxembourg, était la commune la plus riche de Belgique avec un revenu médian net de 42.211 euros, selon les données publiées par Statbel, l’office statistique belge. Saint-Josse-ten-Noode, à Bruxelles, affichait quant à elle le revenu médian le plus bas, à 19.288 euros. Les deux localités occupaient déjà ces mêmes positions en 2020 et 2021.

Ce classement se base sur le revenu disponible équivalent administratif, précise Statbel. Celui-ci a l’avantage, par rapport à d’autres indicateurs, de tenir compte des revenus imposables et non imposables, comme les allocations sociales ou familiales, pension, revenu d’intégration, revenus locatifs et autres. L’utilisation de la médiane permet en outre de lisser les valeurs extrêmes, tant les plus élevés que les plus basses, contrairement à la moyenne. Ce revenu médian signifie que la moitié de la population de la commune se situe au-dessus de ce revenu, l’autre moitié en dessous.

L’indicateur donne donc une idée de la richesse des ménages, centrée sur l’ensemble des revenus de ceux-ci. Il laisse apparaître certains pôles de prospérité, notamment à la frontière avec le Grand-Duché de Luxembourg. Parmi les dix communes les plus riches du pays, six se situent dans l’extrême-sud de la province de Luxembourg, à savoir Attert, Messancy, Etalle, Saint-Léger, Arlon et Habay.

À l’opposé, six des dix communes aux revenus les plus modestes se situent en Région bruxelloise: Saint-Josse-ten-Noode, Molenbeek-Saint-Jean, Anderlecht, Koekelberg, Schaerbeek et Bruxelles-ville. La périphérie bruxelloise, tant en Brabant wallon que flamand, se démarque par des revenus sensiblement plus élevés, comme le montre la carte ci-dessus.

Cela confirme une tendance, tant pour le Luxembourg que Bruxelles: la population la plus aisée n’y habite pas forcément mais profite de l’effet d’attractivité de ces pôles, notamment comme vecteurs d’emploi. À l’inverse, les anciennes gloires industrielles de la Belgique, autour de Liège et Charleroi notamment, dévoilent la chute de prospérité de ces lieux.

«Depuis plusieurs décennies, bon nombre de jeunes ménages actifs, en quête d’une maison avec jardin, quittent les grandes villes, pour s’installer dans une commune de périphérie», décodait Yves Hanin, professeur à la Faculté d’architecture, d’ingénierie architecturale et d’urbanisme de l’UCLouvain, dans un dossier du Vif sur l’évolution des revenus. Un phénomène de périurbanisation favorisé également par la flambée des prix de l’immobilier, poussant les habitants hors de la ville devenue, pour certains, inabordable.

Avec le revenu moyen, une commune flamande passe en tête

La comparaison avec le revenu moyen par habitant, également couvert par Statbel, qui ne tient compte que des revenus imposables, laisse apparaître un classement légèrement différent qu’avec la médiane évoquée plus haut. Une commune flamande est ici classée comme la plus riche, Sint-Marten-Latem (revenu moyen par habitant de 33.249 euros), au sud-ouest de Gand. Cette dernière se retrouve seulement en quinzième position lorsqu’il s’agit de la médiane des revenus administratifs équivalent.

Cela atteste de deux choses. D’abord que la moyenne est probablement tirée vers le haut par des valeurs extrêmes, les «super-riches». L’écart interquartile, mesurant la différence entre les revenus au sein d’une même entité, permet de le confirmer: il s’établit à 20.915 euros dans la commune flamande de Sint-Marten-Latem, dans le top 20 des plus importants du pays. Ensuite, la commune abrite probablement un nombre de personnes qui dépendent aussi d’autres revenus, non imposables, qui «disparaissent» dans l’indicateur de la moyenne. Statbel ajoute une information pour s’en rendre compte, avec son indice du risque de pauvreté par commune, qui indique la proportion de la population de la commune dont le revenu est inférieur au seuil de pauvreté national. Cette indicateur s’établit à plus de 7% à Sint-Marten-Latem (une personne sur quatorze), qui se retrouve dans le ventre mou du classement des communes de la province.

La commune accueille donc une population aux revenus plutôt hétérogènes, dont une part gagne significativement plus que d’autres, la propulsant en tête des revenus via la moyenne, mais qui descend plus bas lorsque la médiane est utilisée, avec d’autres types de revenus pris en compte. C’est également le cas pour Attert, Arlon ou Messancy, qui malgré leur bon classement dans les revenus médians, sont plus «mixtes» que ce que le nombre laissait à penser au premier abord. Elles ont par exemple chacune un important écart interquartile, formant le podium des plus importants à l’échelle du pays.

Sur le plan du risque de pauvreté, les taux les plus faibles sont recensés exclusivement en Flandre, avec Holsbeek et Zemst en tête (3,4% chacune), suivies de près par Boutersem (3,6%), De Pinte (3,7%) et Herne (3,8%).

À l’inverse, c’est en Région bruxelloise que le risque de pauvreté est le plus présent: Saint-Josse-ten-Noode (34%) devance Molenbeek-Saint-Jean (31,5%), Anderlecht (28,2%), Schaerbeek (26,8%) et Koekelberg (26,7%). Ici, le classement correspond aux revenus médians les plus faibles du pays, laissant donc apparaître une population plus homogène, globalement moins aisée. C’est également le cas plus globalement pour l’ensemble des grandes villes belges, qui accueillent en général une population de mixité sociale plus importante, dont une part plus fragilisée.

Pour l’ensemble de la Belgique, Statbel pointe 17 communes avec un risque de pauvreté supérieur à 20 %. Elles sont situées dans la Région de Bruxelles-Capitale (10 communes), dans les provinces wallonnes de Liège (4 communes) et du Hainaut (3 communes).

Derrière le revenu médian ou moyen, cet ensemble d’indicateurs permet de visualiser le niveau de vie des Belges, qui peut varier fortement d’une commune à l’autre, mais également au sein de celles-ci. Des revenus déterminants pour les finances, tant du pays que des communes, via les taxes et impôts levés.

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