dimanche, décembre 22

Le climat mondial change, comme le montrent les derniers climatogrammes mis en ligne pour une série de stations météorologiques. Parmi certaines destinations touristiques du continent européen, les températures moyennes ont déjà grimpé nettement au cours des deux dernières périodes de référence.

Cet été belge, mi-figue mi-raisin, avec un premier coup de chaud ce lundi, peut donner la fausse impression que le climat est stable, entre belles années et celles où le soleil joue à cache-cache. Pourtant, certains chiffres ne laissent pas de place au doute quant aux changements enregistrés et au réchauffement progressif du climat.

Ces données sont bien visibles sur les derniers climatogrammes mis en ligne par l’IRM, l’Institut royal météorologique. Ceux-ci montrent le cycle annuel d’un climat moyen à un endroit, en agrégeant les données sur une longue période (30 années). Mois après mois, la ligne des températures et précipitations moyennes apparaît.

En ne regardant que les températures, et en superposant la courbe de 1961 à 1990 et la dernière en date, entre 1991 et 2020, la hausse du thermomètre se dessine clairement. Là où le mois d’août devait normalement déboucher, à Uccle, sur une température moyenne de 17°C lors de la période précédente, celle-ci a désormais atteint les 18,4°C pour la période plus récente.

Qu’en est-il à l’étranger?

Ces climatogrammes reprennent les données belges, dans plusieurs stations du pays, mais également à l’étranger, via l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Il est possible de réaliser le même exercice de superposition pour connaître l’évolution des températures moyennes.

Cette dizaine d’exemples, entre stations balnéaires et destinations touristiques, montrent que la hausse est généralisée. Dans le sud français, à Nice, la température moyenne de 23°C est passée à 24°C en été. Barcelone atteint près de 26°C de moyenne en août, soit trois degrés de plus en quelques décennies. Plus au nord, à Londres, les différences frôlent aussi parfois les trois degrés en été et les atteignent plus tôt dans l’année. Autant de hausses qui interrogent, surtout si le thermomètre continue de grimper.

Le bassin méditerranéen attirera-t-il toujours autant en été, en devenant plus étouffant? Faudra-t-il un jour renoncer à certaines destinations touristiques? Comment l’agriculture devra-t-elle s’adapter? Les forêts seront-elles encore adaptées à un climat plus chaud? Quid aussi du risque d’incendies, qui rythme dramatiquement certains étés?

«Le réchauffement pose inévitablement une série de questions associées, pas toujours très perceptibles au premier abord, explique Pascal Mormal, météorologue à l’IRM. Gagner, sur une moyenne, un degré ou un degré et demi, cela peut paraître peu. L’impression peut être faussée, en croyant que les journées à 30°C d’hier donneront simplement des jours à 31,5°C demain, mais c’est plus complexe et lourd de conséquences. Derrière cette moyenne, ce sont des phénomènes extrêmes qui vont gagner en intensité, des épisodes de grosses chaleurs plus longs, plus chauds, tout comme la pluie, qui va s’abattre plus fort, plus vite. Les dramatiques inondations de 2021 en Belgique en sont l’une des conséquences les plus marquantes ces dernières années.»

Hausse généralisée, toute l’année

Même si, sur les points choisis sur la carte, la hausse des températures semble assez homogène, certaines régions semblent plus affectées. Notamment plus au nord de l’Europe, avec des différences de 3°C certains mois sur les climatogrammes. Ce qui peut s’expliquer, selon le météorologue. «En se rapprochant des pôles, le réchauffement est plus rapide. Ces régions sont plus vulnérables, avec leur couche de glace et de neige, qui reflètent énormément le soleil. Si cette surface diminue, c’est autant de chaleur supplémentaire qui peut s’installer.»

Le bassin méditerranéen surchauffe également plus souvent que par le passé, «ce qui pose aussi des défis pour certaines régions comme à l’extrême sud de l’Espagne ou du Portugal, qui risquent de devenir semi-désertique voire le sont déjà», détaille encore Pascal Mormal.

La hausse des températures ne concerne pas que l’été. Des hivers plus doux, des printemps avec des températures plus rapidement élevés, des automnes où la chaleur perdure. Autant d’influences sur le climat des régions concernées. «En Belgique, il suffit de regarder d’autres indicateurs. Sur les jours de gel, à Uccle, la moyenne est passée de 52,3 jours pour la période 1961-1990 à 39,4 jours en 1991-2020, car les hivers se réchauffent. Côté jours de chaleur, avec 30°C au moins, ils sont devenus une possibilité en mai et septembre dans la nouvelle normale, alors que ce n’était pas le cas en 1961-1990.»

Cachés derrière de petites variations d’un ou deux degrés dans des moyennes, voilà autant de phénomènes avec lesquels il faudra apprendre à vivre, en Belgique et ailleurs.

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