jeudi, novembre 14

Quel doit être le montant de l’épargne pour vivre confortablement une fois à la retraite? Réponses chiffrées et conseils.

Le président de la Mutualité chrétienne, Luc Van Gorp, créait la polémique en avril dernier, en affirmant que les personnes âgées devraient pouvoir mettre fin à leur vie si elles le jugent nécessaire. Notamment à cause de difficultés financières, la vieillesse étant devenue parfois inabordable. Ce qui incite à se poser cette question: combien faut-il avoir épargné au moment de prendre sa retraite? Combien faut-il avoir gagné pour jouir d’une pension sans soucis financiers?

Pas de règle d’or en la matière: la réponse dépend de nombreux facteurs.

  • La personne est-elle propriétaire de son logement ou locataire?
  • Quel est le montant de sa pension?
  • Quel est le coût de son mode de vie?
  • Et, bien sûr, la question à laquelle personne ne connaît la réponse exacte: jusqu’à quel âge vivra-t-elle? Car, bien sûr, le fait de mourir le lendemain de la retraite ou de rejoindre le club des centenaires fait une grande différence.

Il existe une règle empirique selon laquelle, au moment de prendre sa retraite, il est préférable d’avoir épargné huit années de salaire, arrondies à 100 salaires mensuels nets, si l’on veut maintenir son niveau de vie par la suite. Voici comment faire son propre calcul en fonction de sa situation spécifique.

Commencer tôt

Des tableaux circulent pour indiquer le montant qu’il est préférable d’avoir épargné à un certain âge, car pour se constituer une épargne suffisante en vue de la retraite, il est important de s’y prendre tôt.

  • Combien il faut avoir épargné entre 20 et 30 ans: essayer de limiter toutes ses dépenses de consommation, c’est-à-dire tout l’argent nécessaire pour payer son mode de vie, à 75 % de ses revenus. En d’autres termes, tenter d’épargner ou d’investir 25 % de ses revenus.
  • Combien il faut avoir épargné à 30 ans: avoir économisé au moins un an de salaire, ce qui comprend les comptes d’épargne, l’épargne-retraite et les investissements.
  • Combien il faut avoir épargné à 35 ans: deux fois le salaire annuel.
  • Combien il faut avoir épargné à 40 ans: trois fois le salaire annuel.
  • Combien il faut avoir épargné à 45 ans: quatre fois le salaire annuel.
  • Combien il faut avoir épargné à 50 ans: cinq fois le salaire annuel.
  • Combien il faut avoir épargné à 55 ans: six fois le salaire annuel.
  • Combien il faut avoir épargné à 65 ans: huit fois le salaire annuel.

Le cabinet de ressources humaines Mercer a calculé qu’il faut avoir mis de côté 85 fois son salaire mensuel net pour conserver plus ou moins le même niveau de vie après la retraite. Cela correspond à peu près à huit salaires annuels, soit 96 salaires mensuels. Pour un salaire net de 3.000 euros, cela représente près de 300.000 euros.

En quoi peut consister ce pot d’épargne? De toutes les économies et investissements (livrets d’épargne, actions, fonds…), de l’argent d’un plan de pension complémentaire ou de ce que l’on appelle le deuxième pilier de pension, de l’argent de son épargne-retraite ou du troisième pilier de pension. Un logement propre n’est pas compris dans cette épargne, même s’il constitue évidemment une somme importante.

Piège du revenu

Selon les chiffres de Statbel, l’office statistique belge, un ménage dont la personne de référence a entre 65 et 74 ans dépense en moyenne près de 36.000 euros par an, et 34.000 euros si la personne de référence a plus de 75 ans. Arrondissons ici à 35.000, soit environ 2.900 euros par mois.

Si une personne prend sa retraite à 65 ans et vit jusqu’à 85 ans (en Belgique, un homme de 65 ans vit en moyenne jusqu’à 84 ans, une femme jusqu’à 86 ans), elle aura alors besoin de 2.900 euros par mois pendant 20 ans ou 240 mois. Mais la population vieillit: le nombre de personnes de plus de 80 ans augmente fortement, et de plus en plus de personnes atteignent 100 ans. Les centenaires auront besoin de 2900 euros par mois pendant 35 ans ou 420 mois.

Bien entendu, la pension légale représente une part importante de ces 2.900 euros mensuels. Le montant de la pension peut varier considérablement, notamment en fonction du statut: les fonctionnaires bénéficient d’une pension beaucoup plus élevée que les salariés et les indépendants. Là encore, une règle de base: la pension est légèrement inférieure à la moitié du dernier salaire. Oui, partir à la retraite signifie une sérieuse baisse de revenus.

Il est facile de connaître le montant de sa pension sur mypension.be, mais la pension moyenne d’un salarié s’élève aujourd’hui à 1.933 euros. Quoi qu’il en soit, il ne fait aucun doute que la pension légale est généralement insuffisante pour maintenir votre niveau de vie après la retraite.

La pension légale est également insuffisante pour payer une chambre dans un centre de soins résidentiels, qui coûte aujourd’hui plus de 2.100 euros par mois en moyenne. Et ce, sans compter les suppléments, comme le coiffeur, ou les dépenses supplémentaires pour de nouveaux vêtements, par exemple. Pour plus de 80 % des retraités, la pension légale est insuffisante pour payer un séjour en maison de retraite.

Retour au calcul. Celui qui a 85 ans devra disposer d’une épargne d’environ 240.000 euros pour vivre décemment pendant toutes ces années. Pour un centenaire, c’est presque 420.000 euros. Les 300.000 euros d’épargne nécessaires selon la règle empirique se situent entre les deux.

Espérance de vie

Il s’agit toujours de calculs distincts, basés sur des moyennes. Mais il est possible de faire ses propres calculs en fonction de sa situation. Comment procéder?

1. Calculer vos dépenses. Combien dépensez-vous chaque mois? Avant de prendre sa retraite, il est préférable de noter ce que vous dépensez chaque mois sur papier, dans un fichier Excel ou sur une application. En matière d’énergie, de nourriture, de téléphonie, de télévision, d’internet, de santé, de vacances, etc.

Pour obtenir le chiffre le plus précis, il est préférable de calculer le coût pour une année et de diviser ce montant total par 12 pour obtenir un montant moyen par mois, car il y a des mois bon marché et d’autres coûteux.

Pour celles et ceux qui disposent en tant qu’employés d’une voiture de société aujourd’hui, ne pas oublier qu’un faudra ensuite acheter soi-même un véhicule… et assumer tous les les frais (carburant, entretien, assurance, taxes…). Pareil pour l’assurance hospitalisation obtenue par l’intermédiaire de l’entreprise, l’abonnement téléphonique, etc.

Autre chose: après la retraite, il n’est pas impossible que de nouvelles dépenses émergent. Des voyages plus fréquents? Une croisière de rêve? De nouveaux hobbies? La rénovation d’une maison? De nouveaux châssis?

2. Vous calculez ses revenus. Quel est le montant de vos revenus mensuels? Une pension légale, mais peut-être aussi des revenus locatifs? Ou autres? Une flexijob?

3. Calculez ensuite l’écart. Quelle est la différence entre le coût moyen par mois et le revenu?

Puis ça se complique: quelle est votre espérance de vie? Il est préférable de partir du principe que vous vivrez jusqu’à 100 ans, mais des sites statistiques permettent d’avoir une idée en fonction de son âge. Sur cette base, il est possible de calculer le nombre de mois pendant lesquels vous serez encore sur terre après votre départ à la retraite. Multipliez ensuite ce nombre de mois par l’écart obtenu à l’étape 3. Vous avez ainsi une idée du montant de votre épargne si vous voulez conserver plus ou moins le même niveau de vie.

Pour ce pot d’épargne, il est bien sûr possible d’inclure l’ensemble de ses économies et investissements, des chiffres faciles à obtenir auprès de sa banque. Le montant de votre épargne-retraite, que vous trouverez auprès de l’institution financière concernée, est également pris en compte dans ce pot d’épargne. Il en va de même pour le montant d’une éventuelle pension complémentaire, disponible, tout comme le montant de la pension légale, sur mypension.be. Et qui sait, certains auront peut-être encore un héritage en perspective. Pas de quoi se considérer riche pour autant, mais cela apporte une aide financière supplémentaire.

Peut-être faudra-t-il faire face à des dépenses inattendues, par exemple des frais d’hospitalisation élevés? Une voiture qui rend l’âme et doit être remplacée? Une gouttière qui fuit et qui doit être réparée? Un héritage à constituer pour ses (petits-)enfants? Car tôt ou tard, eux aussi se poseront la question et commenceront à calculer: mes vieux jours seront-ils financièrement abordables ?

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