jeudi, décembre 26

L’essentiel

· Le Parti socialiste tente de se relever après sa défaite électorale.
· Le PS a revu son organigramme et vidé l’Institut Emile Vandervelde de son personnel.
· Une modification cruciale a été opérée dans la galaxie socialiste, avec la création d’un nouveau G8.
· Ce nouveau G8, composé pour les cinq prochaines années, réunira plusieurs fois par mois les hauts dirigeants du parti.
· Le casting du G8 témoigne des nouveaux rapports de forces internes au parti, avec notamment une seule femme présente et l’absence de certains ministres sortants.

Le Parti socialiste tente de se relancer. Il s’est réorganisé et a remodelé sa principale instance dirigeante, le G8, un organe non statutaire où se prendront toutes les grandes décisions socialistes.

Après la défaite, le Parti socialiste tente de se relancer. Paul Magnette a, d’abord, dû tenter de trouver une solution de reclassement pour les centaines de collaborateurs des cabinets des cinq dernières années. Dans cette optique austéritaire, le PS a revu son organigramme. Il a pratiquement vidé l’Institut Emile Vandervelde de son personnel. Il a renforcé les groupes parlementaires en y plaçant les cabinettards les plus aguerris. Ceux-là seront chargés de mener une opposition de haute tenue. Mais une modification cruciale dans la galaxie socialiste n’a pas été annoncée, ni à la presse ni aux militants, et pour cause. Elle porte sur le nouveau G8, un organe non statutaire qui n’a aucune existence formelle. Elio Di Rupo avait jadis introduit un G9, à la composition variable, et que Paul Magnette, élu président en 2019, avait lui aussi recomposé. Y siégeaient le président et tous les principaux ministres, et certains anciens ministres. Un G23, élargi notamment aux chefs de groupe dans les parlements, en était devenu le complément, sans que sa composition et son fonctionnement ne soient, non plus, régis par des statuts.

Le nouveau G8, donc, a été composé par Paul Magnette pour les cinq prochaines années (si tout va bien). Ce petit groupe de hauts dirigeants se réunira plusieurs fois par mois, et devra s’accorder sur les plus grandes décisions vouées, paraît-il, à replacer le PS au centre du jeu politique. Son casting témoigne des nouveaux rapports de forces internes au parti. Il compte, par exemple, trois Bruxellois pour cinq Wallons. Les absents peuvent étonner, car tous les ministres sortants ne s’y trouvent pas ou plus (pas de Ludivine Dedonder, Karine Lalieux, Thomas Dermine, Caroline Désir, Nawal Ben Hamou, Christophe Collignon, plus de Rudi Vervoort ou d’Elio Di Rupo).

Surtout, on ne dénombre dans cette instance secrète qu’une seule femme, Christie Morreale. Comme si l’inexistence statutaire d’un organe l’avait libéré des impératifs de parité que les statuts dessinent, autrement, partout. Notons encore qu’aucun ancien ministre de la Fédération Wallonie-Bruxelles ne s’y trouve, pas plus que le nouveau chef de groupe au parlement de la Fédération, le Boitsfortois Martin Casier. Un signe de plus de l’infériorisation, institutionnelle et politique, de cette entité francophone.

Son casting témoigne des nouveaux rapports de forces internes au parti

Avec Paul Magnette, qui s’est évidemment coopté à la tête du groupe, figurera dans ce G8 socialiste…

Jamil Araoud, le nouveau directeur de l’Institut Emile Vandervelde (IEV). Qui n’est plus ce qu’il était. Il y a quelques années déjà que deux des quatre étages du 13 boulevard de l’Empereur ont d’ailleurs été loués au parti frère flamand, Vooruit. Après la défaite du 9 juin, après le renvoi dans l’opposition, l’IEV n’est plus constitué que d’une poignée de collaborateurs. L’ancien directeur, Amaury Caprasse, avait succédé à Thomas Dermine lorsque ce dernier fut désigné secrétaire d’Etat à la Relance à l’automne 2020. En burnout depuis plusieurs mois, il a été remplacé par Jamil Araoud. Le Bruxellois, originaire de Koekelberg, était chef de cabinet de la ministre fédérale de la Défense, Ludivine Dedonder.

Frédéric Daerden, un des battus du scrutin du 9 juin (il a récolté davantage de voix de préférence que Raoul Hedebouw dans la circonscription fédérale de Liège, mais moins que Pierre-Yves Jeholet). Président de la fédération liégeoise du Parti socialiste, il reste néanmoins absolument incontournable.

Nicolas Martin, le bourgmestre de Mons. Il a fait entendre une voix forte, au bureau politique du 10 juin, et il fut le socialiste le plus critique quant à la ligne imprimée dans cette campagne ratée. Président de la fédération de Mons-Borinage, tête de liste régionale, il a fait une belle récolte de voix de préférence, particulièrement dans sa très stratégique commune. Il voulait, renonçant aux dispositions pour lesquelles il avait lui-même milité, cumuler son siège de député avec son mayorat. Pour ce faire, il souhaitait demander une dérogation au bureau de son parti. Elle lui aurait probablement été refusée, c’est pourquoi il a évité de la soumettre. En attendant, il se mettra «en congé» de son mayorat, dans un mouvement moyennement lisible. Assez critique en interne et plutôt populaire dans les urnes, il est un potentiel danger pour son président de parti. Paul Magnette l’a donc intronisé dans le saint des saints du PS.

Ahmed Laaouej, le président de la fédération bruxelloise du PS. Il a un peu moins perdu les élections que ses camarades, à Bruxelles, et a amassé 25.000 voix de préférence, meilleur résultat régional. Mais le PS s’est fait dépasser, pour la première fois depuis 2009, par le MR, grand vainqueur, qui mène de pénibles négociations en vue de constituer un gouvernement régional. Pas le socialiste favori de Paul Magnette, Ahmed Laaouej ne figurait pas dans le précédent G9, sa moindre défaite du 9 juin l’a imposé dans la nouvelle mouture.

Philippe Close, vice-président de Paul Magnette depuis que ce dernier préside le PS. Il a toujours soutenu le Carolorégien. Comme lui, il lui est arrivé de se frotter aux siens. Par exemple à Nivelles, où il avait exhorté ses compagnons de lutte à admettre qu’il y avait tout de même un problème avec l’argent dans ce parti…

Pierre-Yves Dermagne, encore vice-Premier ministre, le temps des affaires courantes, mais il deviendra chef de groupe socialiste à la Chambre dès que le nouveau gouvernement fédéral sera en fonction. Le Rochefortois est toujours un proche allié de son président de parti, au moins depuis ces quelques mois de 2017 où ils siégèrent ensemble au gouvernement wallon.

Christie Morreale, la seule femme du nouveau G8, donc. La Liégeoise, tête de liste régionale dans son arrondissement, ne s’est pas déshonorée le 9 juin, mais elle n’en est pas sortie gagnante. Elle espérait accéder à la ministre-présidence régionale, elle sera cheffe de groupe de l’opposition socialiste au parlement de Wallonie.

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