Le dernier conseil des ministres en cours pourrait bien s’achever tard dans la nuit. Certains dossiers seront probablement remis à 2026, dont trois qui rythmeront à coup sûr la rentrée de l’Arizona.
Un mois après avoir trouvé un budget pour 2026, l’Arizona ne l’a toujours pas voté parce que le deal bouclé fin novembre était un accord de principe. La deadline des 50 jours fixée par Bart De Wever prenait fin à Noël mais, concrètement, plusieurs questions très techniques se posent. Voilà pourquoi les ministres ont été convoqués ce 23 décembre dès 10 heures pour un kern (en présence de tous les vice-premiers ministres, donc) qui durera probablement jusqu’au bout de la nuit.
En première partie de journée, chacun est venu armé pour défendre sa position quant aux définitions des produits concernés par la hausse de la TVA, aux derniers points sur la taxe sur les plus-values, et chicaner sur la hausse des accises notamment sur le carburant. L’après-midi, quelques nominations à des postes stratégiques ont été prononcées, et des achats militaires ont été validés. Mais l’ordre du jour serait si long que de nombreux dossiers, plus ou moins explosifs, seront remis à l’année 2026.
L’Arizona se demande qu’est-ce qu’un salaire
Mesure importante de l’accord budgétaire, le gel de l’indexation représentera la première marche à franchir pour l’Arizona, alors que la Belgique commencera l’année 2026 sous le régime des douzièmes provisoires. Actuellement, la mesure fait débat sur ce qui est considéré comme un salaire brut. Pour rappel, les montants au-dessus des 4.000 euros ne seront pas indexés.
Se pose la question du treizième mois, des avantages extra-légaux ou des régimes à temps partiel qui ne dépassent pas le plafond des 4.000 euros brut, et qui pourraient finalement être largement avantagés par des temps pleins qui verraient leur indexation ralentir. Bref, la mesure est (très) complexe à mettre en œuvre, si bien que les gels d’index prévus pour 2026 et 2028 pourraient finalement être fixés à une autre date. Cela aurait alors une incidence sur le rendement de cette mesure censée rapporter 1,6 milliard d’euros à l’Etat qui doit ensuite reverser la moitié aux entreprises.
Bye bye la norme KUL, welcome la «norme Quintin» ?
Thème de campagne, surtout au MR, la sécurité restera sur la table de l’Arizona en 2026. Si le ministre de l’Intérieur, Bernard Quintin (MR), devrait trouver dès ce mardi une solution avec sa collègue à la Justice, Annelies Verlinden (CD&V) sur les places disponibles en prison et la présence de militaires dans les rues de Bruxelles et d’Anvers dès le début de l’année 2026, l’Arizona va désormais se pencher sur le financement de la police.
En effet, la norme KUL (qui régit le financement des zones de police locales) fait l’objet d’une refonte. Le ministre de l’Intérieur a chargé l’ULB d’étudier et de proposer de nouveaux critères. Là où la norme KUL prenait en compte principalement des critères rigides, la future norme (qui pourrait s’appeler «la norme Quintin») devrait permettre des actualisations. En plus du nombre d’habitants, le nombre de navetteurs, d’étudiants ou de touristes se rendant dans la circonscription pourrait faire évoluer le financement des services de police. Le dossier s’annonce évidemment très communautaire puisqu’augmenter le budget quelque part consiste souvent à la diminuer ailleurs. D’où la fusion des zones de police à Bruxelles qui, par ailleurs, était étudiée en deuxième lecture au gouvernement ce mardi après-midi. On imagine cependant assez mal les partenaires nationalistes de Bernard Quintin booster les caisses de la police montoise, par exemple, au détriment de celle d’Anvers, toujours par exemple.
Une épineuse confrontation avec Fluxys
Ce dernier conseil des ministres de 2025 devrait également marquer l’entérinement de la norme énergétique. Cette norme permettra aux gros industriels énergivores de profiter d’une électricité à un prix exceptionnellement bas en réduisant jusqu’à 50% le prix de l’électricité pour la moitié des MWh consommés.
Sauf que la mesure n’est pas gratuite, naturellement, et que l’Arizona compte bien faire passer à la caisse un autre géant énergétique: Fluxys. L’entreprise a accumulé 600 millions de bénéfices suite à la crise énergétique mais, puisqu’elle se trouve dans une situation de monopole et donc régulée, doit réserver ces sommes sur un compte à part. C’est de ce juteux compte que le ministre de l’Energie, Mathieu Bihet (MR), et son collègue aux Finances, Jan Jambon (N-VA) veulent ponctionner 300 millions d’euros afin de financer la norme énergétique. Les deux ministres croisent le fer avec Fluxys qui n’est, naturellement, pas favorable à la mesure. Un combat juridique pourrait s’amorcer. L’Arizona pourrait également se tourner vers les profits générés par le GNL transitant à Zeebruges.














