La seconde phase des inscriptions d’élèves en secondaire a débuté, avec la prise en compte chronologique des demandes. Les listes d’attente affichent et confirment les établissements scolaires prisés, le libre étant loin devant l’officiel en nombre d’inscrits. Il reste difficile de travailler sur l’attractivité des écoles, dont l’image colle à la peau.
Les inscriptions en première secondaire sont entrées dans une nouvelle phase ce lundi, avec la prise en compte des formulaires de manière chronologique. Cette étape suit la période d’inscription «classique», qui s’est tenue du 27 janvier au 14 février dernier, se faisant par préférence, peu importe l’ordre d’arrivée, et selon des indices de priorité (par exemple: fratrie déjà présente dans l’école, parent exerçant dans l’école, etc.).
Désormais, les possibilités d’inscription sont plus réduites pour les enfants, nombre d’écoles affichant déjà des listes d’attente plus ou moins longues. De plus, il n’est plus possible de faire valoir une priorité. Premier arrivé, premier inscrit.
Pour connaître les établissements dans lesquelles il reste de la place, la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) tient à jour les listes d’attente dans les écoles, parfois longues de plus de 50 élèves, ou parfois… totalement vides. C’est le cas de la majorité des écoles à ce stade, 70% affichent encore au moins une place disponible. A l’inverse, 10% sont d’ores et déjà archi-complètes. C’est majoritairement dans l’enseignement catholique, qui affiche le plus grand nombre d’implantations en Fédération Wallonie-Bruxelles, que les établissements prisés s’accumulent.
La situation est plus critique à Bruxelles, avec des listes d’attente dépassant les 50 noms dans près d’une école sur trois. C’est principalement le cas dans le réseau libre confessionnel. Parmi la cinquantaine d’écoles de l’enseignement catholique dans la capitale, une trentaine sont déjà surbookées, dont 24 avec la plus longue liste d’attente, de plus de 50 élèves.
Cette situation se répète, année après année. Les écoles ont toute une image dont il est difficile de se départir, qu’elle soit positive ou négative, qui entraîne avec elle le mouvement des inscriptions. Et crée des situations de tension, dans les écoles prisées, mais aussi des établissements boudés, parfois par l’ensemble des parents, pas seulement ceux visant les écoles mieux cotées.
Supprimer le critère socio-économique
Présente ce matin en radio sur La Première, la ministre de l’Education, Valérie Glatigny (MR), a dit vouloir travailler sur l’attractivité des écoles pour lutter contre ces déséquilibres. Un vaste chantier, dont il reste difficile de percevoir les contours ou les modalités pratiques.
La ministre a également évoqué la suppression du 8e critère, lié à l’indice socio-économique de l’école primaire fréquenté, qui devait permettre à des enfants de milieu moins favorisé d’accéder à des écoles plus prisées. Ce critère intervenait dans le calcul de l’indice composite, permettant de départager des élèves lors d’un trop plein d’inscriptions, mais privait certains élèves d’une école proche de leur domicile, en particulier dans le nord-ouest de Bruxelles.
Cette suppression proposée par Valérie Glatigny, validée en première lecture ce vendredi par le gouvernement de la FWB, s’accompagne de réactions mesurées des associations de parents. «Comme à chaque modification des éléments du décret inscription, cela engendrerait des gagnants et des perdants. Les familles moins favorisées, auparavant aidées par ce critère, auraient moins de moyens pour faire entendre leur voix. Mais cela répondrait à une demande de quelques parents qui n’ont plus accès à l’école de leur choix», reconnaît Bernard Hubien, secrétaire général de l’Union francophone des associations de parents de l’enseignement catholique (Ufapec).
Véronique de Thier, co-directrice de la Fapeo (Fédération des associations de parents de l’enseignement officiel), abonde. «Supprimer ce critère répond sans doute à un lobbying de certains parents, mais en privera d’autres d’écoles plus prisées. Il n’y avait pas encore assez de recul pour mesurer l’impact réel de cet ajout, aucune évaluation des effets n’a été menée. Nous attendons de voir le texte remanié par la ministre.»
Pour les parents, aller voir les écoles pour juger
Les deux représentants des associations de parents, sans remettre en cause les problèmes dans certains établissement scolaires, invitent à se faire une idée en visitant et en allant dans les écoles. «Certains parents ne regardent même pas certaines écoles, se basent sur des ouï-dire, alors qu’il faut aller visiter pour se faire une idée. Il ne faut pas non plus que les parents considèrent que parce que l’aîné se plaît dans un lieu, le plus jeune devrait aussi s’épanouir», explique Bernard Hubien.
«Il reste des écoles avec de chouettes projets pédagogiques. Je conseille parfois aussi aux parents d’aller juste voir la sortie de l’école, pour observer les jeunes. Le début de l’adolescence n’est pas toujours une période facile, observer comment ça se passe peut donner une bonne idée de l’ambiance scolaire. Et surtout, réfléchissez avec vos enfants. Ce sont souvent les parents qui choisissent, mais ce sont les enfants qui vont devoir y aller tous les jours», ajoute Véronique de Thier.
La popularité d’une école ne dit rien de l’épanouissement potentiel d’un élève et du projet pédagogique qui y est mené, insistent les deux interlocuteurs. Des exemples de refondations réussies sont aussi mises en avant, comme ces écoles ayant misées sur la pédagogie active, avec l’élève comme pilote de sa propre démarche éducative, avec à la clé une toute nouvelle image plus séduisante auprès d’un certain public. Et donc aussi des inscriptions reparties à la hausse.