jeudi, décembre 12

Le magnésium occupe quantitativement la quatrième place dans la liste des ions actifs dans l’organisme. Chargée électriquement, cette substance minérale intervient dans une kyrielle de processus biochimiques. De quoi faire chanceler corps et esprit en cas de carence.

Il n’existe ni bon moment ni bon endroit pour être victime d’une crampe musculaire. Mais quand une telle fulgurance se manifeste, elle semble toujours choisir les pires. Dans un embouteillage, dans une piscine, en finale du tournoi de Roland Garros. Ou juste chez soi, sous la couette, en phase de sommeil profond. Un mauvais moment à passer qui, s’il présente une tendance à la récidive régulière, trahit possiblement un manque de magnésium.

Magnésium, es-tu là ?

De nombreux autres paramètres corporels, comme la déshydratation, peuvent favoriser l’apparition de crampes. «Il est en réalité assez difficile de déceler et de déclarer avec certitude qu’une personne manque de magnésium, relaie l’AVIQ, l’Agence pour une Vie de Qualité de la Région wallonne. La manière la plus courante de le mesurer passe par une prise de sang, mais seul 1% du magnésium corporel se trouve dans le sang. Si le taux sérique (sa présence relative dans le sérum sanguin) se révèle faible, cela indique souvent une carence. En revanche, un taux normal n’exclut pas un déficit, car le corps maintient le niveau sérique stable grâce à des mécanismes d’homéostasie.» On retrouve le magnésium corporel dans le tissu osseux (67 % du magnésium total), dans les muscles (20 %) et dans les autres cellules (11 %). 

Si les manifestations physiques d’une hypomagnésémie (un manque de magnésium) varient d’un individu à l’autre, il demeure que les crampes figurent parmi les signaux classiques. Plus largement, c’est le système neurologique dans son ensemble et ses interactions avec les muscles qui accusent des défaillances. Spasmes, tremblements incontrôlés, convulsions, mouvements oculaires spontanés et autres fasciculations intempestives (contractions involontaires et non coordonnées des muscles moteurs) peuvent alors survenir. Un manque de magnésium peut aussi affecter le sommeil et occasionner des vertiges, générer ou amplifier un état de stress voire de dépression et entraîner des troubles comportementaux.

 

Les pistes brouillées qui permettent de déceler un manque de magnésium

Comme elle est le plus souvent causée par une alimentation qui manque d’équilibre et de variété, une carence en magnésium arrive rarement seule. Ses symptômes se mêlent alors à d’autres signaux, ce qui obstrue la voie vers un diagnostic limpide et certain. Un manque de magnésium peut en outre advenir sans que les symptômes évoqués plus haut se manifestent de façon flagrante. Il est d’ailleurs, selon une étude menée par des chercheurs de l’université de Liège, le plus souvent asymptomatique, ou s’exprime éventuellement par des signes «peu typiques» tels que des dérangements digestifs. C’est la conjonction de carences en autres minéraux (potassium, calcium, phosphore) qui met la plupart du temps sur la piste d’une hypomagnésémie. Ce flou clinique conduit le manque de magnésium à une reconnaissance rare, en dépit de son caractère répandu. Cette même étude identifie l’alcoolisme chronique comme principale cause de ce trouble de la santé, l’éthanol présent dans les boissons alcoolisées provoquant dénutrition et troubles de l’excrétion rénale.

Dans l’organisme, le magnésium, cation minéral flanqué d’une charge électrique doublement positive, occupe un poste à haute responsabilité: une étude détaille son rôle dans pratiquement tous les processus métaboliques et biochimiques majeurs au sein de la cellule. Quatrième ion du corps humain en quantité, acteur clé de l’influx nerveux – les signaux électriques qu’envoient les neurones –, il permet de bouger, de ressentir, de réfléchir… Le magnésium est nécessaire aux voies de signalisation, qui permettent aux cellules de répondre aux signaux hormonaux et nutritionnels, au stockage et au transfert d’énergie, au métabolisme du glucose, des lipides et des protéines, à la stabilité de l’ADN et de l’ARN (code génétique d’un individu), ainsi qu’à la mitose (mécanisme qui permet la synthèse et le renouvellement des cellules). En bref, le magnésium est un cofacteur essentiel dans de nombreuses fonctions physiologiques cruciales, ce qui explique son rôle fondamental pour le maintien de la santé globale du corps.

Assurer sa ration quotidienne de magnésium

Selon l’AVIQ, dans la majorité des cas, une alimentation saine et variée peut couvrir les besoins journaliers en magnésium par les légumes (surtout ceux à feuilles comme les épinards, le chou, les bettes…), l’eau, les céréales complètes (flocons d’avoine, quinoa, pain complet…), les protéines issues des légumineuses (lentilles, pois chiches…), le poisson, les produits laitiers, le chocolat (70 % de cacao minimum) ou encore les fruits à coques. À quantité constante de magnésium ingéré par le biais de l’alimentation, le taux de pénétration du cation effectivement assimilé – sa biodisponibilité – varie cependant d’une personne à l’autre et en fonction de l’environnement qu’il rencontre dans l’organisme. Ainsi, les nutriments et autres minéraux en présence, le degré d’acidité de l’estomac, l’absorption intestinale et la réabsorption rénale constituent tant de facteurs qui exercent une influence sur la présence corporelle finale effective du magnésium. Ces intrications multiples et variables compliquent l’établissement d’une ligne de conduite universellement conseillable qui irait au-delà de l’habituel message qui suggère d’équilibrer le contenu de son assiette. «Certaines personnes éprouvent des besoins supérieurs en magnésium, mais celles-ci représentent une minorité de la population, tranche l’AVIQ. Dans pareil cas, la prise d’un complément alimentaire peut se justifier, mais le dosage et les possibles incompatibilités médicamenteuses (qui réduiraient l’effet du complément alimentaire à néant) doivent faire l’objet d’un arbitrage professionnel nécessairement personnalisé.»

 

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