Cligner des yeux est un automatisme nécessaire pour les protéger de particules et les garder humides. Son apparition serait liée à l’émergence de la vie terrestre.
Il survient entre dix et vingt fois par minute et ne dure en moyenne que 0,15 seconde: le fait de cligner des yeux fait partie de ces automatismes auxquels on ne pense presque jamais. Il permet à la fois de les protéger de particules et de les garder humides, grâce aux larmes produites par les glandes lacrymales. «Composées de lipides (huile), d’eau et de mucus, elles sont réparties par le clignement des paupières et forment un film de plusieurs couches qui garde l’œil, en particulier la cornée, humide et lisse», indiquent les Hôpitaux universitaires de Genève.
Si la quasi-totalité des tétrapodes terrestres clignent des yeux (contrairement aux serpents, aux insectes et aux geckos, qui ne possèdent pas de paupières, mais bien une membrane protectrice), ce n’est pas le cas des poissons… à l’exception des oxudercinae, vivant en partie hors de l’eau. L’apparition du clignement des yeux correspondrait d’ailleurs précisément au moment où les poissons ont commencé à ramper hors de l’eau, il y a quatre cent millions d’années. Dans une étude parue en avril 2023 dans une revue de l’Académie nationale des sciences des Etats-Unis, des chercheurs ont pu prouver que l’origine du clignement des yeux chez les oxudercinae et, par extension, chez les tétrapodes, était bien liée à la vie terrestre. Ces poissons n’ont pas développé de nouveaux muscles ni de nouvelles glandes pour cligner des yeux: ils les ont toujours possédés.
Ne pas cligner des yeux serait néfaste pour la vue
Inconfort, rougeur, ulcère de la cornée, problèmes de vue… Ne pas cligner des yeux pendant trop longtemps s’avérerait néfaste pour ces derniers. Notamment dans le cas d’une lagophtalmie, une affection qui se traduit par une occlusion incomplète des paupières – survenant parfois exclusivement lors du sommeil.
La fréquence du clignement varie d’une personne à l’autre et selon les circonstances. «Si on lit, par exemple, le clignement peut diminuer pendant que l’on balaie les mots, renseigne l’Emotional Intelligence Academy, un centre de formation basé à Paris. Quand on écoute, notre fréquence de clignement peut ralentir ou s’arrêter, dans une certaine mesure. Lorsqu’on parle, on peut parfois constater une légère augmentation, car des anecdotes peuvent revenir à la mémoire de la personne. On peut alors remarquer une augmentation du clignement lorsque les gens se remémorent des souvenirs.»
Le stress peut également accélérer le clignement des yeux, contrairement à l’exposition aux écrans qui, elle, entraîne l’effet inverse. Ce ralentissement serait dû à l’effort de concentration que requièrent les informations affichées sur l’écran, raison pour laquelle de nombreuses personnes s’exposent à une fatigue oculaire numérique. Pour s’en prémunir, plusieurs experts recommandent de suivre la règle des 20-20-20: toutes les vingt minutes, il s’agit de faire une pause d’au moins vingt secondes et de tourner le regard vers un point qui se trouve à au moins six mètres.